le grattement

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Une petite distorsion de la réalité peut vous faire perdre complètement les pédales.

N'avez vous jamais expérimenté ce sentiment étrange lorsqu'une situation tout à fait banale se transforme soudain en une remise en question de ce qu'est le réel ?

Je vous donne un exemple.
Je suis à demi ensommeillé dans mon lit, la chaleur rassurante de la couverture sur mon corps détendu.

J'entends alors un léger grattement.
Il fait totalement noir, ainsi mon ouïe seule détecte cette anomalie.
Mais difficile de l'identifier.
Est ce que cela provient de mon rêve ?
Pourtant je suis éveillé, ou du moins j'en ai l'impression.
Le grattement se rapproche.
Ou bien il se fait plus clair, mais au même endroit semble-t-il :
Le mur derrière mon lit.
Ou bien au plafond.
Oui c'est bien au-dessus de ma tête, le plafond produit un grattement.
Je suis dorénavant tout à fait éveillé, tétanisé.

Mon cerveau m'ordonne de glisser ma main vers l'interrupteur de la lampe de chevet mais mon corps refuse.
Que se passera-t-il lorsque la lumière va illuminer la pièce?
Une affreuse bête organique et décharnée va-t-elle surgir d'un interstice qu'elle a creusé à travers le plafond pour me dévorer vivant?
Au fond je sais bien que tout ceci n'est qu'une histoire que j'invente à mes dépends, mais dans l'immédiat il m'est difficile de le rationaliser.
Les secondes passent.
Le bruit s'arrête.
Puis reprend.
Avec une régularité qui finalement me rassure presque.

M'armant de courage, je réussi enfin à allumer la lampe.
Et la chambre redevient tout à fait normale, si ce n'est le grattement occasionnel.
Luttant pour garder les yeux ouverts,
je ne tiens pas bien longtemps et me réveille au petit matin avec la lumière encore allumée.

Cette nuit-là, du haut de mes six ans, dans la chambre de notre nouvelle maison, j'ai découvert que les monstres sortent de leur cachette lorsque les petits garçons dorment paisiblement.

Parce que les monstres aiment jouer à nous faire peur.
Mais il est bien rare que l'un d'entre nous finisse dévoré tout cru...

** Un gros orage a éclaté tout à l'heure,
un loir s'est réfugié dans le faux-plafond au-dessus de ma chambre.
Le petit bruit de ses pattes sur le placo m'a rappelé ce souvenir d'enfance, ne pouvant affirmer encore aujourd'hui avec certitude une explication rationnelle ou surnaturelle cette nuit-là.


Lutsh Barraka


Sans Queue Ni Tête Où les histoires vivent. Découvrez maintenant