Chapitre 10

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Amy

Newcastle, Angleterre

Après quelques heures d'avion et de taxi, nous sommes enfin arrivés à Newcastle. Ma valise en main, je me retrouve devant une immense maison, si luxueuse qu'on croirait rêver. Sa façade blanche illuminée par de larges lanternes me laisse sans voix. En baissant les yeux vers le porche, je remarque Wyatt qui m'attend au pied de la porte aux côtés d'une domestique. Le porche est si grand qu'il fait presque la taille... De mon salon à New York.

— Vous allez rester planter là toute la soirée ?

Son grain de voix si particulier me sort de mes pensées. Je lui emboite le pas, en ayant hâte de découvrir ce qui se trouve à l'intérieur.

— Dites-moi, je ne savais pas que ça gagnait autant un pilote de Formule 1.

La domestique me lance un large sourire et me fait signe de lui laisser mes affaires. Je m'exécute en admirant le hall d'entrée surplombé d'un lustre en diamant. Du moins... On dirait que ce sont des diamants.

— Vous savez, ça n'a pas toujours été le cas.

Cette phrase pourtant si anodine résonne en moi. Ça n'a pas toujours été le cas ? Pourtant, c'est un sport qui demande énormément d'argent. Soudainement, je me souviens des paroles d'Hannah. Elle n'avait absolument rien trouvé sur la jeunesse Wyatt, aucun article, rien. Je suis venue ici pour mieux le connaitre. Alors, plus curieuse que jamais, je lui pose la question.

— C'est-à-dire ? Vous avez rencontré des difficultés quand vous étiez plus jeune.

Je le suis à la trace dans cette gigantesque demeure. Le jeune pilote se dirige vers la cuisine, décorée entièrement dans un style cottage américain. Le plan de travail est en marbre et le reste des meubles est peint d'un blanc immaculé. Nous sommes loin de la décoration à l'anglaise que j'avais pu imaginer.

— Vous êtes toujours aussi curieuse. C'est tout autant un défaut qu'une qualité.

— Et vous, vous êtes toujours aussi secret avec moi. Malgré les hauts et les bas, on se connait bien maintenant. Je vous vois davantage que ma propre famille, vous savez.

— Je le sais... C'est juste que c'est une période difficile de ma vie. En vérité, je n'en suis pas fière.

J'en mets ma main à couper que lui et la victime se connaissaient bien avant le meurtre. Sur les images de caméra de surveillance, les deux hommes semblaient bien plus proches que de simples connaissances.

— Je suis votre avocate. Tout ce que vous me dites restera ici.

Wyatt se serre un verre de whisky alors que la pluie se met à tomber à l'extérieur. Il ne me demande pas si j'en souhaite un. De mon point de vue, on dirait que ce verre est là pour l'aider à se décontracter.

— J'ai toujours voulu rentrer en Formule 1, mais ma mère n'avait pas d'argent pour financer ma carrière. Les petits boulots que je faisais ne payaient pas assez bien et je dépensais absolument tout dans mon sport. Évidemment, ç'a créé un climat de tension à la maison.

Le regard fuyant, Wyatt fait une pause dans son récit. Sentant que la suite va devenir plus sérieuse, je m'installe en face de lui autour du plan de travail en marbre.

— J'étais encore jeune, et c'est à ce moment-là que j'ai rencontré William.

William Bradford... La fameuse victime.

— Alors vous le connaissiez ?

— Ne faites pas comme si vous étiez choquée. Vous le saviez déjà.

Dans l'Ombre du PodiumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant