Tous nos jours sans Jules

Chapitre 7

Juliette est une fille impulsive. Voilà tout. Elle disparaît du jour au lendemain et puis on m'appelle parce qu'elle a fait une overdose et qu'elle est à l'hôpital. Elle s'imagine être une grande déception pour le monde entier et elle veut mourir mais la seule personne qu'elle déçoit c'est elle même.

- Charles ? Charles ? Tout va bien ? Alexandra me sort de mes pensées.
- Non. Oui. Oui. Je vais bien.
- Juliette est où ? Elle ne roule pas ce week-end ?

Elle n'est pas accro à la drogue. Elle n'aime pas ça. Mais parfois elle craque. C'est arrivé 3 fois: Jules est mort, Anthoine est mort, sa mère s'est tirée. Elle a pris de la drogue 3 fois et ça n'a jamais rien arrangé. Le ton satisfait d'Alexandra me tend et je me contente d'enfiler ma combinaison sans lui répondre. Oscar conduit encore à sa place alors qu'elle mène en points.

- Tu ne voudrais pas arrêter de parler d'elle tout le temps ? J'ai arrêté de la voir c'est bon.
- Quoi ? Je ne pose qu'une question.
- Moi aussi. Je dois y aller.

Lando ne m'a pas parlé de ce qui avait mené à son départ mais il semble vraiment s'en vouloir. Il s'est même pointé chez moi alors qu'il était saoul pour savoir si elle était là. Personne ne sait vraiment pour la drogue et l'alcool. À part moi. Elle a juste disparu sans rien dire encore une fois et c'est sûrement ma faute aussi.

- Elle est amoureuse de toi. C'est pour ça que je n'ai pas voulu que vous vous fréquentiez encore.
- C'est ma meilleure amie. Elle a le droit de m'aimer.
- Tu l'aimes aussi ?
- Quoi ? Non. C'est stupide.
- Ce n'était pas vraiment une question.
- Je t'aime toi pour le moment. Peu importe que je ressente quelque chose pour elle non ?
- Oui. Oui. Tu devais pas y aller ?

Elle grimace et c'est elle qui quitte le vestiaire la première. Je regarde mon téléphone une dernière fois avant de partir, prient pour que personne ne m'annonce sa mort aujourd'hui. C'est la première fois que je prie depuis le décès de mon père. Et je le fais pour une fille qui ne veux plus de moi parce que je lui ai brisé le cœur. On est quitte comme ça au moins. Un jour, nous devions avoir 17 ou 18 ans, elle est sortie avec Anthoine alors que je venais de lui les 3 mots que je refoulais depuis presque aussi longtemps que le début de mon existence. Juliette était ce genre d'adolescente solaire, qui brille si fort que vous devez rouge qu'à la regarder. C'est comme si une éclipse avait eut un enfant, le sourire brillant des pubs de dentifrice mais les cheveux d'un brun sombre qui n'appartient qu'à la nuit. Les yeux toujours remplis d'étoiles. Puis Jules est mort. Et elle s'est mise à briller un peu moins et moi à l'aimer un peu plus. Puis mon père est mort et je suis mis à briller un peu moins et elle a m'aimer un peu plus.

- Leclerc, ça fait 10 tours que t'es plus avec nous, la voix d'un des directeurs techniques résonne dans mes oreilles.
- Je suis là. Je suis là.

Et je lui ai dit, j'ai cédé et je lui ai dit « je t'aime ». Je venais de réussir à faire mon deuil. On venait de passer en formule 1. Tout allait terriblement bien. Je me souviens que le jour où je l'ai vu embrasser Hubert, j'ai flippé. Dans ma tête tout est devenu flou et notre chanson s'est mise à résonner dans ma tête. J'ai voulu lui hurlé dessus mais j'ai juste souris.

- Attaque. Tu peux avoir ce podium.
- Arthur ? Tu penses que j'aurais dû la choisir ?
- C'est pas le moment Charles.
- Oui je pense. Mais c'est trop tard, n'est ce pas ?
- Je suppose que oui. Mais on est égalité. 1 partout la balle au centre.
- 1 partout ? Tu lui as brisé le cœur plus qu'une fois.
- Non.

J'attaque Lewis et j'arrive à prendre le dessus. Je passe 3e.

- La fois où tu lui as dit que tu comprenais pourquoi sa mère s'est tiré. Quand tu as choisis Alex. Quand tu as décidé de ne pas aller à son anniversaire.
- J'ai compris. 

J'arrive à réduire la distance entre Russell et moi et je finis par le dépasser.

- Je suis terrifié à l'idée de la perdre. Je l'aime malgré tout ce qui s'est passé entre nous.
- Tu savais que Lando avait hurlé que sa mère s'était tirée ? Maintenant tout le monde le sait.
- Merde. Qui ça tout le monde ?
- Le monde entier. Ça a fait la une.

Quand j'arrive face à lui, il détourne directement le regard. Il soupire avant de se retourner vers Oscar en lui demandant de l'excuser.

- Je ne voulais pas que ça se passe comme ça.
- Je ne suis ps là pour t'engueuler. Je suis venu voir comment tu allais.
- Quoi ? Mais-.
- Je sais ce que c'est de se sentir tellement coupable pour son malheur qu'on pète un câble. Mais on est pas responsable de ce qu'elle fait. On est pas responsable de sa façon de gérer les choses.
- J'aimerais juste qu'on me dise si elle va bien.
- Je n'en ai aucune idée. Elle est peut-être juste rentrée chez son père.
- Non, j'ai été là bas aussi.
- Elle va revenir. Elle revient toujours.