Dans l'Ombre du Podium

Chapitre 8

Amy

Wyatt me regarde droit dans les yeux. Il lit le choc sur mon visage. Avec douceur, il appose sa main sur ma joue.

— Qui y a-t-il ?

— Je... Je dois partir.

Je me lève brusquement en le repoussant sur sa chaise. L'homme reste là, à m'observer, les bras ballants. J'enfile mon manteau, avec l'intention de quitter cette chambre le plus rapidement possible. J'aurais dû me douter que ça finirait ainsi... À présent à mes côtés, Wyatt me prend la main, mais je la rejette immédiatement.

— Ne me touchez plus, j'annonce avec hargne. Nous sommes déjà allés bien trop loin...

Le jeune homme fronce les sourcils. Ma réponse ne lui plait pas.

— Je ne comprends pas. Il y a un instant, vous aussi, vous souhaitiez m'embrasser.

— Et c'était une grossière erreur de ma part.

Mes paroles semblent l'atteindre. Il recule d'un pas, puis se dirige vers la porte par laquelle il m'avait accueilli quelques minutes auparavant. Pour la première fois, je le vois de dos, recouvert d'un phénix majestueux déployant ses ailes. Je ne m'attendais pas à une telle pièce, alors que le reste de son corps est à nu. À nouveau, Wyatt me fait face, me faisant signe de partir, la porte grande ouverte. Ses yeux sont rougis par l'émotion, mais il ne laisse échapper aucune larme.

— Alors, partez, puisque je suis une erreur à vos yeux.

Il détourne le regard. Il parait déçu et touché. Peu importe ce qu'il ressent, mon travail est la chose la plus importante pour moi. Je prends la fuite, sans me retourner, en me demandant comment j'ai pu en arriver là. Pourquoi je ressens une telle sensation lorsqu'il est près de moi ? Et pourquoi je me laisse avoir de cette façon ? Jamais cela ne m'était arrivé... Je passe pour une avocate faible, qui séduit ces clients. Ma carrière risque d'en prendre un coup. Je vais devoir rectifier le tir...

Les semaines sont passées depuis notre rapprochement après le Grand Prix du Canada et je n'ai reçu aucune nouvelle de Wyatt. Montgomery est un homme avec beaucoup d'égo, que j'ai surement blessé en le repoussant de cette manière. Pourtant, aujourd'hui, le week-end du grand-prix d'Italie commence. Je redoute de le revoir, mais pour la suite de l'affaire, il est important que je le rencontre une fois encore. L'enquêteur de police judiciaire veut à tout prix réaliser une reconstitution après le Grand Prix d'Italie. Je suis obligée d'intervenir. Je dois informer Wyatt des risques de cette reconstitution et de l'importance qu'elle représente. À force de réfléchir, j'en oublie presque de sortir mon PASS me permettant de passer les portiques donnant sur le circuit. Cette fois-ci, le temps est au beau fixe, avec une chaleur écrasante et un radieux ciel bleu. J'évite les fans ainsi que les journalistes afin de me rendre au paddock de l'écurie. Pour ne pas arriver sans savoir quoi lui dire, j'ai envoyé un message à Wyatt pour l'informer de ma présence à ce grand-prix. Mais comme je le pressentais, aucune réponse de sa part. Bon sang, qu'est-ce qu'il peut être agaçant quand il s'y met. Lorsque j'arrive dans la voix des stands, j'aperçois Jim aux côtés d'autres techniciens autour d'une des monoplaces. Il me salue avec un grand sourire.

— Bonjour Jim ! Savez-vous où se trouve Wyatt ? Je n'ai pas de nouvelles.

— Oh ! Pour une fois que vous l'appelez par son prénom, ça me fait bizarre de l'entendre.

Je suis surprise quand, moi aussi, je réalise que j'ai appelé par son prénom spontanément. Wyatt, mon prénom, c'est Wyatt. Ses paroles résonnent dans ma tête et des flashs de cette soirée me reviennent, mais je n'y prête pas attention.