Chapitre 1

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Le regard du premier ministre ne prêtait, en apparence, aucune attention à celui du président du RN qui, furtivement, tentait de croiser le sien.

La jambe de Bardella tremblait. Sa respiration cachait ses battements de cœurs anormaux. Il prenait de grandes inspirations aux expirations toutes aussi fortes. Il cachait à tout prix son angoisse.
Le dos droit d'Attal bougeait au rythme de sa respiration, fluide et calme, il était fortement concentré par ce qui se déroulait sous ses yeux.

L'atmosphère était tendue. Toutes ses figures de la politique française se faisaient absorber par la tempête de propos qui remplissait la salle. Tous prenaient soin de suivre chaque mot, réfléchir à chaque phrase, comprendre le sens de chaque paragraphe sans fin.

Puis soudainement, tous se levèrent et sortirent. Tous sauf deux. L'un debout, l'autre toujours assis.

« Tu ne suis pas les autres ? » demanda le plus âgé

Aucune réponse ne se fit entendre. Seul le frottement du pantalon par les tremblements du président du RN parvenait aux oreilles de Gabriel Attal. Celui-ci posa ses mains sur les épaules de l'autre homme et fit un mouvement répété de ses pouces. La jambe de Bardella cessa tout mouvement. En fait, le dos légèrement courbé du brun se raidit de suite, ses yeux qui admiraient le sol s'étaient de suite écarquillés, son cœur déjà emballé intensifia sa course. Il ne s'attendait pas à un tel contact.

Après quelques secondes le premier ministre s'arrêta et fit une petite tape sur l'épaule de son adversaire.

« Allez respire, c'était compliqué mais faut bien t'y habituer si tu compte prendre ma place »

Sur ces mots le premier ministre pris son sac et marcha vers la sortie. Laissant derrière lui Bardella qui l'observait de haut en bas comme il analysait ce qu'il venait de ressentir, une émotion s'il ne pensait pas avoir. Tout s'était passé si vite qu'il n'avait pas bien compris.
Non ce n'était pas Gabriel qui l'avait déstabilisé ainsi. Simplement il venait de comprendre sa position dans ce bordel politique. C'est ça. Il était stressé au vu des élections.

Pourtant non. Il le savait. Oui il le savait très bien que les tremblements inhabituels de ses jambes et son rythme cardiaques n'avaient rien à voir avec les élections.

Il savait mais décidait d'ignorer. Oui, les élections lui bousillaient la tête. Il avait trop de pressions sur les épaules. Il sentit une larme couler sur sa joue. Être le président du RN n'était pas une mince affaire. La larme chuta sur le sol. Il avait déjà réussi beaucoup de choses jusque là, il avait donné beaucoup de lui même pour son parti. Il était président du RN, c'était bien moins de travail que d'être premier ministre. Il ne pouvait se laisser emporter, pour si peu. Si peu face à Gabriel Attal. Si peu face à ce qu'il ressentait au fond de lui. Face à ce qu'il cachait au monde entier. Non il ne pouvait pas céder dès maintenant face à Gabriel Attal, face à lui même, jamais...


Le premier ministre s'assis sur un banc et ouvrit sa cannette de coca zéro. Il posa ses coudes sur ses genoux et regardait les passants de son petit coin dans l'ombre.
Il s'était installé dans un parc. Seul comme à son habitude. Il fut un temps il aurait été accompagné, mais ce temps était passé. Passé pour lui mais pas pour d'autres. Une jeune fillette s'amusait tandis que plus loin un couple la surveillait. Une femme et un jeune homme. Ils s'embrassaient furtivement entre deux mots, entre deux regards adressés au fruit de leur amour.

Attal dévia son regard. Il pris une grande inspiration et expira. Il était seul, se sentait seul, était débordé par le travail. Tellement débordé que ses sentiments de solitudes se faisaient oublié mais ils revenait encore plus fort lorsque le premier ministre revenait à son existence de simple humain.

Il repensa à son travail dans l'espoir d'oublier qu'il était seul, complètement seul et surmené. Toutes ces lois, toutes ces réformes, tout lui prenait la tête. Pour autant il aimait se prendre la tête. Mais parfois s'en était trop.

Alors il laissa son travail de côté, finalement sa solitude était préférable à toutes ces pensées trop encombrantes.

Il repris son observation du parc. Au loin il remarqua des panneaux électoraux, les affiches encore intactes. Cela le surpris. À côté de lui même, la tête de Bardella apparaissait.
Attal repensa au président du RN aujourd'hui. Il avait l'air stressé, mal au point. Il avait remarqué la fatigue dans son regard, sa mâchoire serrée, ses lèvres pincées.

Me premier ministre posa ses lèvres sur la canette et bu quelques gorgées.

En ce moments il avait l'impression de voir Bardella de partout. Sur les fameuses affiches, au travail, dans ses pensées. Il ne savait plus si sa présence si abondante était causée par le contexte politique ou par Attal lui-même.

«Bah putain... »

Dit-il entre deux gorgées par la réalisation de ses pensées. Oui, le président du RN était toujours dans sa tête au travail. Mais au dehors, Bardella se manifestait toujours autant dans sa vie.

Pourtant ils étaient adversaires, aux valeurs différentes, aux idées divergentes. Mais cela n'arrêtait pas Attal pour accélérer son cœur quand il voyait Bardella. Et cela n'arrêtait pas Bardella de faire de même quand il voyait Attal.

Ils étaient plus qu'adversaires, plus que collègues. Mais aucun ne viendrait se l'avouer, c'était contre leurs convictions, contre leur parti. Ils ne pouvaient pas se le permettre.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 16 ⏰

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