12 - JE TE FAISAIS CONFIANCE

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L'information est la monnaie du pouvoir, une substance intangible qui sculpte les contours de la réalité et façonne les perceptions humaines avec une finesse insidieuse

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L'information est la monnaie du pouvoir, une substance intangible qui sculpte les contours de la réalité et façonne les perceptions humaines avec une finesse insidieuse. Celui qui en détient les clés n'est pas simplement un transmetteur de faits, il devient l'architecte de la pensée collective. Un maestro invisible qui orchestre la symphonie des esprits, guidant les actions et les décisions avec la précision d'un marionnettiste. Alors, lorsqu'elle est détournée ou mal utilisée, l'information se transforme en une épée à double tranchant, une force destructrice capable de déchirer le tissu même de l'ordre social. Un véritable poison. L'instrument du chaos.

À moins que ce ne soit celui qui récolte ce poison, enchaîné sous le joug d'une force supérieure, le véritable instrument du chaos.

"Non... C'est..."

Les mains de Changbin se crispèrent autour du journal avec une force désespérée, le papier froissé se transformant en une boule informe sous l'effet de ses doigts puissamment contractés. Chaque ligne du texte semblait se déformer et se plier sous l'intensité de son emprise, les lettres se fondant en une mélasse illisible alors qu'il tentait de contenir l'angoisse qui le dévorait. Ses lèvres tremblantes semblaient incapables de prononcer les mots qui tournaient dans son esprit, marquant son visage d'une expression de confusion désespérée, comme s'il venait à l'instant de tout perdre : son travail, ses rêves, ses espoirs, et plus important encore, sa foi en l'humanité. Il s'effondra sur l'extrémité d'un des bancs, le bois dur et usé par endroits lui renvoyant une froideur inconsolable. Ses yeux, écarquillés par la panique, balayaient la pièce frénétiquement, cherchant désespérément à rassembler ses pensées éparpillées comme des éclats de verre brisé.

De l'autre côté de la pièce, les deux amants en pleine querelle s'étaient eux aussi interrompus brusquement, tous deux sentant les muscles de leurs corps se tendre davantage - bien qu'ils ne pensaient pas cela possible. Minho s'avança de quelques pas, écartant le barman d'un geste mesuré pour tenter de comprendre la raison de toute cette agitation. Jisung, lui, voulut attraper la manche de sa chemise pour lui dire de rester près de lui. Pour lui dire qu'il était désolé de s'être emporté ainsi, qu'il était heureux de l'avoir enfin retrouvé. Et surtout, pour lui dire qu'il avait besoin de lui. Qu'il avait toujours eu besoin de lui dans sa vie, tant par amour que pour tout oublier, au moins l'espace d'un instant, enlacé dans ses bras protecteurs. Mais il n'en fit rien. Rongé par un mauvais pressentiment, il se contenta de triturer son propre vêtement entre ses doigts moites. Aucun mot ne put sortir tant la boule de mucus grandissant dans sa gorge emprisonnait ses cordes vocales dans son souffle hachuré. Son regard, habité quelques minutes plus tôt par des nuages noirs de colère frustrée, n'était désormais plus qu'un voile de confusion, de peur et de tristesse. Une brume d'angoisse pénétrant chaque pore de sa peau, polluant même l'oxygène qui le maintenait en vie.

Laissé à l'écart dans cette agitation, il chercha du regard son point d'ancrage de l'autre côté du bar, celui qui détenait son existence au creux de sa main depuis maintenant bien des années. Mais ce dernier s'était discrètement éclipsé dans l'arrière-boutique, sans que personne le remarque. De l'autre côté, le soldat de la Garnison buvait sa bière à grandes gorgées, son geste presque frénétique rompant le silence oppressant qui avait envahi la pièce en une fraction de seconde. Jisung tenta de respirer normalement, ses inspirations se transformant en luttes contre la compression croissante de sa poitrine. Fort. Toujours plus fort. À tel point que ses côtes auraient presque pu se fendre. Chaque souffle désespéré était un effort surhumain pour maintenir une façade de calme. Mais Jisung se retrouvait paralysé par la sensation d'étouffement, comme si l'air s'évaporait en entrant dans ses poumons. Il posa sa main sur sa poitrine, pressant sa paume contre son cœur. Il pouvait sentir ses battements affolés, incapables de se reprendre un rythme en dessous de cent battements par minutes. Il aurait voulu libérer son muscle affolé de ses chaînes, déchirer le tissu qui l'enserrait de plus en plus fort sous la sueur collante. Car il avait mal. Il avait si mal.

Wish you back | [Minsung / Hyunlix]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant