— Bonsoir à toutes et à tous, bienvenue sur France 2.
La voix de la journaliste claqua comme un fouet, tranchante, vibrante d'énergie. Un aplomb parfait pour une soirée où tout allait voler en éclats.
— C'est l'évènement de cette campagne ce soir ! Elle tourna la tête vers Gabriel, sourire lumineux.
— Bonsoir Gabriel Attal !
— Bonsoir !
Il répondit avec son sourire signature : large, millimétré, calibré pour les caméras 4K et les petites gens devant leurs télés. Ce sourire ? Une arme de destruction massive, capable de vendre n'importe quoi. Des idées ? Peut-être. Des illusions ? Sûrement.
— Bonsoir, Monsieur Bardella, enchaîna la présentatrice en pivotant vers son deuxième invité.
— Bonsoir, Caroline Roux.
Un sourire immense fendit le visage de Jordan Bardella, trop grand, trop appuyé, presque grotesque dans ses efforts.
— Bonsoir, Monsieur le Premier Ministre. Bonsoir à tous nos compatriotes qui nous regardent ce soir.
Sa voix dégoulinait d'un enthousiasme forcé, artificiel, dégueulant de fausse cordialité.
Gabriel tiqua. À peine. Juste ce qu'il fallait pour que seul un œil aguerri le remarque. Il commence déjà son cinéma. Qu'est-ce que tu fais, Bardella ? Pourquoi tu veux déjà trop plaire ?
La présentatrice enchaîna :
— Ce soir, ce sont deux ambitions, deux visions, deux projets pour l'Europe qui vont s'affronter. Le tirage au sort a désigné Monsieur Bardella pour commencer.
Jordan inspira profondément, exagérant chaque geste, chaque mouvement. Il posa ses mains jointes sur la table, gonfla la poitrine et se redressa. Il se prend pour De Gaulle ou quoi ? Gabriel n'avait pas bougé. Pas besoin, il dominait par l'immobilité.
— Première question, Jordan Bardella : pourquoi avoir voulu ce soir confronter vos idées au Premier ministre ?
Jordan s'éclaircit la gorge, redressa encore un peu plus son buste, comme pour occuper tout l'espace. Ses mains restaient serrées, ses phalanges blanchies par la pression.
Attal le fixait, un éclat cruel au fond des yeux, ses lèvres légèrement pincées.
Vas-y, explique-nous. Pourquoi t'offrir à l'humiliation publique ?
— Tout d'abord, ces élections européennes sont cruciales dans un monde en perpétuel changement...
Gabriel, lui, avait déjà décroché. Ses yeux glissèrent sur les mains tremblantes de Jordan, cette pression ridicule qu'il s'infligeait lui-même. Respire, Bardella. Tu vas pas t'effondrer avant la fin de ta première phrase, quand même ?
Le souffle de Bardella était déjà saccadé. Une inspiration plus longue, tous les cinq mots. Gabriel l'entendait, comptait, jaugeait. Il n'écoutait pas le discours ; il écoutait la mécanique, la faiblesse à exploiter, pour lui couper la parole pile au bon moment.
— ... et nous espérons, Monsieur Attal, que ce débat soit un débat de haute tenue...
Le bouclé plissa légèrement les yeux, juste assez pour laisser un soupçon d'agacement transparaître. Cesse tes fausses modesties et frappe, vas-y. Et c'est exactement ce que le plus jeune fit :
— ... un projet et un bilan vont s'affronter ce soir. Le bilan de Monsieur Attal, de Monsieur Macron, qui ont, au bout de sept ans, totalement ruiné le pouvoir d'achat des Français...
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À leur propre jeu
FanficDeux hommes politiques se trouvent pris dans un tourbillon de scandales et de manigances politiques. Parviendront-ils à résister à leurs propres jeux de pouvoir ?