Ƥҽíղs-Ɱօí

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"Un sanctuaire de paix ?"

J'entends le son de sa voix. Inquiète, douce. Je sens son touché, il me fait revenir à la réalité.

Mes paupières veulent s'ouvrir mais elles manquent cruellement de force.
Je dois me faire violence.

Obéit moi.

Mon corps est lourd. Aussi lourd qu'une charge bien trop importante à porter pour un seul homme.

Je flotte, nage, lévite dans un espace clos. Dénué de toutes choses. Humains, animaux, plantes. Seulement l'immaculée brillante.

Je l'entends

Ses extrémités sont chaudes. Je les sens sur ma joue, mon front. Il dégage des mèches de mes cheveux. Il souhaite être la première personne que je vois.

Mon réveil est propice à une nouvelle journée sans rires ni joie.

Mes paupières s'ouvrent, elles se mettent à battre. Ma vue est floue.

Où suis-je ?

Je ne connais pas cet endroit. Est-ce l'au-delà ? Es-tu mon ange ?

Mon ouïe revient. Les sons sont perceptibles.

Jimin.

J'entends mon prénom. Plusieurs fois. Ce prénom qui fait de moi l'être que je suis aujourd'hui. Mon identité, ma personnalité. Un résidu puant laissé à l'abandon sur un trottoir empestant l'urine. Un déchet.

Ma bouche est pâteuse, sèche. Je sens les sensations. Elles se déversent dans chacun de mes membres.

Je tourne la tête. Il est là. À côté de moi.

Ne me regarde pas.

Son inquiétude bouleverse mes entrailles. Il s'approche, ses yeux sont inquiets. Rempli de bonté.

Il me demande comment je me sens. Parle tout bas pour ne pas me brusquer.

Je tente de me relever de ce canapé sur lequel il m'a allongé. C'est chaud, confortable. Doux, ça lui ressemble.

Ma main se colle à mon front. J'ai le tournis. Comme une toupie qui ne cesse de tourner sur elle-même. Encore et encore jusqu'à l'infini.

Les odeurs se révèlent. Une odeur de fleurs. Je sens le thé. Je reconnais le jasmin.

Mes prunelles s'habituent à nouveau. Je découvre cet appartement.

Jungkook me dit d'y aller doucement. J'ai perdu connaissance pendant plusieurs heures.

L'odeur de bois est très présente, mais également la peinture, l'huile à bois. Je vois des tableaux, des statuts, des livres.

Je suis à présent assis. La sensation est étrange.

Les deux mains de Jungkook sont posées sur l'extrémité de mes genoux. Un sourire sur ses lèvres, il a cet air soulagé.

Je veux m'échapper. Ne plus être l'objet de sa pitié.

Mon corps, je te supplie de m'aider à m'en aller.

Mes lèvres tentent de sortir des sons. C'est difficile, la sensation d'être un nouveau né qui ne bénéficie pas encore de la parole.

Un besoin, une envie.

Je veux le remercier...

Qu'il me berce, qu'il m'enlace.

Non. Je suis abject, un épouvantail sans paille. Un tronc vide. Dévoré par les insectes. Aucune saveur, aucune odeur, aucune sève ne se dégage de mes écorces.

Si brève est ma vision.