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- Gabrielle !

Le cri qui résonne dans le jardin me fait soupirer et je relève mes jupes un peu plus. Je suis perchée dans un grand arbre, bien à l’abris des regards et hors de portée d’un quelconque domestique. Encore une fois je me suis échappée de la pression que mes parents veulent m’imposer.
J’appuie ma tête contre le tronc de mon arbre et ferme les yeux en entendant crier à nouveau mon nom.

- Princesse Gabrielle ! Ne m’obligez pas à couper tous les arbres du palais pour vous retrouver !

Je jette un œil en bas, et découvre ma gouvernante presque au pied de ma cachette. Cette femme je la déteste, elle est si sévère pour pas grand-chose, et depuis que je suis petite, elle ne fait que renvoyer mes domestiques lorsqu’ils échouent la moindre tâche.

Elle m’a toujours effrayée avec son regard perçant dissimulé derrière une étroite monture, son nez fin et pointu et sa bouche toujours pincée.  Elle donne cet air constamment aigri, sans parler de sa posture. Toujours droite comme un piquet. J’ai pu en passer des heures de bonne tenue avec elle. Quelle horreur.

- Vous savez que vos parents veulent vous marier bientôt alors cessez de faire fuir tous vos prétendants.

Je grimace à ses mots, puis je saute agilement de ma branche pour me planter face à elle.

- Est-ce que selon vous j’ai l’air d’avoir envie de me marier ?

Je pose mes poings sur mes hanches et la dévisage, d’un air désinvolte. Elle soupire et replace ses lunettes sur l’arête de son nez.

- Vous savez bien qu’il s’agit d’une volonté dont vous n’avez pas le choix.

Le vent vole dans les mèches aux reflets roux qui s’échappent de ma tresse. Même lui proteste ce choix injuste.

- Je ferai fuir quiconque qui tentera de me prendre pour acquise.

- Et je continuerai de renvoyer vos suivantes incapables de vous tenir en place.

- Ce n’est pas leur rôle ! Elles sont seulement censées m’aider au quotidien pour des tâches que je ne peux pas effectuer seule.

- Je ne débattrai pas avec vous, princesse. Vous devriez aller vous préparer, n’oubliez pas que le bal masqué en honneur de l’anniversaire du Roi a lieu ce soir. Il y aura plusieurs princes divers alors tâchez de faire bonne figure.

Je remonte mes robes et ma gouvernante me fait les gros yeux quand elle aperçoit mes mollets et mes pieds nus.

- Princesse, ayez un peu de pudeur, voyons !

Je la nargue en lui renvoyant un grand sourire puis je tourne les talons vers le palais.

Le jardin du palais est très luxuriant, avec plein de jolies fleurs à sentir. Y a des chemins tout beaux en marbre blanc qui mènent à des coins pleins de statues figées, comme si elles étaient prises en photo. Les fontaines crachent de l’eau claire partout, arrosant les fleurs colorées et les buissons bien taillés. Les haies épaisses séparent les endroits, créant des coins secrets parfaits. Les arbres énormes font de l’ombre et on peut entendre les jardiniers qui travaillent dans les serres et les potagers. C’est un endroit chic mais aussi bien vivant.

En chemin je croise quelques servantes qui me sourient timidement alors que je leur adresse un signe de la main. Elles sont trop mignonnes mais je trouve tout de même qu’elles sont un peu trop prudes.
Parfois j’aimerai ne pas être la princesse héritière, devoir subir toutes sortes de lois et de consignes, et juste pouvoir être moi-même. Je suis épuisée de devoir jouer le rôle de la personne parfaite que je ne suis pas.

Le secret de la princesse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant