A Shitty New Year

Chapitre 29

Je passe mon dimanche à me demander pourquoi il est parti pendant que je dormais. J'ai bien essayé de lui envoyer un message, mais il ne répond pas. Il aurait pu rester plus tard, ne serait-ce que pour éviter son père, à moins que ce dernier ne lui ai dit de rentrer immédiatement. Bref, je suis inquiet et stressé pour celui qui est depuis hier mon petit ami. Ça fait bizarre.

Le lendemain, je suis réveillé par mon téléphone parce que le cadavre de mon réveil traîne toujours au pied du mur. Je me lève rapidement et m'habille aussi vite que possible, persuadé à tort que si je me dépêche, le bus sera en avance et que je pourrai vérifier que le blond va bien. Je m'élance sur la rambarde et me dirige vers la porte quand je reçois un chausson en pleine tête. Je frotte mon crâne endolori et me tourne vers la seule personne avec qui je vis, à savoir ma mère.

- Ethan Philippe Édouard Roussin, tu ramènes tes fesses à cette table et tu manges avant de partir.

- Maman, je vais être en-

- Tu as dix minutes d'avance par rapport à d'habitude, tu viens et tu manges. Ce n'est pas une question.

- D'accord...

Je vais m'assoir sur une chaise et avale rapidement un bol de céréales avant de partir de la maison. Quand j'arrive à un l'arrêt de bus, je me rends compte que venir en avance était bête puisque le car passe à l'heure. J'arrive donc au lycée à la même heure que d'habitude. Je cherche Angel du regard, toisant chaque recoin du couloir dans lequel je passe. Je croise les doigts pour qu'il soit dans notre local et je pousse la porte. Je ne le vois pas. Je m'apprête à tourner les talons quand un bruit tout au fond se fait entendre. Je me dirige vers la source et tombe sur celui que je cherchais, des écouteurs dans les oreilles, ramassant un seau tombé. Il a un pansement au niveau de sa coupure et porte son sweat, comme d'habitude. Je distingue des irrégularités sur sa peau, signe qu'il a maquillé ses bleus. Toutes ces petites paroles en l'air prennent du sens maintenant... Je m'en veux de ne pas avoir remarqué plus tôt.

- Hey, je dis.

- Salut.

- Ça va ?

- Oui.

- Tu répondais pas par message, alors je m'inquiétais.

- Oh, mon portable n'avait plus de batterie, c'est tout.

Je fixe le jeune homme sans parvenir à savoir s'il ment ou non. Je m'assois à côté de lui et me décide a lui poser la question.

- Pourquoi t'es parti ?

- Je me sentais pas très bien et je préférais rentrer avant que mon père ne soit réveillé.

- Si t'étais malade, on aurait pu-

- C'était pas ça Ethan. C'est pas la peine de t'en soucier, me répond-t-il avant de détourner la tête pour regarder à la petite fenêtre.

Mon regard ne quitte pas son visage, en quête de plus d'explications. Après quelques minutes de silence, il se tourne se nouveau vers moi avant de trifouiller dans son sac.

- Je t'avais emprunté une paire de sandales pour pas rentrer pieds nus, dit-il en me les tendant.

Alors, c'est tout ? Il ne compte pas me donner d'explications ? Je prends la paire de chaussures et la range dans mon sac. Je m'installe finalement à côté de lui. Il pose ses mains sur sa nuque et baisse la tête pour regarder le sol. L'ambiance dans la pièce est très tendue, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Il y a une certaine gêne entre nous qui n'était pas présente, même lors de son arrivée chez moi.

- T'es sûr que ça va ?

- Oui, Ethan, je pourrais sauter au plafond tellement je me sens bien, dit-il de manière sarcastique.

- Sans déconner, qu'est-ce qu'il y a ?

- Je vis avec mon père, voilà ce qu'il y a.

- Mais y a autre chose, non ? T'étais pas comme ça hier...

- T'as remarqué ?

- Bah oui, je suis pas idiot non plus.

- Bah si. C'est ça le problème Ethan. T'es idiot et tu vois rien. Tu ne sais pas interpréter les paroles des gens, voir ce qu'il y a derrière.

- Oui, bah, désolé de ne pas avoir ce talent que tu as.

- C'est pas un talent, c'est du bon sens.

- Mais qu'est-ce que j'ai fait ?

- Tu cherches à satisfaire tes intérêts, ce que je comprends parfaitement. Mais tu le fais sans prendre en considération le fait que ça peut blesser ceux qui n'ont pas les mêmes que toi.

- De quoi tu parles ?

Face à ma énième question, le blond me regarde avec un air déçu dans les yeux, la même lueur que j'ai cru y apercevoir hier soir s'y trouvant. Il se lève lentement avant de s'accroupir devant moi. Ses mains se posent sur mes genoux et il demande :

- Tu ne vois vraiment pas ?

- Non... T'es bizarre depuis hier s- C'est parce qu'on s'est mis ensemble que t'es comme ça ?

- Non, enfin si, mais non... C'est compliqué.

- Qu'est-ce qui est compliqué ? Dis-moi !

- Ethan. Ça paraît facile comme ça, mais ça ne l'est pas. Il y a des choses qui nécessitent du courage pour être dites et je n'en ai pas suffisamment. Donc arrête de poser des questions.

- Mais c'était ton idée, pourquoi ça te va pas ?

- Écoute, j'aime être avec toi. C'est pas ça qui me gêne.

Ah, il m'embrouille. Je réfléchis à ce qu'il a dit plus tôt et essaie de formuler une question.

- C'est parce que mes intérêts divergent des tiens ?

Il se lève, sans se rasseoir cette fois-ci. Il ramasse son sac et se tourne vers moi.

- J'espérais que tu acceptes. Mais je ne voulais pas que ce soit pour ça.

Je le fixe, attendant un indice sur les motivations de sa proposition de la veille. Il lâche un gros soupire avant de se diriger vers la porte.

- Et même là, tu ne comprends pas, dit-il en ouvrant la porte avant de la refermer derrière lui.

Mon regard ne se détache pas de la surface rectangulaire qui est maintenant immobile. Mais c'est quoi son problème ? Il a proposé, j'ai dit oui ! Qu'est-ce qu'il veut de plus ? Il m'énerve des fois ! Mon courant de pensée est interrompu par le bruit de la sonnerie qui retentit. Je sors du local au pas de course pour rejoindre ma salle de cours, bien décidé à mettre au clair les volontés compliquées d'Angel au plus vite. Je réfléchis à un moyen de m'aider pour traduire ses paroles et une personne me vient à l'esprit. Je sors mon téléphone de mon sac et envoie à Rachel en montant les escaliers : "Rdv récré casié". J'ai sûrement fait une ou deux fautes, mais elle a l'habitude, j'écris comme un pied.