✧ Chapitre 48 ✧

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L'odeur putride du sang se trouvait dorénavant dans chaque recoin de la cabine d'officier. Elle était si forte qu'Orel fut contraint d'ouvrir toutes les fenêtres, dans l'espoir que le vent marin soit suffisant pour recycler l'air. La dépouille de l'officier wélivien ne se trouvait déjà plus dans la pièce contrairement à l'immense flaque de sang qui s'était incrustée dans le bois du sol. Après l'avoir fouillé, Orel avait demandé à ce qu'on le jette par-dessus bord. Mais l'homme ne portait rien d'intéressant sur lui.

En bon capitaine, il s'était aussitôt mit à la recherche d'éléments permettant de comprendre la raison qui avait emmené un navire de la Couronne si loin de son continent natal. Il commença par la pièce principale où, comme dans la majorité des navires, se trouvait le bureau du capitaine ainsi que tous les documents relatifs à sa navigation. Malgré les nombreux rangements mis à disposition, un désordre sans nom régnait dans la cabine : des cartes étaient étalées au sol les unes sur les autres, plusieurs livres de navigation étaient ouverts sur le bureau et de nombreux instruments de cartographies étaient tombés au sol loin de leurs rangements. Orel doutait qu'il s'agisse uniquement des conséquences de l'affront entre Marta et l'officier car il avait été de très courte durée. Il ne pensait pas non plus qu'il s'agissait de mauvaise volonté de la part du wélivien étant donné qu'ils étaient plutôt connus pour leur sens de l'ordre et de la propreté. Mais alors quoi ?

Le capitaine fronça les sourcils en se penchant sur les deux livres étalés sur le bureau. L'un était ouvert sur le répertoire des îles connues de Mer Cendrée et l'autre semblait être un manuel de décryptage du langage des Pies Hurlantes. Il devait s'agir de leur moyen de communication avec le continent, comme la plupart des navires meeryniens. Orel prit le premier et le tourna afin d'en découvrir le titre. " Mer Cendrée : le guide de navigation". Le capitaine le reposa à sa place avant d'ouvrir les tiroirs du bureau à la recherche d'informations utiles. Il pensait notamment aux messages des Pies Hurlantes qu'il avait dû retranscrire sur papier ou encore un journal de bord qui pourrait lui expliquer avec précision d'où le navire provenait, quel était son but et même son trajet. S'il parvenait à mettre la main dessus, alors toutes leurs questions trouveraient une réponse.

Malheureusement, les tiroirs ne donnèrent pas de résultats concluants. Ils étaient remplis de matériel de cartographie et de registres d'inventaires du navire. Il abandonna donc rapidement et se concentra sur une commode qui se trouvait juste en dessous d'un ensemble de cartes wéliviennes accrochées au mur.

Lorsqu'il ouvrit le premier compartiment, il y découvrit une multitude de parchemins entassés les uns sur les autres. Tous étaient différents : certains portaient les sceaux en cire de la Couronne, d'autres non. Mais tous étaient des lettres destinées à l'officier en question. La plupart n'étaient que des formalités comme un laissez-passer au port de Cirka, une nomination d'officier pour le capitaine ou encore une assurance envers les potentiels dommages causés au bateau en cas d'affront. Tous ces papiers étaient datés d'environ deux semaines, ce qui devait sans doute correspondre à la date de leur départ du continent wélivien.

Mais tout cela ne lui donnait toujours aucune information vérifiable et précise, alors il s'empressa de fouiller dans les autres tiroirs, en vain. Tous les papiers qu'il trouva n'étaient que paperasse officielle et formalités wéliviennes.

Dépité mais pas moins découragé, le capitaine s'adonna aux cartes qui jonchaient le sol dans l'espoir d'en trouver une qui lui dévoilerait le trajet du navire. Il mit la main sur des cartes de toutes tailles et de tous les continents qu'il connaissait déjà par cœur. Pour y voir plus clair, il n'hésita pas à les étaler au sol après s'y être assis lui-même. Leur papier était pour la plupart déjà craquelé de vieillesse. Elles devaient avoir plusieurs dizaines d'années, ce qui ne garantissait pas forcément leur véridicité et donc leur qualité. Mais c'était déjà mieux que rien, Orel le savait pertinemment. Depuis son plus jeune âge, il s'était trouvé une passion pour la cartographie et tous les domaines qui s'y rattachaient. Alors qu'importe leur âge, ces chefs-d'œuvre ne cessaient de l'impressionner. Une nouvelle fois, il se laissa entraîner dans la contemplation de certaines d'entre elles particulièrement belles. La finesse des détails dessinés à la main étaient magnifiques, de même que la calligraphie choisie pour le nom de certaines îles et villes qu'il trouva sur plusieurs d'entre elles. Il en découvrit même une des îles internes en couleur, ce qui était extrêmement rare et précieux. Les pigments qui différenciaient les différentes zones géographiques de la zone étaient sans doute fabriqués à partir de végétaux continentaux auxquels ils n'avaient pas accès sur Edimas. Content d'avoir trouvé une petite merveille sans s'y attendre, Orel la mit de côté avant de reposer son attention sur les autres cartes.

Meeryn's Tales - Edimas : Tome 1 [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant