⭐️Partie LII⭐️

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Dans la peau de Kenzo

Après ma discussion avec Morgan, j'ai décidé d'aller faire un tour histoire de m'aérer la tête. Tout ce bourbier est fatiguant psychologiquement et physiquement, j'aurai aimé que les choses se passent différemment. Que mes parents me disent la vérité plus tôt, mais non. Ils ont fait tout l'inverse. Je suis encore trop en colère pour accepter de les voir pour le moment. Je préfère rouler encore et encore pour me calmer au maximum, et éviter de dire des choses qui dépassent mes pensées.

Ça fait près d'une heure que je roule, sans vraiment savoir où je vais. J'emprunte des itinéraires au hasard, la musique à fond, la clime qui tourne. Juste ça. C'est tout ce qu'il me faut en ce moment. Et j'ai aussi envie de voir une personne en particulier avant de rentrer. Ça peut surprendre, autant que moi ça m'a surpris, mais je me suis vraiment rapproché de Delya. On a des caractères casi similaire, une personnalité en retrait contrairement aux autres membres de notre famille mais on serait aussi prêt à déplacer des montagnes pour ceux qu'on aime. C'est sûrement ce qui a fait que l'on s'est autant bien entendu. Une fois l'histoire de ma conception révélée, elle tout comme Morgan et les autres ont voulu savoir comment j'allais. Au début je ne répondais pas à leurs appels ni à leurs messages. Puis j'ai commencé à répondre à ceux de Delya, parce qu'étant donné qu'on a pas de lien de sang direct, je me sentais plus à l'aise de lui dire ce que je ressentais. Elle n'essaierait pas de me résonner pour que je pardonne à mes parents et aux autres de suite. Et c'est exactement ce qu'elle a fait. Elle m'a écouté déblatérer pendant des heures, quand je venais à la maison de la forêt sans que personne ne sache. Elle a toujours gardé le secret et c'est ce qui m'a en partie permis d'encaisser la chose sans pression.
Bien évidemment elle m'a sorti le p'tit speech du « c'est ta famille, tu ne dois pas leur en vouloir trop longtemps, bla-bla-bla ». Mais c'est tout, y'a pas eu plus que ça. Et je ne l'en remercierait jamais assez.
Du coup j'en profite pour allez la voir, avant de rentrer chez mes parents. Je me gare aux abords de la maison de la forêt. Il fait absolument noir, et comme ma voiture est noire de chez noire, bonne chance pour la voir ici. Je commence à marcher avec la lampe de mon téléphone. Je me prends bien cinq-six fois des branches d'arbres dans la tronche, mais j'arrive enfin au cabanon. Je suis sûr qu'elle y est encore. J'arrive devant la porte, je m'apprêtais à toquer quand je me relooke rapidement. Je passe ma main sur mon tee-shirt et nettoie un peu mes chaussures qui ont pris cher avec la boue sur le chemin. Je toque enfin et sa voix laisse entendre un « entrer » bien fort. J'ouvre la porte et la voit pianoter sur son ordinateur, comme d'habitude.

Moi : T'as rien d'autre à faire de ta vie, Delya? T'es tout le temps sur ton ordi.
Delya : Lui au moins il ne pose pas de questions débiles. Qu'est-ce que tu fais ici à une heure pareille?
Moi : Je suis juste venu te voir, et...
Delya : Et éviter tes parents. Encore.

Je me tais et regarde ailleurs. Même si elle ne me vois pas directement, Delya me connaît suffisamment maintenant pour savoir que c'est un point sensible. Je fais le tour du cabanon et constate que quelques petites choses ont bougé. J'aperçois également la photo d'un gars posée juste à côté d'un cadre photo où Delya et sa famille y paraissent tous en souriant, devant une voiture qui m'a l'air de luxe. Je touche la photo du bout des doigts en repensant à ma famille. On a une photo casi pareille à la maison. Je comptais la prendre quand Delya me tape la main.

Delya : Touches pas à ça!
Moi : Et pourquoi?
Delya : Et pourquoi pas?
Moi : Tu te crois drôle ?
Delya : Je ne le crois pas, je le suis. Bon, si t'es venu juste pour faire ça, je vais dormir.
Moi : Attends, je voulais discuter.
Delya : Je m'en doutais un peu. Viens, on se pose sur le canapé.

Une Vie De Triplées: Les Enfants d'abord!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant