Eärl

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Valyndra suivit les pas de sa sœur hors des salles de bains royales tout en ignorant les regards méprisants des servantes elfiques. Bien que son statut d'impure la suivait depuis son plus jeune âge, la rouquine n'était toujours pas à l'aise de l'animosité apparente que lui portaient ses confrères. Elle se pressa derrière de Aolis comme pour s'assurer d'une certaine protection. Si Aolis était respectée et appréciée de tous, ce n'était évidemment pas le cas pour sa bâtarde de sœur.

Son aînée ressentit sa gêne et accéléra le pas. Elles passèrent à travers les couloirs lumineux du palais royal et la meneuse était visiblement pressée.

- Où m'emmènes tu ? lança Valyndra qui peinait à la suivre.

- Voir Ada.

Non.

Valyndra se figea. Sentant qu'elle n'était plus suivie, Aolis se retourna, l'air agacé.

- Qu'est-ce que tu fais ? Viens, pressa-t'elle.

La rouquine secoua la tête.

- Il n'aura pas envie de me voir, il n'en a pas besoin.

Il n'a pas besoin de voir la eärl*, la bâtarde qu'il ne daigne même pas regarder.

Aolis leva les yeux au ciel comme elle savait si bien le faire.

- Je te demandais pas ton avis, tu viens avec moi un point c'est tout, ordonna-t'elle

Elle fit volte-face et continua sa course à travers les pièces spacieuses et lumineuses. Valyndra soupira mais lui fit suite.

Elles empruntèrent un escalier en colimaçon où du lierre se frayait un chemin entre les pierres marbrées. Les fenêtres en arc donnaient sur la vallée verdoyante du pays elfique. Valyndra ne prit pas le temps de contempler les paysages et poussa une lourde porte en bois de chêne qui donnait sur la chambre royale. Celle-ci se trouvait dans la plus haute tour du palais, sans fenêtre, avec d'immenses voûtes arquées et des plantes grimpantes le long des piliers qui soutenaient l'immense plafond. Une odeur de sang séché baignait dans la pièce.

Phaendar se tenait debout devant l'une des innombrables fenêtre, l'air préoccupé. Vêtu d'une chemise en lin blanche, on pouvait voir les bandages fraichement changés sur son flanc gauche. A l'arrivée peu discrète de sa fille et de Valyndra, il se tourna vers elles. Ses traits étaient tirés par la fatigue et ses cheveux blancs n'étaient plus tressés comme à son habitude. Il esquissa un sourire à Aolis et un signe sec de la tête à la rouquine.

- Idy'ar, salua-t'il en s'adressant à Aolis.

Valyndra s'adossa contre un mur, spectatrice des retrouvailles entre le père et sa fille.

- Comment vas-tu Ada ? s'enquit la jeune femme aux cheveux blancs d'un air grave.

- La blessure n'a touché aucun organe vital, la rassura-t'il. Je suis tiré d'affaire.

Il s'avança vers elle d'un pas hésitant et prit ses mains.

- Et toi ma fille, comment vas-tu ? N'as-tu pas été blessée durant la bataille ?

Elle secoua la tête.

- Non, j'ai eu beaucoup de chance, répondit-elle simplement.

Il sourit avec douceur et caressa sa joue de sa main rugueuse.

- Je n'ai jamais douté de tes talents de guerrière Idy'ar.

Son visage s'assombrit brusquement et il se détourna.

Flamboie comme l'or (essai/ réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant