Chapitre 3

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Ariana

Misiones, Puerto Iguazú

Toujours dans ma chambre, Sofia continue de me raconter notre rencontre, quelque peu tumultueuse. Je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas posé la question plus tôt. Cette anecdote, je compte la garder en mémoire.

— Tu m'as ensuite avoué que tu souhaitais avoir la même coiffure que ta poupée qui avait les cheveux courts. Et t'es parti en courant voir ton père me laissant seule debout dans ta chambre.

Quel genre de gosse étais-je ? En dépit de mon jeune âge, je savais déjà à ce moment-là à quel point mes cheveux étaient appréciés par papa. C'est encore d'actualité d'ailleurs. Il en a toujours pris soin, je peux le remercier en partie pour leur brillance et leur longueur. Moi aussi, mes longs cheveux bruns sont l'une de mes fiertés.

— Donc t'es venue dans ma chambre et je t'ai juste dit que je me suis coupée les cheveux avant de partir?

— Exactement, guapa. D'un coup j'ai entendu ton père crier et je vous ai vite rejoint. Il t'engueulait pour ta bêtise et je te laisse imaginer ma réaction quand de dos, j'ai remarqué la catastrophe que tu avais faite. C'était horrible. Andres allait te tuer donc je t'ai ramenée dans ta chambre et j'ai réarrangé tout le bordel. Depuis c'est moi qui m'occupe de tes cheveux. Je t'ai assise, comme maintenant sur une chaise et avant que je commence à m'occuper de toi tu m'as demandé qui j'étais. Mais j'ai paniquée.

Je lui demande dans quel sens et comment elle s'est présentée et je ne retiens pas mon rire lorsqu'elle me réponds:

— J'ai répondu que j'étais ta coiffeuse à domicile.

A son tour, son rire éclate et nous sommes interrompus par la venue de mon père dans la pièce. Ce dernier nous regarde dans l'incompréhension avant d'afficher un sourire. Il a toujours aimé nous voir toutes les deux complices, les deux femmes de sa vie selon lui.

— Vous mijotez quoi encore ?

— Mi amor je lui raconte, déclare la blonde en essayant de contrôler son rire, la première fois qu'on s'est vu elle et moi.

— Tu sais, ajoute mon père en passant une main dans ses cheveux foncés, c'est quand tu m'as retrouvé le soir en me confiant t'être pretendue sa coiffeuse à domicile que j'ai su que tu serais la femme de ma vie.

Je mime une grimace de dégoût devant sa mini-déclaration. Qu'ils aillent faire leurs trucs mignons plus loin.

Allez jouer aux amoureux dehors !

— Mais le soir j'ai réagis comment lors de la révélation de qui tu étais vraiment, demandé-je.

— Le soir !? Elle a fait durer le mensonge trois semaines. Sofia te coiffait tous les matins pour rendre son mensonge plus crédible, se moque mon père.

— Oui mais je stressais. Imagine si tu m'avais rejeté, j'aurais sans doute pleuré et paniqué deux fois plus, se justifie-t-elle.

Et comme un flash-back dans les films, un souvenir me revient.

— En réalité, je corrige, ton mensonge n'a duré que deux semaines.

— Non, j'ai joué ta coiffeuse deux semaines j'en suis certaine. D'autant plus que la dernière semaine tu étais particulièrement exigeante. Tu me demandais des coiffures totalement irréalisables !

Je vois du coin de l'œil Papa se pincer les lèvres. Mon regard croise celui de Sofia dans le miroir de la coiffeuse et elle saisit que quelque chose cloche.

— En fait, j'étais chiante la dernière semaine parce que je savais qui tu étais. Papa me l'a avoué la semaine d'avant et il m'a payé en bonbons pour que je fasse une fausse réaction quand tu m'aurais avoué la vérité. Le soir où il me l'a révélé, il a ajouté que je pouvais te faire galérer pour ton mensonge. C'est de lui toutes les idées coiffures.

DI SANTOSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant