Chapitre 20

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Angel et moi sommes dans notre local, comme tous les jours. Je suis debout, adossé contre le mur, ses bras sont autour de mon cou et ses lèvres écrasent les miennes. L'ambiance est bien plus électrique que d'habitude. Je soulève ses jambes et me retourne pour que ce soit lui qui soit contre le mur. Sa tête est maintenant au-dessus de la mienne et il croise ses jambes derrière mon dos, comme au bal. Je ne sais plus comment on en est arrivé là et, à vrai dire, je n'en ai rien à foutre. Il me mord la lèvre et réveille quelque chose qui dormait depuis quelque temps. L'excitation. Je le sens sourire contre ma bouche, il sait exactement ce qu'il fait. Je rentre dans la danse et frotte mon bassin contre le sien. Il rejette sa tête en arrière, me laissant, par la même occasion, le champ libre sur son cou. J'y plonge instantanément ma tête et m'attaque à la peau pâle s'y trouvant. Il est pris par surprise et essaie d'abord de me repousser, mais finit finalement par se laisser faire. Je le sens se durcir contre moi et il doit probablement sentir la même chose. Je relève la tête et rencontre son regard brûlant, me demandant d'aller plus loin. Il se penche à mon oreille et me murmure une très courte phrase.

- Je t'aime.


Je me réveille en sursaut dans mon lit. J'ai chaud, très chaud et je suis trempé de sueur. Je m'assois, l'esprit embrouillé. Je passe mes mains sur mon visage et rabats mes cheveux en arrière. Je fixe la pénombre autour de moi. Ce n'était qu'un rêve. POURQUOI JE FAIS DES RÊVES COMME ÇA, BORDEL ?! Je me laisse tomber sur le dos en espérant me rendormir. Mais il y a un détail qui m'en empêche. Et le détail en question n'est pas petit, sans vouloir me vanter.


Je me lève donc et part vers la salle de bain pour me soulager. Lorsque je reviens, je me laisse de nouveau tomber sur mon lit et m'endors pour de bon. J'ai l'impression que cinq secondes passent avant d'entendre mon réveil sonner. Ça fait des années qu'il me pète les couilles alors, toujours les yeux fermés, je prends l'objet et le lance à travers la pièce, ce qui a, étonnamment, le don de l'éteindre. Ma mère va me tuer, mais ça en valait la peine.


Une fois au lycée, je me dirige machinalement vers la petite pièce. J'hésite à y entrer car, malgré ce que nous y faisons, la mise en scène créée par mon esprit la nuit dernière allait plus loin que tout ça. J'entre finalement et essaie d'avoir un comportement à la limite de la norme. Je trouve le jeune homme assis par terre, adossé contre le mur, avec un bouquin, pour changer. Il me voit et le range dans son sac. Il a délaissé son pull à côté de lui pour rester en T-shirt.

- T'as que des T-shirts comme ça ? je demande en désignant le vêtement blanc.

- Oh, ça ? Oui, globalement. J'ai pas un grand sens de la mode.

- Ça te dirait qu'on sorte après les cours ?


Il semble surpris par ma demande. C'est vrai que nos rapprochements n'avaient jamais évolué en dehors du lycée. Il semble réfléchir et finit par répondre :

- Je peux pas, mon père va pas vouloir...

- Tu veux pas essayer de lui demander ?

- C'est peine perdue.

- Dommage...


Je pose mon sac par terre et m'assois à ses côtés. Ce quotidien est répétitif, mais je ne m'en lasse absolument pas. Je suis un peu raide et il le remarque rapidement.

- Ethan, tu ressembles à un bâton, t'es tout crispé.

- Ah ouais ?

- Détends toi ! T'as peur que je te mange ou quoi ?

- Mais je suis pas tendu, je mens.

- Aha.


Il se met à califourchon sur moi et j'ai comme une impression de déjà vu. Il appuie sur mes épaules crispées.

- Donc, ça, c'est détendu, selon toi ?

- Ouais, non, je suis tendu, je suis un bâton, voilà. T'es content ?

- Et je peux en connaître la raison ?

- Non.

- Donc ça me concerne, et pas qu'un peu. Crache le morceau.


Je choisis de me taire. Il soupire et prend ma tête d'une main.

- Comme tu es un être humain assez prévisible et qui n'assume rien, je dirais que tu as fait une connerie, genre casser un truc à moi, ou alors tu as imaginé ou rêvé de trucs à limite voir très érotiques me concernant. J'ai bon, ou pas ?


... Pourquoi, Diable, est-ce que je suis si prévisible ?! Non mais, il est pas sensé le deviner en trois minutes ! En plus, mon absence de réponse lui crée un sourire jusqu'aux oreilles.

- T'as aucun objet à moi, donc tu as... Oooh, je te pensais pas comme ça ! dit-il en s'esclaffant. Raconte, raconte. J'étais comment ?

- Non mais, mêle toi de tes fesses.

- En parlant de ça, t'y as touché ?

- Mais non ! Oh, et puis tais toi !

- C'est fou comme t'assumes pas !

- Genre, t'as jamais fait de rêve comme ça.

- Ah si, si. En fait, le dernier était avec toi. On est pas allé jusqu'au bout, mais t'as quand même mis tes doigts dans-


Je colle ma main sur sa bouche pour le faire taire. Assumer, c'est bien mais il a aucune limite ce gars ! Entre ça, lui à califourchon sur moi et le rêve d'hier, je commence à avoir chaud, en plus. Je retire ma main, dévoilant son immense sourire face à ma gêne.

- Oooh, t'es tout rouge.

- Mais tu t'es entendu parler ?!

- Ouais. Mais j'avais pas fini de raconter, si tu veux, je-

- Ça va très bien comme ça ! je réponds rapidement en mettant mon visage dans mes mains.


Ça commence à faire beaucoup. J'essaie de me calmer, mais je n'y arrive pas. En plus, ce crétin de blond gigote sur moi en tirant sur mes mains. Il réussit finalement à les retirer de ma tête et les poses sur ses hanches. Mais il cherche quoi, au juste ? Il me jette un regard amusé et se met à remuer sur moi. Ah non, il faut qu'il arrête, sinon...

- Wow, c'est moi qui ait provoqué ça ? demande-t-il en désignant l'irrégularité au niveau de mon pantalon.


Fait chier.

A Shitty New YearOù les histoires vivent. Découvrez maintenant