POLITIQUEMENT INCERTAIN T.3 (ATTAL X BARDELLA)

23. Destiné à être seul

The Angels Cry - Chris Grey

Point de vue Jordan...

Les jours ont passé depuis cette confrontation avec Gabriel et Marine. Le souvenir des révélations me hante encore, mais ce qui est pire, c'est le silence.

Gabriel sait maintenant la vérité, mais rien n'a changé entre nous. Nous ne nous parlons pas, nous nous ignorons comme si cette confrontation n'avait jamais eu lieu.

Je me demande souvent si Gabriel a simplement décidé de passer à autre chose, de m'effacer de sa vie comme un mauvais rêve. Cette pensée me ronge, me plongeant dans une angoisse grandissante. Un soir, alors que je suis seul dans mon appartement, cette angoisse atteint son paroxysme.

Je me recroqueville sur mon canapé, les yeux fixés sur mon téléphone, défilant nos photos et espérant un message, un appel, quelque chose qui briserait ce silence assourdissant.

Rien ne vient.

Mon souffle devient de plus en plus court, mon cœur bat à tout rompre. La pièce semble se rétrécir autour de moi, les murs se rapprochent, m'étouffant.

- Gabriel... murmuré-je, espérant qu'il m'entende, quelque part.

Mais il n'y a que le silence, implacable.

Je me lève précipitamment, cherchant de l'air, mes mains tremblent violemment. Chaque respiration est une lutte, chaque pensée un coup de poignard. Mes jambes cèdent sous moi, et je m'effondre au sol, en sanglots.

Pourquoi ? Pourquoi ça doit être comme ça ?

Ma voix se brise dans la pièce vide. Les souvenirs de notre enfance, de nos rires, de nos rêves communs, me reviennent en rafales. Comment avons-nous pu en arriver là ? Comment la vie a-t-elle pu nous séparer à ce point ?

Je me souviens de Marc, de cette époque où la violence et la peur rythmaient mes journées. Les coups, les insultes, l'abandon. Je pensais qu'en quittant cette vie, en essayant de construire quelque chose de meilleur, je pourrais échapper à ces démons. Mais ils sont toujours là, plus présents que jamais.

Soudain, une vague de désespoir m'envahit.

Je me sens tellement seul, perdu dans un océan de tristesse. Les murs de mon appartement semblent me narguer, témoins silencieux de ma chute. Je me traîne jusqu'à la salle de bain, espérant que l'eau froide puisse calmer mon esprit tourmenté.

Je me tiens devant le miroir, mon reflet me renvoyant l'image d'un homme brisé. Je plonge mes mains dans l'eau glacée, mais cela ne suffit pas. Les larmes continuent de couler, incontrôlables. Je frappe le miroir, la douleur physique se mêlant à celle de mon âme.

- Jordan, calme-toi, me murmuré-je à moi-même, espérant trouver un semblant de réconfort.

Mais il n'y a rien, rien d'autre que ce vide immense qui m'enveloppe. Je m'effondre sur le sol de la salle de bain, le carrelage froid contre ma joue, mes sanglots résonnant dans la pièce. La solitude est écrasante, me laissant à bout de forces, désespéré.

Les souvenirs de Marc et de Gabriel se mêlent.

Les mains de Marion s'abattent sur mon corps, contrastant à celles de mon père.

Un tourbillon de douleur et de confusion. Je revois le visage de Gabriel, son regard empli de mépris, son rire amer. Comment avons-nous pu en arriver là ? Pourquoi tout a-t-il si mal tourné ?

Je ferme les yeux, espérant trouver un moment de paix, mais les images continuent de défiler. Les lettres, les promesses brisées, la trahison. Tout cela m'accable, me plongeant dans une noirceur que je n'arrive plus à combattre.

Tu es seul, Jordan. Tu as toujours été seul.

Et cette pensée, plus que tout, me brise le cœur. La solitude est ma seule compagne, me rappelant sans cesse que je ne peux compter sur personne. Les jours s'écoulent, et je me sens de plus en plus déconnecté de ce monde.

Peut-être qu'un jour, la douleur s'atténuera. Peut-être que Gabriel et moi trouverons un moyen de nous retrouver. Mais pour l'instant, je ne peux que survivre, un jour à la fois, dans ce brouillard de tristesse et de solitude.

Alors que je m'effondre à nouveau sur mon canapé, un sentiment de désespoir profond m'envahit. Peut-être que, finalement, je suis destiné à être seul, à vivre avec les fantômes de mon passé.

Et cette pensée, plus que tout, me brise le cœur.