Chapitre 9

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Olessia

Ce matin, je suis arrivée au travail avec une heure d'avance. Je n'ai presque pas fermé l'œil de la nuit. Après avoir vérifié une nouvelle fois les enregistrements de mes caméras de surveillance la veille, on peut en effet y voir un homme après que je me suis absentée de ma chambre, déposer quelque chose sur mon lit et repartir discrètement. Comment a-t-il fait pour déjouer l'attention de Yaga ?

Quand je me suis levée, je ne suis même pas allée courir avec lui comme j'en ai l'habitude. J'étais complètement stréssée, et incapable de faire autre chose que les cent pas chez moi. Lorsque je me suis approchée de ma machine pour me faire couler mon quatrième café alors que ça faisait à peine une heure que j'étais sortie de mon lit, incapable de trouver le courage de commencer mes recherches approfondies sur Anton, j'ai décidé qu'il fallait que je sorte d'ici pour le confronter directement. Je veux lui montrer que je ne suis pas de toutes ces femmes fragiles et crédules avec qui Charlie et les autres aiment s'amuser.

J'ai enfilé une robe assez classique grise, me suis maquillée à la hâte, et suis partie en direction de la Tour Kelton alors que le jour n'était même pas encore levé.


Il est tout juste sept heures quand j'arrive dans mon bureau et Charlie n'est même pas encore là. Il n'y a qu'Andrew qui est déjà présent, ce que je découvre quand il passe devant mon bureau. Il s'arrête, surpris de me voir déjà assise devant mon ordinateur.

- Olessia, dis-donc, tu es bien matinale !

Je lui souris en essayant de ne pas avoir l'air trop tendue.

- Oui, je... je voulais avoir plus de temps pour préparer la réunion de signature, dans dix jours. Je mens en lui adressant un sourire.

- C'est une excellente initiative de ta part. Suis-moi, je vais te faire un café. Je voudrais te parler de quelque chose.

Aïe. Je crains le pire venant de sa part.

Qu'est-ce qu'il peut bien me vouloir ? Je suis déjà assez à fleur de peau pour avoir à assumer un tête à tête avec Andrew Barker.

Contrainte de le suivre, je me lève en poussant un soupir silencieux.

La salle de pause de Kelton's Industries a tout d'un lounge moderne et confortable. Des fauteuils beiges sont installés un peu partout, ainsi qu'un grand canapé de la même couleur. Des luminaires au design moderne pendent très haut au-dessus de nos têtes, illuminant la pièce d'une intensité idéale.

Andrew est occupé à appuyer sur les boutons de la machine à café ultra sophistiquée quand je le rejoins. Sans lever les yeux vers moi, il me demande :

- Allongé ? Espresso ?

Je ne voudrais pas prendre le risque de faire une crise cardiaque à cause de toute la caféine qui coule déjà dans mes veines actuellement.

- Déca, s'il vous plaît...

Je prétends ne pas remarquer le petit regard qu'il me jette, un sourcil levé et un sourire en coin moqueur sur son visage, l'air de dire «bien sûr, comme si les femmes pouvaient boire autre chose que du décaféiné ! »

J'ai du mal à jouer mon rôle d'assistante parfaite, ce matin. J'essaie de ne pas trop tordre mes doigts entre eux, signe d'angoisse et de malaise. Malgré mes efforts pour arrêter, il le remarque, car il me dit en me tendant une petite tasse :

- Ne t'en fais pas, Olessia. Je ne vais pas te manger.

C'est ironique, car la façon dont il me détaille à présent m'indique tout le contraire.

Prélude (dark romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant