{Chapitre_9}

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Pendant ces cinq années qui s'étaient inexorablement écoulées, Kiné guettait avec une impatience fébrile et une attention de tous les instants le moindre signe annonciateur de son cycle menstruel, traquant avec une rigueur méticuleuse le moment précis où son organisme lui offrira cette opportunité tant espérée. Elle nourrissait secrètement l'espoir que cette synchronisation minutieuse permettrait enfin à elle et à Alioune de concevoir naturellement un enfant, réalisant ainsi leur rêve le plus cher. Mais le destin semblait s'acharner cruellement contre eux, car les deux tentatives de procréation médicalement assistée qu'ils avaient entreprises s'étaient soldées par des échecs cuisants, comparables à de véritables rêves brisés en plein vol. Kiné se sentait alors profondément désemparée, incapable d'imaginer l'ampleur du bouleversement qui s'opérerait chez Alioune à la suite de cette dernière déconvenue.

Les nuits, Kiné se retournait sans relâche dans leur lit conjugal, scrutant désespérément les ténèbres environnantes à la recherche de réponses.

Pourquoi son mari, autrefois si passionné et attentionné, évitait-il désormais avec obstination toute forme d'intimité ?

Pourquoi cette distance grandissante entre eux, comme un abîme sans fond, se creuse inexorablement ?

Elle se demandait amèrement si elle n'était pas la cause première de ce malheur, si son corps défaillant n'était pas le responsable de leur infortune. Elle se sentait trahie par sa propre physiologie, comme si ses organes s'étaient ligués contre elle dans une conspiration cruelle.

Quant à Alioune, il semblait revêtir un masque d'indifférence imperturbable, arborant une façade impénétrable. Chaque matin, il se levait avec application, enfilait son élégant costume de travail et partait vaquer à ses occupations professionnelles comme si de rien n'était. Mais Kiné avait remarqué ce subtil changement dans son regard, ce voile d'inquiétude qui semblait désormais obscurcir ses yeux. Elle devait absolument en discuter avec sa belle-mère, lui révéler les changements préoccupants qui s'étaient opérés dans le comportement de son fils. Elle ne pouvait plus tolérer cette situation déplorable qui perdurait. Après tout, Alioune était son enfant, et il était grand temps qu'il assume pleinement ses responsabilités.

Assise sur le bord du lit conjugal, Kiné observait avec une profonde mélancolie la silhouette de Alioune tourner le dos, indifférent à sa présence. Cette distance qui s'était progressivement installée entre eux la tourmentait jour après jour, comme un poison insidieux gagnant du terrain. Cela faisait maintenant cinq années qu'ils s'étaient unis par les liens sacrés du mariage, et pourtant, leur relation semblait s'être figée dans une routine morne, dénuée de toute passion.

Autrefois, leurs étreintes étaient empreintes d'une fougue inextinguible, leurs regards brûlants de désir. Mais désormais, Alioune évitait avec obstination toute forme d'intimité, comme s'il cherchait à se soustraire à ses avances. Kiné se sentait rejetée, incomprise, trahie par cet homme qu'elle aimait pourtant de tout son être.

"Pourquoi m'ignores-tu ainsi ? N'as-tu donc pas conscience que nous avons besoin l'un de l'autre, surtout en cette période cruciale où nous espérons concevoir notre enfant bien-aimé ?" murmura-t-elle d'une voix tremblante, le cœur meurtri par ce constat d'échec.

Alioune poussa un long soupir d'exaspération avant de se tourner vers elle. "Veux-tu donc me forcer à te donner une attention que je ne suis pas en mesure de t'offrir ? Je suis épuisé, Kiné, et j'ai besoin de repos. Ne peux-tu pas simplement me laisser tranquille ?"

Les mots de Alioune s'abattirent sur elle comme autant de coups de poignard, ravivant la blessure béante qui altérait son âme. Elle se mordit violemment la lèvre inférieure pour retenir les sanglots qui menaçaient de s'échapper, refusant de montrer sa faiblesse face à son époux distant.

Mariée Au Président Où les histoires vivent. Découvrez maintenant