2-La Cérémonie

305 15 7
                                    

45 minutes plus tard, Florence et Jules arrivaient devant la mairie d'Annecy. De nombreux invités étaient déjà présents, dont les collègues les plus proches de Florence et Pascal qui faisaient partie de la grande famille du commissariat. Tous les accueillirent avec enthousiasme avant d'entrer dans la mairie.

Les invités étaient à présent tous installés dans la salle des mariages. Jules attendait sa fiancée, face à la table devant laquelle le maire allait les unir. Jules était un peu fébrile, il avait hâte de découvrir Lili dans sa robe de mariée et de prononcer ses vœux.

Il avait finalement revêtu un smoking classique, après avoir envisagé des options plus atypiques, qui avaient consterné sa mère lorsqu'elle avait vu Pascal les essayer. Florence était heureuse d'avoir vu son fils revenir à un choix plus traditionnel, il était d'une élégance intemporelle et ne regretterait pas son choix en regardant les photos de son mariage dans 10 ans !

Soudain le moment tant attendu arriva, Lili apparut dans l'encadrement de la porte de la salle, le bras passé sous celui de son père, très ému. Lili était divine dans une robe sirène de soie sauvage. Sa ligne pure et élégante rappelait Audrey Hepburn. Elle rayonnait auréolée de boucles blondes et fixait Jules qui l'attendait à l'autre bout de la salle. Pendant que Lili s'avançait vers Jules, les futurs époux se souriaient et les futurs beau père et belle mère se perdaient l'un dans le regard de l'autre... pour changer... Arrivés auprès de Jules, Pascal embrassa la joue de sa fille, avant de rejoindre le côté de la salle dédié aux invités de la mariée.

La cérémonie se déroula, émouvante pour toutes et tous. Florence sentit les larmes lui monter aux yeux, elle s'était pourtant promis de ne pas pleurer. Lors de l'échange des consentements, la solennité des vœux résonna en Pascal. Il n'avait jamais envisagé de se marier, officiellement le mariage n'était pas son truc et il l'avait toujours sincèrement cru...

Toutefois, il se posait la question car lorsqu'il regardait Florence, l'idée d'un engagement solennel et définitif au yeux de tous lui semblait une perspective irrésistible, même si pour le moment, ils n'étaient toujours pas en couple. Il lança un regard attendri vers Florence depuis l'autre côté de la travée centrale, voyant une larme glisser sur sa joue veloutée.

Après l'échange des consentements, Jules et Lili s'embrassèrent pour sceller leur union et les invités applaudirent. Le jeune couple sortit de la mairie sous les félicitations enthousiastes des invités.

Ils invitèrent leurs familles et leurs amis à les suivre jusqu'à la ferme auberge qui verrait se dérouler la suite des festivités. Jules et Lili prirent la voiture de Florence, pendant que cette dernière rejoignait Pascal près de la sienne.

Florence et Pascal prirent la tête du cortège car c'étaient eux qui avaient réalisé les repérages et choisi le lieu. Ils avaient 1h00 de route de montagne devant eux avant d'arriver sur site.
Pascal s'exclama :
- ça y est, ils sont mariés !
Florence rit et répondit :
- vous aviez des doutes ? Vous pensiez que l'un d'eux n'irait pas jusqu'au bout ?
- non pas vraiment car ils s'aiment, eux.
- comme vous dites, ils s'aiment, eux...
Un silence s'installa dans l'habitacle, Florence s'interrogeait, elle avait l'impression que Pascal et elle s'étaient rapprochés pendant les préparatifs du mariage et surtout depuis qu'ils étaient séparés de leurs compagnons respectifs. Ils avaient passé beaucoup de temps tous les deux à tester des traiteurs, pâtissiers, musiciens... Au point qu'ils avaient plaisanté parfois en disant qu'ils avaient l'impression d'organiser leur propre mariage. Toutefois la phrase que venait de prononcer Pascal n'était elle pas une façon de lui signifier qu'il n'y avait pas de sentiments profonds entre eux et qu'il souhaitait réinstaurer une certaine distance ?

Pascal avait senti l'atmosphère changer et se sentait mal à l'aise, il avait l'impression que Florence avait érigé soudain une barrière derrière laquelle elle s'était réfugiée.
- Florence ? Tout va bien ?
- oui oui répondit elle, plus sèchement qu'elle ne l'avait souhaité.
- Florence, je vous connais par cœur, je sais quand quelque chose ne va pas. Aujourd'hui est une journée importante pour Jules et Lili, c'est aussi une journée que je suis heureux de partager avec vous et je ne souhaite pas que quoique ce soit vienne l'assombrir.
- ce n'est rien... C'est juste que lorsque vous avez dit que Jules et Lili s'aimaient, eux, j'ai réalisé qu'aucun homme ne m'aimait, moi... Biaisa-t-elle, ce n'était pas inexact cela dit mais c'était l'indifférence supposée de Pascal en particulier qui la blessait.
- je ne peux pas vous laisser dire ça Florence, vous savez très bien que c'est faux
- ah oui ? Je vous rappelle qu'Antoine est parti sur un autre continent
- en l'occurrence, je ne pensais pas à Antoine...
Il jeta un regard entendu à Florence qui sentit ses joues rosir.
- je sais que c'est peut être un peu tôt après le départ d'Antoine mais vous ne pensez pas qu'il serait temps qu'on se donne une chance de laisser notre relation évoluer et de voir où ça peut nous mener.
Florence était troublée et ne savait pas quoi répondre.
- je sais que vous pensez que notre relation professionnelle fait obstacle à une relation sentimentale mais regardez nous, nous sommes incapables de construire une relation avec une autre personne. Pour ma part, je n'ai pas honte d'avouer que je pense à vous sans cesse depuis que vous êtes entrée dans ma vie. Même lorsque je suis sorti avec Sarah pour vous oublier, je n'y suis pas parvenu.

Florence était émue par la déclaration de Pascal.
- je ne sais pas, Pascal, je vous avoue que j'ai un peu peur des conséquences, comment fera-t-on pour travailler encore ensemble si on se sépare ? Je ne veux pas perdre ce que nous avons, j'ai besoin de mon capitaine !
- et si on se met ensemble et que tout se passe bien ? Vous n'envisagez que l'échec alors que je suis persuadé que nous pourrions être très heureux ensemble si vous vouliez bien nous donner une chance.
Après un moment de silence, il ajouta sur un ton douloureux :
- Je ne suis pas persuadé de pouvoir continuer encore longtemps à être près de vous sans être avec vous, ce n'est pas un ultimatum, Florence, la stagnation de la situation m'a épuisé émotionnellement et je ne vois pas d'autre issue que de demander ma mutation.

Florence sentit la sincérité de la détresse exprimée par Pascal et craignit soudain de le perdre, elle se rendit compte que le statu quo n'était plus possible et qu'elle allait devoir se résoudre à se lancer ou à le perdre complètement.

Pascal attendait anxieusement la réaction de Florence.
Après une forte inspiration, elle prit la parole d'une voix déterminée :
- aujourd'hui c'est le jour de nos enfants et je vous propose de ne rien faire qui puisse les perturber... Mais après je vous propose que nous allions enfin dîner quelque part tous les deux, après tout, vous n'avez toujours pas honoré votre pari dit elle avec un clin d'œil. Nous verrons ensuite ce qu'il se passe.

Un sourire radieux se dessina sur le visage de Pascal.
- j'en suis très heureux et c'est avec plaisir que j'accepte votre proposition. Ils échangèrent un doux sourire et terminèrent la route dans un silence confortable.

Cassandre et Roche : Mariage Champêtre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant