Journal d'une survivante

Jeudi 8 février 2057

Je me réveillai en sursaut, le cœur encore battant de l'adrénaline de ma fuite. La chaleur avait disparu, remplacée par une fraîcheur surprenante. Autour de moi, la lumière du jour perçait à travers les parois d'une tente improvisée, laissant passer des rayons de soleil tamisés. Mes yeux, encore lourds, s'adaptèrent lentement à la pénombre relative de l'abri.

Je tentai de me redresser, mais une douleur lancinante dans le dos me força à rester allongée. Une couverture grossière était étendue sur moi, à peine suffisante pour chasser le froid qui s'immisçait dans les plis de ma chemise. Les bruits de la vie à l'extérieur étaient lointains, un murmure constant de voix et de mouvements qui me rappelaient que je n'étais sûrement pas seule.

Alors que je tentais de me lever, deux silhouettes se penchèrent au-dessus de moi. Leur apparence, bien que sombre et éraillée, dégageait une aura de force. Les regards perçants et les uniformes dépareillés me révélèrent qu'ils n'étaient pas des soldats du régime, mais des membres de la résistance.

« Ça va ? » demanda l'un d'eux, une femme à la chevelure éparse et aux yeux vifs, accentuant son air sévère avec une cicatrice qui zébrait sa joue.

Je hochai la tête, encore groggy. 

« Où suis-je ?

— Tu es en sécurité pour l'instant. Nous avons trouvé ta fuite opportuniste pendant l'incendie. On t'a amenée ici pour te soigner et te protéger des gardes, répondit l'autre, un homme plus âgé, sa barbe hirsute encadrant un visage marqué par les combats.

— Comment t'appelles-tu ? 

— Elisa Montreuil » répondis-je de ma voix rauque et incertaine. Mon nom fit un court silence, les deux inconnus échangèrent des regards approbateurs. 

Je tentais de me redresser davantage, et la femme m'aida à m'asseoir, m'expliquant qu'une explosion m'avait blessée et j'étais tombée inconsciente.

« Je suis Mara, et voici Renaud. Nous sommes des membres des Rebellions, un groupe qui lutte contre le régime. Tu es bien loin de ce que tu as connu, Elisa. »

Je regardais autour de moi. Les parois de la tente étaient faites de tissus décolorés et déchirés, soutenues par des piquets en métal. Au-delà de la tente, des silhouettes s'activaient, montaient des barricades et s'affairaient autour de petits feux de camp. Le campement semblait temporaire, mais organisé avec une efficacité qui trahissait une expérience approfondie de la guerre.

Avant que je puisse poser d'autres questions, Mara se pencha à nouveau vers moi, son expression se faisant plus grave. Elle déglutit.

« Nous avons une nouvelle qui pourrait te concerner. Ta sœur, elle... elle est aussi parmi nous. Nous avons appris qu'elle a disparu il y a un certain temps. »

Un choc me traversa, mélange de soulagement et d'angoisse.

« Ma sœur ? Mais comment ? Où est-elle maintenant ? »

Mara échappa un soupir, se dirigeant vers une table où des cartes et des documents étaient éparpillés.

« Nous avons eu des informations selon lesquelles elle a été capturée puis libérée lors d'un raid. Mais elle a disparu peu après. Personne ne sait exactement où elle est maintenant. Elle pourrait être en danger, ou pire... »

Renaud ajouta d'une voix plus douce.

« Nous avons mené des recherches, mais les informations sont fragmentaires. Les factions ennemies sont souvent très efficaces pour cacher leurs mouvements. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour la retrouver. »

Je sentis un poids sur mes épaules se relâcher légèrement en entendant que ma sœur était vivante, mais l'inquiétude persista. Le simple fait qu'elle soit portée disparue m'angoissait profondément.