Chapitre 8

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La petite compagnie venait tout juste d'établir un camp aux abords des remparts de la capitale sorcière. Ils ne firent rien d'autre pendant un moment que de se poser des questions. Comment pouvait-il se servir de la pierre ? Une carte pourrait-elle les aider ? Des heures de questionnement passèrent, L'astre nacré avait atteint son zénith et cette faible lumière lunaire balaya le campement. Ren qui se servait de la pierre ronde comme anti-stresse depuis quelques minutes remarqua que l'étrange lueur interne de la pierre semblait croître seconde après seconde. Le pâtissier apporta la pierre dans une zone éclairée par la lune afin de mieux observer lorsque soudain la magie opéra .

La lune et l'œil de Métis sont alignés. Une étrange vague de magie parcourt la terre à proximité. Regardant attentivement la magie et la lumière de la lune entrer dans la pierre ils virent tout à coup un large rayon blanc éclater qui remontait la colline et allait se perdre entre les arbres de la foret. C'est ainsi qu'ils se mirent en route, le matin suivant tout juste avant la saison des éclosion de fleurs, tous à pieds portant leur sac de voyage; pauvre Elwin son sac était nettement plus grand que lui. Toute la compagnie marcha de bon pas alors très joyeusement, et ils racontèrent des histoires et chantèrent des chansons toute la journée sauf quand ils s'arrêtaient pour le repas. Certains commençaient à penser que cette aventure n'était pas si désagréable, somme toute.

- Nous devrions faire une pause et manger un bout, proposa la jeune sorcière.

- Est-ce vraiment judicieux de s'arrêter en si bon chemin ? demanda Ren.

- Eh bien, nous sommes partis tôt ce matin, nous avons marché sans nous arrêter de plus il est déjà midi, ça ne ferait de mal à personne, dit-elle en regardant le soleil.

- Moi je suis d'accord avec la fille, tous à table, cria joyeusement l'elfe suivit d'un acquiescement de Dalgo.

Le golem était chargé du feu lorsque l'elfe vidant son sac de voyage attira l'attention des autres membres de la compagnie. Saucisses, viande séchée, carottes, navets et bien d'autres choses, Ren regardait Elwin se demandant pourquoi il avait apporté tout ça. Inconscient des regards de ses camarades, Elwin se mit allègrement à éplucher et découper les carottes et les navets.

- Euh Elwinni, on peut savoir pourquoi tu as apporté tout ça au juste ? demanda Ren en se moquant.

- Premièrement c'est pour moi, c'est pas parce que je suis petit que je ne peux pas être un gros mangeur et, deuxièmement je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça.

Elwin leur jeta à chacun un regard mauvais mais aucun ne put se retenir de rire. Le repas se déroula dans la bonne humeur et la rigolade. Lorsque vint le moment de se coucher, quand tous furent emmitouflés dans leur lit de fortune, une chanson s'éleva dans l'air.

Vous n'êtes pas lié à la perte et au silence.

Car vous n'êtes pas liés aux cercles de ce monde.

Toutes choses doivent passer,

Toute vie est vouée à disparaître

Triste, vous devez partir, et pourtant vous n'êtes pas sans espoir.

Le soleil transperce par-dessus les collines et un fort gazouillis vint des branches des arbres. Le matin était venu, la journée commençait et le voyage pouvait reprendre.

- Comment savoir où aller sans la lune ?

- Ces régions sont peu connues et elles sont trop proches des montagnes. Les anciennes cartes sont inutiles: les choses sont détériorées et la route n'est pas surveillée. On n'a pratiquement jamais entendu parlé du lieu exact où se trouve le prophète...

- J'ai vérifié la carte que nous avons, je propose que nous nous dirigions vers le lac Orodrim, il se situe dans une clairière interne à la montagne, on devrait y être avant la nuit.

Pour commencer ils avaient traversé les terres des hommes-loup, un vaste pays très convenable, peuplé de gens respectables avec un certain caractère, avec de belles routes avec de temps en temps un mouton avec son fermier marchant d'un pas tranquille. Ils ne leur restaient plus que quelques kilomètres à parcourir lorsque tout semblait lugubre, car le temps s'était sérieusement gâté ce jour-là. Dans l'ensemble, il avait fait aussi beau que le printemps puisse l'être, même dans les plus beaux contes, mais à présent, le froid et la pluie les avaient rejoints.

Ils étaient enfin parvenus au sommet de la colline. Il faisait presque nuit lorsqu'ils la franchirent. Le vent dispersa les nuages, et une lune belle et ronde apparut au-dessus de leur tête, entre les lambeaux de la brume. La boue collait à leur bottes rendant leur pas encore plus lourd qu'ils ne l'étaient déjà à cause de la fatigue. Devant eux s'étendait un chemin en terre sur lequel était déposé par ci par là des plaques de pierres polies. Un grand dôme sortait du sol et brillait de mille feux au soleil, il était fait entièrement de bronze. Nos quatre aventuriers remontaient le chemin et parvinrent à l'entrée du bâtiment qui ressemblait beaucoup à un igloo. Deux torches flamboyantes étaient visibles de part et d'autre de la grande porte, juste derrière de larges colonnes. Ce qui intrigua le plus les jeunes gens, c'était les deux petites statues de dragons, elles aussi en bronze, qui reposent juste au pied des marches comme pour dissuader quiconque d'entrer. Les reflets des rayons du soleil frappant contre le bronze étaient si forts qu'ils avaient du mal à garder les yeux ouverts.

- Je ne m'attendais pas à des visiteurs ! Ça fait des années que plus personne ne vient me voir, je suis seul, si seul !

La jeune compagnie fut surprise, n'ayant pas aperçu le vieillard qui les regardait avancer du haut de son perchoir sur le toit du dôme. Lorsqu'ils relevèrent la tête pour prendre connaissance de sa position ils virent finalement ce qui s'apparentait plutôt à une personne masculine ni jeune ni vieille. Véritablement impossible de discerner son âge.

- Monsieur !

Le prophète la regarda avec des yeux tellement écarquillés qu'on dirait qu'ils sortent de leurs orbites. Hatie se demanda alors si elle avait fait une quelconque erreur.

- Ou est-ce Madame ? essaye-t-elle.

- Monsieur ou Madame, suis-je un homme ou une femme ? Peut-être suis-je l'un des deux ou les deux ou encore aucun des deux ? Est-ce vraiment important ? questionna-t-il comme perdu dans ses pensées.

- Je suppose que non, répondit Hattie.

- C'est philosophique, souffla Ren.

Plus personne ne bougeait ou ne parlait, tous coincés dans une spirale de gêne et de malaise. Hattie resta figé à cause de sa propre impolitesse, Dalgo fixé les autres en les pensant particulièrement stupide, Ren n'avait rien compris à la situation et Elwin, lui, en n'avait tellement rien à faire qu'il était déjà en train de se diriger vers l'entrée du dôme. Le prophète quant à lui ne faisait que suivre le mouvement et s'était donc figé parce que les autres l'avaient fait. Vu de l'extérieur, ils donnèrent tous vie à une situation très cocasse. 

Les élus de NaarielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant