Olessia
Les immenses buildings qui se dressent de tous les côtés m'indiquent que je viens d'arriver dans le quartier des affaires de la ville. J'ai appris le plan pour arriver à la Tour Kelton par cœur pour ne pas avoir à utiliser le GPS de mon téléphone. J'ai beau tenir à ma vieille BMW, elle n'a pas les avantages des progrès électroniques de l'automobile de ces dernières années intégrés à son tableau de bord.
Mon index tapote nerveusement le haut du volant en cuir dur. Je suis arrêtée à un feu rouge, et je regarde passer les piétons, le regard impassible. Ils sont tous habillés de costumes impeccables, de tailleurs de grands couturiers, une mallette à la main, tous plus pressés les uns que les autres. Certains déblatèrent un monologue, leur téléphone pendu à leur oreille. Ils sont tous gris, sans vie, se fondant dans un accord parfait aux couleurs du ciel nuageux. Je me demande combien parmi eux sont réellement heureux. Le feu passant au vert, j'embraye et passe la première, m'engouffrant dans une petite rue donnant accès au parking souterrain réservé aux employés de la Tour Kelton.
Les usines de Kelton's Industries se trouvent à une petite centaine de kilomètres de là, et c'est dans le plus grand building du quartier des affaires que la ville renferme les bureaux administratifs de l'entreprise. Le bâtiment regroupe d'autres bureaux d'entreprises de plus petites tailles, toutes achetées et dirigées par Charlie Kelton. C'est une véritable fourmilière, qui embauche plusieurs milliers de salariés. Les bureaux de la société de production de matériel militaire représentent à eux seuls soixante-dix pourcent de l'activité professionnelle du building, et leurs locaux sont perchés au plus haut de ce dernier, sur plusieurs étages. Cela reflète parfaitement l'esprit de Charlie Kelton : au rez de chaussée se trouvent les sociétés les moins puissantes qu'il détient, comme écrasées par le manque d'intérêt financier qu'elles représentent, et au sommet, le summum de son pouvoir.
Je m'arrête devant l'entrée du parking pour me présenter à la sécurité. On m'a remis un badge lors de mon dernier entretien, que je vais devoir montrer chaque jour si je veux pouvoir me garer pour entrer dans les locaux. Mon badge n'étant pas encore activé, je dois également montrer plusieurs documents officiels, tamponnés, signés, pour bien prouver que je ne suis pas une putain de terroriste. Alors que je fais descendre la vitre de ma portière, je revêts le masque de la jolie blonde innocente et toute sage, que je me suis si longtemps entraînée à porter, et que je vais devoir garder toute la journée.
«Bonjour !» Dis-je joyeusement d'un air faussement perdu. L'homme de la sécurité m'observe attentivement avec un regard glacial, et prend le badge et les documents que je lui tends à travers la portière.
«Je suis Olessia Williams, la nouvelle assistante de Monsieur Kelton. C'est mon premier jour au sein de Kelton's Industries.» continuai-je gaiement. «On m'a dit que vous deviez activer mon badge d'entrée ?»
«Un instant, s'il vous plaît.» Me répond le vigile après un petit instant d'hésitation, un soudain sourire mielleux flanqué aux lèvres. Je fais partie de la très haute sphère de l'entreprise, il a dû très probablement recevoir des instructions précises pour ce type de personnel «haut de gamme». Il prend délicatement les documents que je lui présente, puis vérifie ma carte d'identité, l'authenticité des signatures, et sort un petit boîtier électronique avant de poser mon badge sur celui-ci. Un «bip» sonore retentit, puis il me redonne tous mes documents avec un sourire.
«Vous pouvez emprunter l'entrée de gauche, et rester à cet étage du parking. Votre place est sur l'emplacement numéro trente trois. N'hésitez pas si vous avez besoin que je vous guide, Madame Williams.»
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Prélude (dark romance)
RomanceOlessia : je peux déjà sentir le délicieux goût aigre-doux de la vengeance sur le bout de ma langue. Depuis tout ce temps, j'ai appris à être parfaite, j'ai appris à être docile, à devenir la petite chose fragile à qui ils aiment s'attaquer. Le mome...