Vaincre nos démons

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PDV de Gabriel: Je commençais petit à petit à réussir à l'oublier, à oublier son prénom, à oublier son odeur, à oublier sa voix. Je me forçais de le faire, pour le bien de nos partis mais aussi pour le notre. Malgré tous mes efforts, peut importe la manière dont j'essayais de l'oublier, mon cœur me faisait reculer en arrière, me faisant souffrir de plus en plus chaque jour. La fatigue est une chose mais la fatigue amoureuse en est une autre. C'était une spirale infernale qui me faisait tourner en rond comme un idiot.

Aujourd'hui a lieu un débat très important à Matignon, au départ, tout commençait plutôt bien, j'étais en tête, jusqu'à ce que je croise un regard malheureusement un peu trop familier. Les mots m'ont manqués et j'ai malheureusement perdu ce débat. Néanmoins, ce qui m'énervait davantage, ce n'était pas le fait d'avoir perdu ce débat, mais plutôt le fait de n'avoir toujours pas réussi à oublier son visage et ses cheveux bien plaqués vers l'arrière. Il me rendait dingue et sa présence n'arrangeait définitivement pas les choses. Avant qu'il ne puisse partir, je lui avait dit des choses dont je ne pensais même pas une seconde, le voir brisé m'a rendu au bord des larmes.

Lorsqu'il est finalement partit, j'ai éclaté en sanglots, laissant tout mon chagrin s'évader. Ça n'a duré que quelques secondes avant que je n'aperçoive la silhouette sombre et cruel de mon pire cauchemar. Il s'approcha lentement de moi, beaucoup trop lentement, il aimait laisser le suspense durer, ou plutôt, il aimait me voir souffrir. Arrivé à côté de moi, il posa sa main sur mon épaule avec un sourire en coin malsain.

(Emmanuel)
-Eh ben voilà quand tu veux. C'était pas si compliqué hein?

Je ne répondit rien, je ne voulais clairement pas rentrer dans son jeu pathétique. Il m'avait manipulé une nouvelle fois, il m'avait dit que si je ne lui brisait pas le cœur, il briserait le mien et celui de toutes les personnes que j'aime, y comprit celui de Jordan. C'était sûrement égoïste de ma part, je le reconnais, mais je préfère largement lui briser le cœur par moi-même, plutôt que de laisser ce timbré le faire. Je préfère le voir me haïr plutôt que de le voir mort et enterré.

(Emmanuel)
-Tu es bien silencieux dit donc...
(Gabriel)
-Tu as eu ce que tu voulais, laisse-moi tranquille...
(Emmanuel)
-Ohh mais tu crois vraiment que c'est fini? Au contraire, ça vient tout juste de commencer...

Je restais figé un moment en regardant cet enfoiré partir au loin avec ce même sourire morbide et pervers. Je voulais tout avouer à Jordan mais c'était beaucoup trop risqué. J'aime Jordan de tout mon cœur et je ne supporterais pas de le voir souffrir, même si je pense qu'il l'est déjà. J'aurais aimé que tout cela ne soit qu'un simple rêve et que je me réveillerai le lendemain dans les bras de Jordan. Mais lorsque je me réveille, j'ai l'impression de vivre dans un cauchemar, dans mon cauchemar. Il était soudainement devenu réel. Je me pose des centaines de questions, sans réponses évidemment.
Je regardait mon téléphone, attendant une notification de sa part, mais rien, il m'avait sûrement déjà oublié, c'était mieux comme ça. Je lui avait déjà écrit des paragraphes dans mes notes, chaque jour j'hésitais, j'hésitais à lui envoyer, mais à chaque fois je ne trouvais ni la force, ni le courage de le faire, j'avais peur, une fois de plus. Je fais le gros dur mais je ne suis qu'un trouillard, un peureux, qui attend la venue de son preux chevalier. Toutefois, cela n'existe que dans les contes de fées, mon conte de fée à moi a rapidement tourné en un véritable cauchemar. Je ne trouvais plus le sommeil et mes journées devenues de plus en plus intenses et difficiles. Je n'avais plus aucune motivation, j'ai même recommencé à boire, j'errais dans les rues comme un vagabond, j'utilisais les bars comme un moyen d'évasion, je voulais juste quitter ce cauchemar et me réveiller une bonne fois pour toute.

Un an avait déjà passé, un an sans Jordan, un an sans l'amour de ma vie, c'était dur, très dur, je rêvais de lui tous les soirs, quand je le voyais à la télé je changeais de chaîne parce que ça faisait trop mal. Un soir, alors qu'il était 1h du matin, je trainais dans une ville pas loin de chez moi, vodka à la main et téléphone de l'autre. Je composait le numéro de Jordan, je n'avait plus rien à perdre, j'en avais juste marre d'avoir peur, marre d'être une victime, tout ce que je veux c'est vaincre ma peur, vaincre mes démons, mon démon, avec un grand E. Je ne savais même pas quoi lui dire, par quoi commen-

Au téléphone:
(Jordan)
-Gabriel...
(Gabriel)
-Monsieur Bardella! Quel plaisir de vous entendre!
(Jordan)
-Qu'est-ce que tu veux...
(Gabriel)
-Je ne suis qu'un imbécile!
(Jordan)
-Gabriel qu'est-ce que tu as encore fait...
(Gabriel)
-C'était pas mon idée! C'était la sienne!
(Jordan)
-Mais de qui tu parles??
(Gabriel)
-Emmanuel Macron!! Ahahaha!!
(Jordan)
-Je ne te comprends pas, je croyais que tu voulais m'oublier...
(Gabriel)
-Je sais pas haha...(dit-il totalement bourré)
(Jordan)
-Tu as bu?
(Gabriel)
-Même pas un peu...
(Jordan)
-Gabriel je ne suis pas en état de rigoler...
(Gabriel)
-Oui je crois que j'ai bu, Jordan, je me sens seul sans toi, je n'arrive plus à vivre sans toi, je fais vraiment n'importe quoi en ce moment...
(Jordan)
-C'est toi qui voulais qu'on s'oublie tu te rappelles?
(Gabriel)
-Jordan je t'en supplie, je dois te parler pitié...(en sanglotant incontrôlablement au téléphone)
(Jordan)
-Où tu es?
(Gabriel)
-Je sais pas...
(Jordan)
-Gabriel ça ne m'aide pas un « je sais pas »

Je balayait mon regard aux alentours, essayant de trouver des indices de l'endroit ou j'ai atterri, soudain je tombe sur une boutique. La ville était totalement plongée dans le noir, je voyait à peine mais j'essayais de toutes mes forces. Soudain, ma vue me revint progressivement et je parvient à distinguer le nom de la boutique « Ébat ».

Toujours au bout du fil:
(Gabriel)
-Euhhh, « Ébat »!
(Jordan)
-Hein?
(Gabriel)
-Je suis devant la boutique « Ébat »
(Jordan)
-Attends laisse-moi chercher quelques secondes...
(Gabriel)
-Jordan...
(Jordan)
-Ah! J'ai trouvé! Ne bouge pas j'arrive tout de suite. Tu m'entends??
(Gabriel)
-Jordan...
(Jordan)
-Oui? Gabriel tout va bien?
(Gabriel)
-Oui, merci...

Les minutes étaient longues, très longues, mes paupières n'avaient plus la force de rester ouvertes, assis sur un banc, je m'assoupis et ferma mes yeux progressivement. C'était dangereux mais je ne pouvais plus, je n'arrivais plus à rester debout. Quelques minutes plus tard je me suis réveillé sur la banquette arrière d'une voiture, j'avais un mal de crâne horrible mais je voulais voir si je n'avais pas été kidnappé. En tournant ma tête, je vis une veste posée sur mon corps, je vérifiais quand même le conducteur mais je n'ai même pas eu le temps, j'ai eu un black-out, encore! (ça fait beaucoup là non? vous trouvez pas?)

D'après vous, qui est le mec qui a mit Gabriel sur sa banquette arrière?

(J'espère que vous en voulez plus à Gabriel maintenant que vous savez...)

À suivre-

Un amour deux partisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant