POLITIQUEMENT INCERTAIN T.3 (ATTAL X BARDELLA)

21. Bonjour, hein ?

The Beach - The Neighbourhood

Point de vue Jordan...

Je viens d'apprendre que j'ai été élu au premier tour.

Marine, à mes côtés, est émue aux larmes. Elle me serre la main, m'embrasse sur la joue et me félicite chaleureusement. Les autres membres de mon équipe se joignent à elle, leurs félicitations me parvenant comme un bourdonnement indistinct. Je me sens à la fois soulagé et tendu, sachant que ce n'est que le début d'une longue bataille.

Quelques minutes plus tard, alors que nous sommes seuls dans mon bureau, Marine m'annonce que ça chauffe dans le bureau de Gabriel.

- Qu'est-ce que tu veux dire par ça chauffe ? je demande, surpris.

- Apparemment, il y a une dispute entre Gabriel et Valérie, répond-elle calmement.

Je fronce les sourcils.

- Comment tu sais ça ?

Marine esquisse un sourire énigmatique.

- J'ai infiltré quelqu'un.

Je hoche la tête, réalisant une fois de plus à quel point Marine est prête à tout pour nous donner un avantage.

***

Les jours passent rapidement, chaque moment étant une préparation intense pour le prochain débat. Le jour J arrive, et je décide d'arriver très en avance.

Je me faufile discrètement dans les coulisses et jette un coup d'œil dans la loge de Gabriel. Elle est vide, mais je sens une présence derrière moi. Soudain, une main ferme me pousse à l'intérieur de la pièce. Je me retourne brusquement pour voir Gabriel, visiblement agacé.

- Qu'est-ce que tu regardes, Jordan ? demande-t-il, sa voix trahissant sa colère.

- Je voulais juste te dire bonjour, réponds-je, essayant de garder mon calme.

Gabriel éclate de rire, mais c'est un rire faux, rempli de sarcasme.

- Bonjour, hein ? C'est ça. Maintenant, pars d'ici.

- Attends, dis-je rapidement. Je veux te parler. Je veux te montrer que j'ai tenté de te contacter.

Il me regarde longuement, les bras croisés, avant de soupirer.

- D'accord. Entre et parle. Mais tu as cinq minutes.

Je prends une profonde inspiration et commence à expliquer.

- J'ai écrit 167 lettres, Gabriel. J'ai tout fait pour te contacter, mais Valérie... elle m'a empêché. Elle est venue à Londres plusieurs fois et m'a interdit de quitter la ville. J'étais coincé là-bas. Je n'avais aucun moyen de te joindre autrement.

Gabriel reste silencieux, son visage impassible. Je continue, désespéré de lui faire comprendre la vérité.

- Je sais que ça semble fou, mais chaque fois que j'essayais de venir te voir, quelque chose ou quelqu'un m'arrêtait. Je ne pouvais rien faire.

Il reste silencieux, ses yeux fixant un point quelque part derrière moi. Enfin, il parle, sa voix monotone.

- Est-ce que tu as fini ?

- Oui, dis-je, sentant une boule se former dans ma gorge.

- D'accord. Tu peux partir maintenant.

Je suis pris de court par sa réaction froide.

Je m'attendais à de la colère, à des accusations, mais pas à cette indifférence glaciale. Je me lève lentement et me dirige vers la porte, sentant le poids de son regard dans mon dos.

Les préparatifs pour le débat continuent, mais je suis perturbé. Les mots de Gabriel tournent en boucle dans ma tête, me laissant une sensation d'échec. Je rejoins Marine dans les coulisses, et elle me lance un regard interrogateur.

- Qu'est ce que tu faisais ? demande-t-elle.

- J'essa... J'essayais de le déstabiliser, réponds-je en mentant. Mais il... il n'a rien dit en retour.

Marine pose une main rassurante sur mon épaule.

- Ne t'inquiète pas. On doit rester concentrés sur le débat.

Le débat commence et, comme prévu, il est tendu. Les échanges entre nous deux sont vifs, chacun essayant de marquer des points. Gabriel et moi évitons de nous confronter directement, mais je sens son regard sur moi tout au long de la soirée. Chaque fois que je le regarde, il détourne les yeux, ce qui ne fait qu'accroître ma frustration.

Après le débat, je retourne dans ma loge, épuisé. Marine me rejoint peu après, un sourire fier sur son visage.

- Tu as bien fait, Jordan. Tu as tenu bon.

- Merci, Marine, dis-je, essayant de cacher mon trouble intérieur.

La porte de ma loge s'ouvre brusquement sur Gabriel, le visage déformé par la rage.

- T'es qu'une merde, Marine.