Chapitre 5 : Le poids du destin

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As salam wa aleykoum,

Un soir il s'est passer l'évènement de ma vie qui m'a le plus détruit.

J'étais avec lina, ce soir-là, je me souviens avoir fouillé son téléphone. J'étais en colère, peut-être sans raison apparente, mais quelque chose en moi bouillonnait. En parcourant ses messages, je suis tombé sur une conversation avec un certain Ilyes. Ce gars-là, je le connaissais déjà et je lui avais ordonné de ne plus jamais lui parler. La rage m'a submergé, je ne pouvais plus me contenir.

« Tu me prend pour un con toi, hein ? » ai-je crié en secouant son téléphone devant elle. Mon ton était accusateur, ma voix tremblait de fureur.

Elle a essayé de se défendre, de me dire que ce n'était rien, juste un ami, mais je ne voulais rien entendre. La dispute s'est envenimée rapidement. Les mots fusaient, cruels, tranchants. Puis, dans un moment de colère aveugle, je l'ai poussée contre le mur avec une force que je ne savais pas posséder. Elle est tombée, les larmes aux yeux, avant de se relever et de sortir en trombe, en pleurant, avec sa copine Sirine. Sirine, la petite sœur d'Imran, mon meilleur ami. Si seulement j'avais su ce qui allait suivre, j'aurais tout fait différemment.

Je n'ai pas prêté attention à l'heure qu'il était, trop occupé à ruminer ma colère. Quelques minutes plus tard, à 20h06 exactement, mon téléphone a sonné. C'était Imran. « Viens vite au Belvédère », m'a-t-il dit, la voix tremblante. Le Belvédère, un endroit que nous avions baptisé ainsi dans notre quartier, près du collège.

Sans réfléchir, j'ai couru jusqu'à ce lieu. En arrivant, j'ai vu les gyrophares des ambulances et des voitures de police illuminant la nuit. Une foule s'était rassemblée, des gens pleuraient, des mères murmuraient « elles sont parties trop tôt, miskina » et d'autres phrases comme celle-ci.

Ma vision est devenue floue, les sons semblaient lointains et déformés. Je me frayais un chemin à travers la foule, poussant les gens de côté, jusqu'à ce que je voie des secouristes recouvrant deux corps de draps blancs. Mon cœur s'est arrêté. C'était elles. Ma sœur et Sirine, étendues sur le sol, démembrées, ensanglantées. La scène était irréelle, un cauchemar éveillé.

Je me suis jeté en avant, criant son nom, mais un pompier m'a arrêté. « Vous ne pouvez pas passer », a-t-il dit fermement, mais je n'ai pas écouté. Je l'ai poussé de toutes mes forces, il a vacillé et s'est écarté me laissant passer. Rien ne pouvait me stopper.

En arrivant à ses côtés, j'ai vu son visage, si paisible malgré la violence de son départ. Je me suis effondré, le monde s'est assombri et je me suis évanoui.

.........

Je me suis réveillé à l'hôpital près de 23h/00h. La lumière crue des néons m'a fait mal aux yeux et la première chose que j'ai vue en ouvrant les paupières était le visage préoccupé de ma mère. Mon frère Mehdi se tenait à ses côtés, le regard sombre. Ils n'ont pas eu besoin de parler pour que je comprenne que Lina était partie. Une fois sorti de l'hôpital, nous avons attendu des nouvelles définitives. C'était bien officiel : Lina et Sirine étaient mortes.

À ce moment-là, quelque chose en moi s'est brisé. J'ai ressenti une douleur si intense qu'elle s'est transformée en une colère terrible envers le monde entier. Je suis sorti de l'hôpital en trombe, incapable de rester en place. J'ai marché, marché sans but, cherchant à fuir cette réalité insupportable. J'ai fumé, j'ai bu, essayant en vain de noyer ma peine. Je suis tombé très bas.

Au bout d'un moment, épuisé, je me suis assis sur le bord d'un trottoir, les bras sur les genoux, ma tête enfouie dans mes bras. Les larmes ont commencé à couler sans retenue. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, la dernière fois que j'avais pleuré ainsi, c'était à la mort de Zaiyn.

J'ai passé la nuit à repenser à la scène de quand j'ai vu ma sœur par terre, morte. Cela me hantait. J'étais traumatisé. J'avais tellement mal que je sentais mon cœur se déchirer à chaque larme qui coulait sur mes joues. Je n'ai pas pu rentrer chez moi cette nuit-là, je ne pouvais pas faire face à ma famille, à leur douleur.

Je suis rentré vers 5h du matin, le ciel commençait à s'éclaircir mais ma vie semblait plus sombre que jamais. Personne ne dormait. Ma mère et mes frères étaient là, les yeux rougis par les larmes. Mehdi m'a attrapé dès que j'ai franchi la porte et m'a frappé, les poings serrés de colère et de douleur. « Maman a perdu sa fille et a cru avoir perdu son fils aussi », m'a-t-il crié, la voix brisée.

Ma mère m'a pris dans ses bras, et à ce moment-là, j'ai compris l'ampleur de notre perte. Elle était anéantie, elle venait de perdre sa fille, un an après avoir perdu son fils. C'était la fin. Ce soir-là, j'ai cru qu'on n'allait jamais se relever.

𝓡é𝓭𝓮𝓶𝓹𝓽𝓲𝓸𝓷𝓼 𝓭'𝓾𝓷 𝓬œ𝓾𝓻 𝓫𝓻𝓲𝓼é -             𝕮𝖍𝖗𝖔𝖓𝖎𝖖𝖚𝖊 𝖉𝖊 𝓩𝓲𝔂𝓪𝓷Où les histoires vivent. Découvrez maintenant