CHAPITRE 11

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Monaco, 2 juin 2024


Esmée marchait le long de la côte, les yeux ouverts cette fois. Quelque part, elle espérait recroiser Carlos. Elle ne savait pas pourquoi, mais le fait qu'il ait pris soin d'elle au grand prix de Monaco lui donnait envie de lui faire confiance. Mais voilà, Esmée avait tant prit l'habitude de se renfermer au moindre contact humain qu'elle n'osait plus s'attacher aux gens.

- Salut toi.

Elle se retourna, surprise de voir un homme derrière elle. Elle ne l'avait absolument pas entendu arriver.

- Bonjour, répondit-elle poliment.

Mais Esmée avait déjà compris ce qui allait suivre.

- Tu viens souvent courir ici toute seule ? demanda le type aux cheveux blonds.

Elle ne l'avait jamais vu, et aurait préféré en rester là.

- Je ne cours pas, je préfère marcher, répondit-elle doucement. Bonne soirée à vous.

Lentement, elle se retourna et reprit sa marche sur la jetée qui longeait le port de Monaco. Ce soir-là, les rues étaient malheureusement plutôt calmes. Personne ne pourrait l'aider si ce mec se montrait trop insistant.

- Attends ! s'exclama-t-il. Je peux t'accompagner dans ta promenade ?

- Non merci, répondit Esmée en souriant.

Elle savait que dans ce genre de situation, il ne valait mieux pas contrarier l'individu. Elle espérait simplement qu'il passe son chemin respectueusement. Utopie.

- On pourrait au moins faire connaissance, t'es super jolie...

Esmée comprit alors qu'il n'avait pas l'intention de partir, au fur et à mesure que le visage de cet homme se durcissait. Elle attrapa discrètement son téléphone dans son dos, et appuya sur le premier numéro qu'elle trouvait.

Esmée eut un mouvement de dégoût. Cet homme venait de poser son bras autour de sa taille, et marchait collé à elle comme si elle lui appartenait.

- On va aller chez moi, qu'est-ce que tu en penses ? proposa-t-il contre sa joue.

Les larmes montaient aux yeux de la jeune femme, qui priait pour que la personne qu'elle avait appelé, peut importe qui c'était, comprenne ce qui se passait et arrive vite. Elle avait fait exprès d'activer sa localisation sur son téléphone pour être repérable.

- Ecoutez, peut-être qu'il y a eu un malentendu mais... tenta-t-elle.

- Bien sûr que non, la coupa le type aux cheveux blonds. Tu te pavanes dans des fringues moulantes comme ça, et tu penses que tu ne vas pas me donner envie ?

Les propos de cet homme firent couler les larmes d'Esmée qui frissonna de peur. Elle était fatiguée, pourquoi cela lui arrivait-il à elle ? Elle n'avait pourtant rien demandé. Alors qu'elle commençait à penser qu'elle allait devoir suivre ce type, une Mclaren orange débarqua devant eux à toute vitesse. Le conducteur ralentit d'un coup, et sortit de la voiture.

- Monte dans la voiture Esmée, ordonna Carlos.

- Carlos, je...

- Désolé mec, elle est à moi celle-là, cracha le mec qui tenait la taille de la rouquine avec force.

Tandis qu'Esmée continuait de pleurer en tremblant, l'espagnol serra la mâchoire. Deux autres personnes sortirent de la voiture, qu'elle identifia comme Lando Norris et Alex Albon à travers ses larmes.

- Je te conseille amicalement de la laisser tranquille, lança Lando en s'approchant de Carlos.

- Alors t'as vraiment une armée de pilotes pour te protéger ? ricana le blond en rapprochant davantage Esmée de lui. Et qu'est-ce que vous allez faire, au juste ?

Sur ces mots, il embrassa la joue de la jeune femme qui ferma les yeux de dégoût. Dans la seconde qui suivit, Carlos se jeta sur lui.


Esmée pleurait en silence tandis que Carlos roulait rapidement en direction de son appartement. Lando et Alex étaient assis à l'arrière, et la jeune femme sentaient qu'eux aussi avaient été tendus par la situation. Elle aurait voulu les remercier d'être venus, mais elle se sentait trop honteuse de la position dans laquelle ils l'avaient vue.

- Carlos...

- Si je recroise ce fils de pute je le tabasse à mort, crache l'espagnol le regard noir concentré sur la route devant lui.

- L'essentiel c'est qu'elle aille bien, répondit Lando en jetant un coup d'œil à Esmée.

- Carlos...

- Quoi ?

- Roule moins vite s'il te plaît, demanda doucement Esmée.

Il ralentit en se rendant compte qu'il l'avait effrayée, et s'excusa. Lorsqu'il arriva devant l'appartement d'Esmée, elle sortit de la voiture tandis qu'il en faisait de même.

- Tu fais quoi ? demanda-t-elle.

- Ne crois pas que je vais te laisser toute seule à pleurer chez toi alors que t'es dans cet état, décida le brun.

- Mais et Alex et Lando ?

- C'est la voiture de Lando, ils vont rentrer.

Lando sortit de la voiture pour s'asseoir à la place du conducteur. Il fit un petit clin d'œil à Esmée d'un air rassurant, et celle-ci lui sourit sincèrement.

- Pourquoi est-ce qu'ils sont venus ? Ils ne me connaissent même pas, demanda-t-elle à Carlos.

- J'étais au golf avec eux, et ils n'ont pas hésité à m'accompagner. Je crois qu'ils voulaient s'assurer que je ne fasse pas de connerie.

- J'ai vu que tu avais tendance à t'emporter facilement, remarqua Esmée en essuyant ses larmes alors qu'ils entraient dans l'appartement.

- Ce type l'avait cherché, justifia le pilote en se massant les poings. Wouah, c'est joli chez toi.

- Tu rigoles, c'est le bazar oui.

- J'aime bien ce genre de bazar, répondit-il en montrant du menton des toiles posées contre le mur. Tu peins ?

- Beaucoup.

- C'est très beau.

Un petit silence se fit, durant lequel les deux adultes restèrent debout l'un en face de l'autre sans savoir quoi dire. Carlos toussota, et Esmée se racla la gorge, gênée.

- Tu es sûr que tu veux rester ici ? Je veux dire, tu n'as aucune raison de...

- Bien sûr, la coupa l'espagnol. Je te propose quelque chose : tu vas prendre une douche, je commande à manger, on regarde un film et quand tu te sens prête on discute de ce qu'il s'est passé.

Esmée sourit en entendant cette proposition.

- Ça me va.

- Pizza ?

- Sushis.

- Va pour les sushis.


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