14 - QUELQU'UN DE BIEN

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Dans le royaume des ombres, où les jours se succèdent comme des spectres silencieux, le bonheur est une étoile fugace

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Dans le royaume des ombres, où les jours se succèdent comme des spectres silencieux, le bonheur est une étoile fugace. Pour ceux qui ont toujours vécu dans la pénombre, cette lueur éphémère semble presque irréelle, un éclat de rêve à peine tangible, à tel point que l'effleurer relève du miracle. Alors, avec une ardente désespérance, on cherche à la caresser, l'embrasser, l'enlacer, à s'y abandonner en espérant se noyer dans la chaleur réconfortante qu'elle promet. Mais le bonheur, le véritable bonheur, sans tourments ni douleurs, n'est qu'une douce illusion. Et ce n'est que lorsqu'il se dissipe, après y avoir trempé les lèvres, que la chute est la plus douloureuse, creusant des cicatrices profondes dans le cœur de celui qui a seulement osé espérer. Car le diable n'oublie jamais. Même si un ange égaré ne peut retrouver le chemin du paradis, l'enfer ne manque jamais de rappeler ses démons à lui.

Trois cent soixante-cinq. Ce soir-là, lorsque le voile de la nuit s'étendait une nouvelle fois sur le camp des Brigades d'entraînement, cela faisait exactement un an que le petit voyou de la cité souterraine avait rejoint la surface, embrassant l'espoir de devenir un habitant des murs à part entière. Quelqu'un de respectable. Quelqu'un tout court.

Dans le dortoir que partageaient les plus jeunes du groupe, tous les cinq attendaient en compagnie de leur aîné d'un an, le regard vide, dans un silence si épais que leurs poumons se serraient inlassablement dans leurs poitrines. Le prince héritier était adossé contre le mur, assis en travers de son lit. Ses doigts effleuraient doucement les longs cheveux bruns de son inséparable moitié, qui, le regard fixé sur les poutres en bois du plafond, se perdait dans ses souvenirs. L'orphelin, assis en tailleur à même le sol, semblait presque fusionner avec les lattes de bois grinçant sous son poids. Sa tête reposait contre le matelas usé, ses cheveux épars tombant en mèches désordonnées sur les draps froissés. À ses côtés, la petite boule de muscles resserrait son étreinte autour de ses épaules, caressant son bras dans un geste à la fois protecteur et compréhensif. Les deux plus jeunes, quant à eux, avaient pris place autour de la table centrale, leurs postures figées dans une tentative d'évasion par le travail. L'aspirant à l'élite feuilletait un manuel théorique, absorbé dans les révisions pour les cours du lendemain. Son voisin, quant à lui, feignait de se plonger dans un ouvrage spécialisé sur la chimie des matériaux à l'origine des lames capables de trancher la nuque de leurs ennemis. Les pages se tournaient avec une lenteur hypnotique, chacune d'elles cherchant à prolonger l'illusion d'une distraction. Aucun d'eux n'osait ouvrir la bouche, ni même respirer trop fort, cherchant collectivement à se réfugier dans le déni.

Soudain, la porte s'ouvrit lentement dans un grincement sinistre, brisant la lourde tension qui pesait dans la pièce. Tous les regards se tournèrent d'un coup vers l'entrée, captant instantanément le mouvement discret de la porte qui révélait enfin les silhouettes de leurs deux aînés, portant chacun un sac à dos usé. Sans un mot, ils posèrent leurs affaires dans un coin de la pièce avant de se diriger vers le groupe silencieux qui les observait avec des yeux chargés de mille émotions. Toutefois, Jisung ne pouvait pas se résoudre à affronter cette réalité et préférait fixer ses mains en train de triturer nerveusement ses pieds. Changbin, percevant la détresse de son cadet, se rapprocha davantage. Sa main remonta sur la tête de Jisung et l'attira délicatement contre son épaule, oubliant l'espace d'une seconde les penchants de jalousie maladive de son aîné.

Wish you back | [Minsung / Hyunlix]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant