CHAPITRE 20

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Monza, 31 août 2024


Alors qu'elle sortait de la salle de bain en serviette tout en chantonnant "Bella Ciao", Esmée sursauta en découvrant Carlos assis sur le canapé de la chambre d'hôtel.

- Putain ! jura-t-elle en français.

- Désolé ! lança le brun en se tournant. J'ai rien vu, promis. Je t'appelais mais tu répondais pas.

- Logique idiot, j'étais sous la douche, marmonna la rouquine en retournant dans la salle de bain. Laisse-moi m'habiller et j'arrive.

Elle se dépêcha d'enfiler un maillot Ferrari ainsi qu'un jogging blanc, et ressortit en attachant ses cheveux mouillés.

- Joli maillot, rit Carlos.

En le regardant quelques secondes, Esmée remarqua des égratignures à son bras droit et une légère éraflure sous son œil gauche.

- T'es pas censé avoir un casque quand tu roule ? fit-elle en fronçant les sourcils.

- Ma visière s'est cassée pendant l'impact, mais je suis flatté de voir que tu t'inquiètes à ce point de ma sécurité, princesa.

- Garde espoir cabron.

- J'ai entendu dire que tu avais terrorisé ma copine, affirma Carlos en esquissant un rictus amusé.

- Quelle drama queen, râla Esmée. Je lui ai juste donné un coup de main, elle devait simplement être... en état de choc. Elle a eu très peur pour toi, tu sais ?

- Arrête de mentir, je sais très bien qu'elle était à dix mille années lumières de penser à mon état, souffla le brun.

La jeune femme leva les yeux au ciel et vint s'asseoir à côté de son ami.

- Je l'ai quittée, annonça le pilote.

- Cette fois c'est toi qui mens.

- Même pas. Elle me gonflait depuis un moment, et le temps où j'étais amoureux d'elle commence à remonter à loin, avoua-t-il.

- Je dirais bien que je suis désolée pour elle mais...

- Tu ne l'es pas.

- Pas le moins du monde ! avoua Esmée, ce qui fit rire Carlos. Par contre, désolée pour toi, tu te retrouves sans fan.

- J'en ai d'autres.

- Ah oui ?

- Tu crois que j'ignore que tu as dit à Charles que j'avais fait une meilleure saison que lui l'année dernière ? se moqua l'espagnol.

- J'ai du dire ça sous la torture sans doute, se défendit Esmée.

- On peut faire un pari ?

- Encore ? Le dernier m'a conduite ici je te rappelle.

- Et il y a bien pire comme situation, la rabroua Carlos.

La jeune femme hocha la tête.

- Ok, je parie ceci, commença le brun. Si j'arrive au podium, tu viens me soutenir au prochain Grand Prix. Avec mon maillot, ma casquette, et dans mon garage.

- Carlos...

- Je te demande pas grand chose, et je sais que ce ne sera pas insurmontable vu que tu es déjà fan de moi, rit-il.

- Sauf que ce que tu me demandes, c'est plus que ça. Pourquoi tu veux que je te supporte, toi et uniquement toi ? C'est encore un truc de concurrence débile avec Charles ? demanda Esmée.

- Si il peut t'avoir, pourquoi pas moi ? marmonna Carlos.

Ce fut la phrase de trop.

- Je suis quoi moi, un putain d'objet ? s'agaça la rouquine. Tu veux m'exhiber comme un trophée, et foutre le seum à Charles ?

- Pas du tout, je veux juste que...

- J'en ai rien à branler de ce que tu veux Carlos ! Charles est comme un frère pour moi, et je le soutiendrais toujours ! Et toi aussi je te soutiens, mais ne me demande pas de choisir un putain de camp, parce que j'en ai ras le bol de vous comparer à longueur de journée, articula-t-elle en serrant les dents.

- Je suis désolé, je voulais pas dire ça, soupira Carlos en baissant le regard. J'aimerais simplement que tu sois là. Juste pour cette fois si tu veux, et puis avec une P7 rien n'est gagné pour le podium alors...

Esmée s'adoucit un peu en souriant. Elle comprenait que c'était simplement une manière maladroite de la vouloir avec lui. Pour une raison qui lui échappait, ceci dit.

- T'as pas besoin de parier à chaque fois que tu veux que je sois là, lui dit-elle tout bas.

Le brun leva la tête pour lui lancer un regard méfiant.

- C'est-à-dire ??

- Ben je suis pas non plus une machine à sous dans un casino, expliqua la jeune femme. Je peux faire les choses parce que j'en ai envie.

- Donc tu viens me soutenir à là prochaine course ?

- Mmh.

- C'est trop bon de ta part, fit le pilote en se tenant le cœur.

- Le coeur est de l'autre côté idiot.

Il fronça les sourcils alors qu'elle se levait du canapé.

- C'est pas tout ça mais je suis sûre que tu as d'autres choses à faire, comme aller dormir après ton accident, affirma Esmée en se dirigeant vers son lit pour s'écrouler dessus.

- J'arrive pas à savoir si tu t'inquiètes pour moi ou si tu cherches à me virer de ta chambre, ironisa Carlos.

- Considère que c'est les deux.

- Pardon ?

- Bonne nuit Carlos !

- Bonne nuit Esmée, répondit-il avec un grand sourire en sortant. 


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