"Toc Toc Toc"
Cinq jours sont passés. Cinq jours ou j'ai pu retourner dans mon atelier. Cinq jours où ma créativité m'a lâchement abandonné.
Couché sur le dos, les ronronnements d'Achille me servent de berceuse quotidienne. Sur mon ventre, le félin se repose.
La texture douce de son pelage boisé s'entremêlent entre mes doigts.
Je regarde le plafond. Dehors, la pluie ne cesse de tomber. Le ciel se couvre de cette teinte grisâtre. Le soleil est devenu timide ces derniers temps.
L'astre réchauffant nos cœurs et nos peaux à pris un congé.
Je pense qu'il l'a bien mérité.
J'observe les tâches brunes de mon plafond qui autrefois était certainement d'une blancheur éclatante.
Elles le rongent. Comme un cancer qui ne cesse de grandir en son corps. Elles se dessinent. Elles veulent être une œuvre.
Atroces, malfaisantes. Elles dévorent les particules de peinture jusqu'à prendre entièrement possession.
Une possession naissante, envahissante. Elles veulent emmener jusqu'à la mort.
Elles prennent forme, elles prennent vie même dans mon cœur.
Je les sens prendre possession de ma propre âme. Ce plafond me représente.
Comme la gangrène, elle ne fait que s'étendre encore et encore.
J'entends la pluie redoubler. Elle tape contre mon velux.
Il peut éclater à tout moment. Il prend les impacts sans se soucier que les fissures vont finir par le briser.
De toutes petites fissures invisibles qui finissent par céder.
Elles offrent le spectacle avant d'éclater en un milliard de morceaux.
Je baigne, je flotte en écoutant la douce mélodie de la pluie.
C'est ce moment que tu as attendu pour te présenter à moi.
J'ai forcé mon esprit à t'oublier, de ne pas y penser.
Ce bout de papier sur ma table de chevet vient de me torturer. Pourquoi l'ai-je gardé ?
Je repense à sa chevelure teinté de ce noir cruel. À la forme de ses veines qui couraient sur ses bras. À la force de ses mains. Cette mâchoire sculptée par le plus doué des artistes.
Je sens des vibrations, un engourdissement naître. Une sensation qui m'a échappé. Je suis incapable de l'expliquer.
Je me relève, Achille me fait savoir par un miaulement sévère qu'il n'a pas apprécié de perdre son oreiller.
Je lui souris.
Le félin me tourne le dos et part se mettre sur un fauteuil ou déjà les griffures de ses anciennes lamentations se révèlent sur le tissu.
Mes pieds nus rencontrent le sol. Je reste un instant assis au bord de mon lit.
Je pense.
J'ai besoin d'extérioriser mon souvenir. Comme un pêché trop lourd à porter. Je dois confesser ma faute.
Je me dirige vers une toile neutre. Elle est vierge de toutes traces. Aucune imperfection, aucune histoire.
Je trace du bout des doigts des lignes invisibles. Mes yeux se ferment pour mieux imaginer tes traits.
J'effleure la toile.
Douce, fragile.
Je sens sa texture sous mon épiderme.
Je frissonne.
Je continue. Ton visage apparaît.
J'ai imprimé malgré moi chaque détail de ton apparence. Chaque vibrations que tu dégages.
Les ondulations de ta voix.
Chaude, bienveillante.
La douceur d'un papillon qui réchauffe ses ailes une belle journée d'été.
Les couleurs explosent, elles virevoltent avec la douceur de la brise.
Je tâtonne le sol pour trouver un simple crayon de bois.
Je ne veux pas perdre cette connexion entre ma muse et moi.
Elle m'apparaît comme une évidence. Me touche de sa grâce. De cette créatrice va naître une œuvre bénie.
Je suis son esclave, elle me manipule comme une marionnette.
Je suis désormais, accroché aux files de sa créativité.
Elle me l'offre.
Les premières lignes se dessinent au bout de mes doigts squelettiques.
Doucement, prudemment.
Les yeux clos, je les tracent sans difficulté.
Je te vois Jungkook.
Que suis-je en train de faire ?
Ma transe est de courte durée. Trois coups sur ma porte m'obligent à m'extraire de mon monde.
Surpris, mon visage se tord dans une moue contrariée.
Sans regarder le début de mon œuvre jeter sur la toile, je me dirige vers ma porte d'entrée sur la pointe des pieds.
Mon esquisse reste paralysée sur le papier.
Achille la truffe aux aguets, me suit. Il lâche des miaulements qui peuvent trahir ma présence.
Je lui fait signe de se taire, mais le félin n'en fait qu'à sa tête et refuse de m'obéir.
J'esquive la planche de mon parquet qui a tendance à s'affaisser sur mon passage.
J'ai l'impression d'être une ballerine qui donne sa première représentation.
Un petit pas de côté, et puis un autre.
J'entame mon ballet de discrétion.
Comme une souris prise au piège dans sa propre demeure.
Les coups retentissent à nouveau.
Je me fige et lâche un soupir de surprise.
Je reste prostré telle une vieille statue abandonnée dans un vieux musée.
Recouverte de poussière, de toile d'araignées car personne ne prend soin de sa beauté. De sa représentation. Elle n'intéresse ni le monde, ni la vie.
À jamais gravé dans le granit pour l'éternité.
Je reprends mon souffle pour me calmer. Mon cœur est sur le point d'éclater.
Tu peux le faire Jimin.
Je me donne mon propre courage et reprends ma course.
Je m'approche de ma porte les mains tendues vers elle comme si elle était mon salut après avoir traversé un pont sous un nid de flammes.
Le judas est mon unique option.
Mon cœur se fige, je la vois.
Cette masse noire de cheveux.
Mon papillon.
Jungkook.
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Ƥҽíղs-Ɱօí
FanficPark Jimin est un jeune artiste peintre sans le sous. Vivant de petits travaux manuels au gré de son envie. Son univers ? Il le peint. Mettre sur toile son avenir et ses rêves les plus secrets. Habillant de ses plus belles couleurs sa vie et son fut...