Chapitre 29

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C'était si blanc.

Ils tombaient délicatement, les flocons de neige.

On aurait dit qu'ils ne voulaient pas agresser le sol par leur venue et qu'après ils lui faisaient un gros câlin au point de n'en faire plus qu'un.

C'était si blanc.

Ça me faisait penser à comment j'aimais ce blanc avant. À comment j'y jouais avec notre chien, Gray... et avec maman... Je n'avais encore rien compris à ce qui c'était passé ce jour... Le jour de mon anniversaire.

C'était si blanc.

Avant, je voyais le monde en couleur mais maintenant, à mes yeux, il a été repeint en gris.

Je ne comprenais toujours rien. Est-ce que c'est normal de ne rien comprendre ? Papa, lui il comprenait tout. Sander aussi. Mais ils étaient tous les deux tristes. Papa l'était plus. Il avait changé. Il ne riait plus. Il ne souriait même plus. Il ne me portait plus dans ses bras.

Il me faisait déjà un peu peur.

Peut-être parce que je grandissais ?

Maman, elle, elle était pas là.

Est-ce qu'elle allait revenir ?

Je savais bien que non. Sander me l'avait dit. Ils l'avaient tuée. Ma vision s'embua. Et je sentis très vite les larmes couler.

À travers la fenêtre de ma chambre, par laquelle je regardais les flocons de neige, je vis l'autre voiture de Sander arriver. Celle qu'ils utilisent toujours quand ils ne me disent pas où ils vont. Celle qu'ils avaient utilisée pour m'amener dans un grand manoir, deux semaines après mon anniversaire.

J'avais porté un masque cette fois-là et tout le monde m'appellait Nia.

Bizarre.

Je regardai la grande horloge. Il était 19 h 54'. Si maman était là, elle m'aurait félicitée pour avoir réussi à lire sur l'horloge à aiguilles.

J'entendis le portail s'ouvrir et peu après, c'était la porte principale. Puis, des pas sur les escaliers. Je me couchai sur mon lit, faisant semblant de dormir. Je ne savais pas pourquoi j'avais eu cette réaction exactement mais papa commençait à me faire peur. Du coup, je l'avais juste fait.

La porte de ma chambre s'ouvrit. Je savais que c'était papa et pas Sander. Ils ouvraient la porte différemment.

Aéna.

Je ne répondis rien.

Aéna.

Je fis tout pour sembler dormir. Je voulus avoir une respiration calme mais dans sa voix, ça se sentait qu'il s'impatientait.

Aéna, levé toi. Ne fais pas ça avec moi. Je sais que tu ne dors pas.

Si papa s'énervait, ça n'allait pas être beau à voir. Alors, je me levai doucement et me mis debout, le regard tourné vers le sol.

On sort, prends ton masque.

Je savais ce que ça voulait dire.

Porte le T-shirt, ton blouson et ton pantalon verts.

Celui qui est gros et que je serre toujours à la taille ? demandais-je en levant la tête.

Il y eut d'abord un silence. Sûrement parce que papa avait vu sur mes yeux que j'avais pleuré. Il fronça les sourcils, mais pas comme s'il ne comprenait pas, plus comme s'il savait pourquoi j'ai pleuré et que ça ne le laissait pas indifférent.

𝕸𝖆𝖘𝖐 𝕺𝖋𝖋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant