Les dés sont jetés.

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Allez, en avant ! Attachez bien vos ceintures, l'avion décolle !

............Nabou Sall en prison, accusée d'avoir tué son mari ? Non, c'est impossible. C'est absolument impossible..................

J'ai repris le téléphone et j'ai décidé de rappeler mon père, déterminé à comprendre la raison de son appel, car il pouvait bien faire sortir ma sœur sans m'appeler. Je connais bien mon père : il est un homme riche et puissant, un véritable homme d'affaires. Mais derrière cette façade de réussite se cache une vérité sombre : toute sa fortune est bâtie sur de l'argent illicite, de l'argent sale. Lorsque, après le bac, il m'a proposé d'aller étudier aux États-Unis, j'ai refusé. Je ne pouvais pas accepter de lier mon avenir à cette richesse entachée. De plus, je ne voulais pas être éloigné de ma sœur, qui a toujours eu besoin de moi.

Depuis que j'ai pris la décision d'aider ma sœur, mon père me voit comme un traître. Pour lui, je suis celui qui l'a trahi et humilié. Il estime m'avoir préparé à devenir son successeur, m'avoir formé pour prendre la relève dans ses affaires douteuses. Oui, je connais beaucoup de choses sur le milieu des mafieux, mais c'était par curiosité, pour lui faire plaisir. J'ai beaucoup appris à ses côtés, mais jamais je n'ai voulu m'immerger dans cet univers corrompu.

Le téléphone a sonné plus de trois fois avant qu'il ne daigne répondre.

— Pourquoi m'as-tu appelé, Mayoro ? Avec tes relations, tu aurais pu faire sortir Nabou à l'instant même où elle est entrée. Quel genre de père es-tu, Mayoro Sall ? lui demandai-je.

— Oui, je pouvais le faire. Je pouvais user de mes relations, mais le faire aurait été trahir ma parole, mes principes. Moi, Mayoro Diop, je suis un homme de parole. J'avais dit à ta sœur de se libérer de tout ce qui lui était lié. Si toute Chaya Lamtoro Sall, tu veux savoir quel genre de père je suis ? Écoute moi bien,Je suis le père qui a sacrifié sa jeunesse, celui que toute sa famille considérait comme un raté parce qu'il avait des diplômes mais n'était pas riche. Je suis le père qui n'a jamais eu de droits dans sa maison familiale parce qu'il n'avait pas d'argent. Le droit de parole et de décision revenait à ses cadets, qui étaient riches à l'époque. Face à toute cette pression, j'ai sacrifié ma jeunesse, mes principes, ma dignité pour offrir un confort à ma femme, qui n'a jamais échappé aux réprimandes de ses beaux-parents parce que son mari n'avait pas d'argent et qu'elle ne pouvait pas avoir d'enfants. Je suis ce père-là, me répondit-il.

Mon père avait toujours espéré que je suive ses traces, que je prenne les rênes de son empire. Il pensait m'avoir forgé pour cela. Mais il ne comprenait pas que je ne voulais pas de cette vie. Je voulais être libre, tracer mon propre chemin, loin de cette corruption. Sa déception était palpable chaque fois qu'il posait les yeux sur moi, et cela me blessait profondément. Je voyais dans son regard la douleur d'un homme qui se sentait trahi par son propre fils, mais je savais que je ne pouvais pas céder. Pour ma sœur, pour moi-même, je devais rester fidèle à mes convictions.

— En ce qui concerne ta sœur, je ne peux rien faire. J'ai déjà donné ma parole, mais tous mes moyens sont à ta disposition. Si tu décides de la faire sortir, tu peux venir prendre le relais. Je suis toujours là et je ne te fermerai jamais la porte. Tu sais ce qu'il te reste à faire. Sois un homme et montre au monde entier que tu es un digne Sall, lui rajouta-t-il.

Mais si rejoindre le cartel est le seul moyen de faire sortir ma sœur de prison, je le ferai. Je suis prêt à tout pour lui permettre de revoir le soleil, de revivre la liberté, de reprendre sa vie comme une femme normale, car elle le mérite. Elle mérite d'être heureuse. Son seul tort est d'avoir aimé un homme qui n'appartient pas à la même religion qu'elle, rien de plus. C'est la seule erreur qu'elle ait commise et cela dépasse sa maîtrise. Elle n'en pouvait rien, personne ne peut contrôler ses sentiments. Et ça, j'en connais quelques choses. Malgré mes nombreux critères, je ne peux m'empêcher de penser à Safietou. Je lâchai un sourire mesquin en repensant au mauvais tour qu'elle m'avait joué....

La génération 2000Où les histoires vivent. Découvrez maintenant