Journal d'une survivante

Samedi 10 février 2057

Le lendemain, je me réveillai aux premières lueurs de l'aube, le sommeil à peine reposant ayant laissé une fatigue tenace dans mes muscles. Chaque mouvement me rappelait les efforts de la veille, mais la détermination de continuer me poussait à me lever rapidement. Je savais que retourner aux décombres et chercher d'autres survivants était crucial. Le souvenir de la petite fille retrouvée la veille me donnait l'énergie de continuer malgré la douleur et l'épuisement.

En sortant de la zone de repos, je croisai Mara, son visage grave et fatigué. Elle avait l'air d'avoir porté le poids du monde toute la nuit.

« Mara, je suis prête à retourner sur le site. Peut-être que nous trouverons encore quelqu'un. »

Mara secoua la tête, son expression désespérée.

« Elisa, nous avons fouillé toute la nuit. Malheureusement, nous n'avons trouvé personne d'autre. Les décombres sont trop instables pour continuer les recherches sans risquer davantage de vies. »

Une vague de désespoir m'envahit, comme si un poids énorme s'écrasait sur ma poitrine. La pensée de ma mère, toujours disparue, rendait chaque respiration plus difficile. Je voulais protester, crier, retourner fouiller moi-même, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Mara continua.

« Nous avons reçu des informations cruciales pendant la nuit. Il semble que le régime prépare une attaque imminente contre notre camp. Nous devons nous préparer à partir et à stopper cette attaque avant qu'elle ne fasse d'autres victimes. »

La gravité de la situation me frappa de plein fouet. Une attaque ? C'était un coup de massue.

« Une attaque ? Quand ? 

— D'ici peu de temps. Nous devons être prêts à partir dès que possible. Notre priorité maintenant est d'éviter une autre catastrophe et de protéger ceux qui sont ici. »

Je hochai la tête, réprimant mes larmes et mon désespoir. La réalité de la guerre ne laissait pas de place à l'inaction ou à la complaisance. Même si je n'avais pas trouvé ma mère, il était crucial de protéger les vivants et de préparer la résistance à ce qui allait venir. Une lourde tristesse m'accablait, mais la nécessité de protéger les autres me donnait une nouvelle raison de me battre.

Je rejoignis les autres membres du camp, chacun s'affairant à démonter les installations, à empaqueter le matériel essentiel, et à préparer notre départ. L'ambiance était tendue mais disciplinée, chaque personne consciente du danger imminent. Chaque geste, chaque parole était comme prévu depuis longtemps. Ils avaient du se retrouver face à des situations similaires très souvent et l'habitude avait fait céder la peur au calme.

Alors que je rangeais des provisions, je vis la petite rescapée, toujours inconsciente, mais sous la surveillance attentive de l'équipe médicale. La voir ainsi, si vulnérable, fit monter en moi une nouvelle vague de détermination. Même dans les moments les plus sombres, il y avait des vies à sauver et des gens à protéger. Sa survie symbolisait une petite victoire, une lumière dans la nuit.

Renaud vint me trouver alors que nous terminions les préparatifs. 

« Elisa, tu as montré une grande force et du courage. Nous avons besoin de toi pour aider à guider les autres vers le nouvel abri. Tu connais les lieux, tu as déjà fait preuve de leadership. »

Je pris une profonde inspiration et acquiesçai.

« Je ferai tout ce que je peux pour aider. Où allons-nous ? 

— Nous avons un autre campement préparé à quelques kilomètres d'ici, dans une zone plus sécurisée. Nous partirons en petits groupes pour éviter d'attirer l'attention. »