Chapitre XIII

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| this is how you fall in love, Jeremy Zucker |

- Je suis désolé pour ce qui s'est passé, Lara.

Cela faisait dix minutes qu'Oliver essayait désespérément de me parler. Il était derrière la porte, soupirant des excuses. Mais je ne l'entendais pas. Je ne voyais qu'un fléau de pensées négatives me submerger.

- Ouvre-moi, je t'en supplie. Je m'inquiète pour toi !

Il commençait clairement à perdre patience, mais je m'évertuais à refuser son aide. Je ne voulais pas être, une fois de plus, un poids qui l'empêcherait d'avancer. Je voulais me relever moi-même, repousser mon malheur grâce à ma propre force. Le problème, c'est que je savais pertinemment que je n'en étais pas capable.

- Très bien. Je descends. Rejoins-moi, si tu changes d'avis.

Il commença à s'éloigner, et la culpabilité me tomba dessus, comme s'il portait mon toit à bout de bras et qu'il avait soudainement cessé de le tenir. Comme s'il avait relâché tous ses efforts, et que j'étais à présent sous les décombres, étouffée par mon désespoir.

- Attends ! criai-je en me levant de mon lit.

Je me précipitai vers la porte et l'ouvris à toute vitesse.

- S'il te plaît, ne me laisse pas, dis-je tout bas.

Il se retourna pour s'approcher de moi, puis inspecta mon visage. J'étais sûre qu'il avait remarqué les coulures de mascara qui s'étendaient jusque sous mes pommettes.

- Je suis là, murmura-t-il doucement. Viens-là.

Il se recula après quelques secondes et se mit à essuyer mes larmes, une à une. Puis il releva soudain la tête, un éclair traversant ses pupilles.

- J'ai une idée qui pourrait te changer les idées, annonça-t-il, tout sourire. Prépare-toi, on part dans dix minutes !

Et il descendit les escaliers quatre à quatre, tandis que je restai plantée sur le palier. Mes lèvres s'étirèrent malgré mes yeux rougis et embués.

- Merci, murmurai-je.

Oliver m'avait amenée au cœur de Londres, au pied du fameux London Eye.

Quelques dizaines de minutes d'attente, et nous dominions la ville d'une centaine de mètres. Je me sentais puissante. La vue était splendide, les immeubles dessinaient de parfaits rectangles autour de la Tamise.

Mais le plus exaltant, c'était le regard pétillant d'Oliver lorsqu'il admirait le panorama. Ce moment était parfait, empli de bonheur. Tout là-haut, j'avais oublié mes angoisses, je me sentais vivante.

Il me sourit. Il avait l'air aussi heureux que moi, et cette perspective emplissait mon cœur d'un sentiment que je n'avais pas souvent eu la chance de connaître : celui que rien ne pourrait détruire le bonheur que je ressentais.

Pourtant, j'avais toujours été terrifiée à l'idée que le bonheur m'échappe un jour, que je tombe de mon petit nuage, sans rien pour me rattraper. J'imaginais souvent un gouffre prêt à m'engloutir au moindre faux-pas, mon corps s'enfonçant dans les ténèbres.

- C'est vraiment magnifique, murmura Oliver.

J'acquiesçai muettement, le seul son qui parvenait jusqu'à nous était le bruit de la circulation à nos pieds.

La roue nous fit faire encore un tour, durant lequel nous étions comme dans un rêve. Nous atteignions une deuxième fois le sommet de la roue, quand la nacelle s'ébranla soudainement. La secousse me projeta sur Oliver, mes mains se posèrent instinctivement sur son torse pour éviter la chute. Je ne me rendis compte de ce geste seulement quelques secondes après l'avoir effectué, et mes joues rosirent inconsciemment.

𝐋𝐚𝐫𝐚'𝐬 𝐅𝐚𝐬𝐡𝐢𝐨𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant