Chapitre VIII

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| the one that should've got away, Nessa Barrett |

Hors d'haleine, j'étais devant chez moi.

Mes pas m'avaient guidée, sans que je ne le décide vraiment, dans ce lieu où tristesse et effroi me hantaient. Parmi tous les souvenirs ancrés en ces murs, aucun n'était un bon souvenir. Aucun ne m'appelait à revenir là où j'avais grandi.

Pourtant, j'étais venue.

Il n'était pas trop tard, je pouvais encore faire demi-tour, partir d'ici, fuir, encore une fois. Je le voulais du plus profond de mon cœur, mais mes jambes ne m'obéissaient pas. Au contraire, elles se dirigèrent vers le portail en fer forgé, celui que j'avais traversé tant de fois.

Je marchai vers la porte d'entrée, puis l'ouvris, toujours par automatisme. Mes gestes étaient mécaniques, je ne me contrôlais plus.

Cela faisait longtemps que je ne contrôlais plus rien...

Je détaillai l'intérieur de la maison, à la recherche de mon père. Mais je n'entendis aucun bruit. Je me dirigeai alors vers la cuisine, avec le mince espoir de retrouver ma mère, souriante lorsqu'elle nous préparait le dîner, ou assise dans son fauteuil favori, en train de lire un de ses romans qu'elle adorait.

Mais je ne vis rien de tout cela.

La stupéfaction me poussa à reculer. Une colère soudaine m'envahit.

Sur le fauteuil où s'asseyait ma mère, il n'y a encore que quelques jours, était installée une femme aux cheveux blonds, semblant être âgée d'une quarantaine d'années. J'essayai de lui demander ce qu'elle faisait là, dans ma maison, mais je ne réussis qu'à murmurer des propos inaudibles.

Elle leva la tête dans ma direction et étira ses lèvres en un sourire empli de fausseté. Elle me paraissait superficielle et prétentieuse.

L'exact opposé de ma mère.

Soudain, mon père apparut sur le pas de la porte de la cuisine – celle qui donnait sur la chambre parentale, à ma gauche. Il parut surpris de me voir ici, et fit valser son regard depuis le fauteuil où la femme était assise, jusqu'à moi, debout à l'entrée de la pièce.

Il ouvrit la bouche, puis la referma, comme s'il venait de ravaler les mots qu'il s'apprêtait à énoncer.

— Lara, lança-t-il enfin, presque dans un murmure.

— Je venais... chercher mes affaires, dis-je en me retournant, hébétée.

Je me précipitai vers l'escalier, loin de cette cuisine, loin d'eux.

Mais une question me tourmentait l'esprit. Elle hurlait ses syllabes au sein de mes pensées, trop fort pour que je recule sans avoir pris le temps de la poser. Je rebroussai alors chemin et refis apparition dans la cuisine, sous leurs regards interdits.

— Je peux savoir qui vous êtes ? demandai-je sèchement en m'adressant à la femme.

Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais mon père la coupa acerbement :

— Une amie. Maintenant, tu peux disposer, si c'est ce que tu souhaites.

— Alors tu me jettes ? Je ne suis pas assez digne pour être ta fille, c'est ça ?

Je marquai une pause, attendant une réaction de sa part. Mais rien ne vint, seul le silence étouffant de la pièce me répondit de ses murmures inaudibles.

— De toute façon, ça tombe bien, j'en ai pas envie, repris-je pour ne pas perdre la face.

Je lui lançai un regard noir, puis sortis en trombe sans lui laisser le temps de répliquer quoi que ce soit.

𝐋𝐚𝐫𝐚'𝐬 𝐅𝐚𝐬𝐡𝐢𝐨𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant