Chapitre XV

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| idontwannabeyouanymore, Billie Eilish |


Une longue après-midi était passée, durant laquelle je m'étais assurée d'être assez bien cachée pour que personne ne vienne me déranger. Surtout après ce qui s'était passé à mon arrivée.

Heureusement, personne ne m'en fit le reproche. Colleen s'était contentée de repartir avec ses amies, Oliver était resté prêt de moi, et je n'avais vu aucune trace de Samantha.

Quand la sonnerie de ma dernière heure de cours retentit, je sentis la douceur de la liberté s'emparer de mon corps. Cette journée était enfin finie. La seule chose qui venait altérer mon bonheur était le fait très réel que cette journée allait se dupliquer le lendemain.

Je repris mon souffle en plaçant les anses de mon sac à main sur mon épaule droite. Je me levai ensuite et pris mon envol dans la foule de lycéens qui envahissaient les couloirs.

À droite, puis à gauche. Voilà, regarde tout droit, la sortie est bientôt là. Il ne te reste plus qu'à trouver Oliver parmi tout ce monde. Plus que quelques mètres, et tout est fini. Res-

— Lara ?

Mon corps entier se crispa. Un obstacle se dressait devant la sortie, et je n'avais plus aucune force pour tenter de le surmonter. J'essayai plutôt de le détourner en feignant n'avoir rien entendu à cause de ce brouhaha assourdissant qui cognait dans mon crâne. Mais c'était vain.

— Lara ! répéta la personne qui venait de m'interpeller.

Je soupirai et me retournai brusquement.

Allez, qu'on en finisse.

Une femme d'une quarantaine d'années me faisait face, arborant une épaisse crinière blonde qui entourait son visage aux courbes fines.

— Georgia ? m'écriai-je, stupéfaite.

Un flot de questions telles que « Qu'est-ce qu'elle fout dans mon bahut, celle-là ? » m'assaillit, mais – heureusement – ces mots, qui émanaient essentiellement de ma haine, ne franchirent pas la barrière de mes lèvres.

À leur place, je prononçai calmement :

— Pourquoi vous... êtes ici ?

Elle se racla la gorge, manifestement embarrassée de se trouver là.

— Est-ce qu'on... pourrait parler dehors... si ça ne te dérange pas ? demanda-t-elle timidement.

C'est étrange, mais soudain, je me sentis puissante. Supérieure à elle et sa voix faible.

Reprenant mes esprits, je hochai la tête et la suivis à l'extérieur. Elle s'arrêta à côté d'un platane, se retourna et esquissa un sourire mielleux qui réhaussa ses lunettes plus hautes que larges.

— Ne t'en fais pas, ça ne sera pas long, fit-elle quand elle s'aperçut que je zieutais désespérément autour de moi.

Je la gratifiai d'un sourire crispé, puis elle se lança enfin :

— Écoute... J'aime ton père, et je ne souhaite que le meilleur pour lui.

Ça commence mal. Très mal.

— Je me permets donc de te demander une chose, continuait-elle. J'aimerais vraiment que tu viennes lui parler. Il t'aime, tu sais. Et il n'attend qu'un tout petit pas de ta part pour renouer avec toi.

Je me statufiai, tandis que la colère bouillait de plus en plus fort dans mes veines.

L'homme dont elle parle a peut-être tué ma mère.

𝐋𝐚𝐫𝐚'𝐬 𝐅𝐚𝐬𝐡𝐢𝐨𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant