Prologue

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À cinq ans

Assise sur mon lit rose bordé de ma couverture à fleurs, je regardais mon papa s'agiter dans ma chambre. Une énorme valise était ouverte en deux sur le sol alors qu'il mettait mes vêtements dedans.

- Papa, on part en vacances, lui demandai-je.

Il s'arrêta un instant et s'agenouilla vers moi.

- Non ma puce, on part. Toi et moi, on déménage, me sourit-il.

Papa ne souriait pas beaucoup, ainsi quand il le faisait, j'étais contente. Mais ça voulait dire qu'on laissait maman. Peut-être pour ça qu'il souriait, parce qu'on allait loin de maman. Il ne souriait pas beaucoup quand elle était là. Il tapota mon nez avec le bout de son doigt et je rigole avant qu'il ne se remette à mettre mes affaires dans la valise.

- Et maman, demandai-je quand même.

- Elle reste. On s'en va tous les deux, loin de cette maison, me dit-il.

Je hochai la tête et voulus l'aider. Alors, je sautai de mon lit avant de ramasser des peluches et de les mettre dans la valise. Mais papa me montra un énorme sac poubelle.

- On ne va pas les jeter, lui demandai-je, en le regardant.

- Non ma chérie, c'est juste plus simple pour les ranger. Tu peux en garder une ou deux avec toi dans la voiture, mais le reste ira dans le coffre.

Je souris et je mets un certain temps avant de me décider. Papa ne dit rien, il me laissait faire mon choix même si j'avais l'impression que cela durait des heures. Cependant, j'avais choisi un poulpe jaune, les autres dormiraient dans le sac pendant le voyage. J'allais mettre ma dernière peluche lorsque la porte s'ouvrit d'un coup en tapant dans le mur. Je sursautai et vis ma mère dans l'encadrement de la porte. On aurait dit un monstre avec ses cheveux en bataille et sa silhouette sombre du fait qu'elle était à contre-jour. Je courus me mettre derrière mon père, elle ne pourrait pas me voir et papa me protégerait contre elle. Il me protégeait toujours.

- Tu n'emmèneras ma fille nulle part, David, cria-t-elle.

Je tenais le pantalon de mon papa dans une main et mon poulpe dans l'autre. Je ramène mon poulpe contre mon visage. Je voulais juste me cacher, je ne voulais pas qu'elle me voie.

- Tu as été trop loin cette fois. Arrête de boire et on en reparlera, répondit-il calmement, mais fermement.

- Tu insinues que je suis alcoolique ? ricana-t-elle.

- Tu l'es, ce n'est pas une insinuation.

- Mais bien sûr. Je ne le suis pas.

Il roula des yeux et lui tourna le dos afin de boucler la valise et le sac avec mes jouets.

- Tu as frappé Héloïse hier. Ça ne peut plus continuer. Plus jamais tu ne lèveras la main sur ma fille.

- Oh ça va, elle sautait partout en criant dans mes oreilles.

- Elle voulait te montrer un dessin qu'elle avait fait à l'école. C'est une enfant.

Il me prit dans ses bras et je ne sais plus comment, mais nous nous sommes retrouvés tous les deux en voiture vers notre nouvelle vie.

Héloïse & NathanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant