Anton
Ma main droite me démange inlassablement, me suppliant de faire tourner la poignée d'accélération pour faire hurler le moteur de ma Kawasaki encore plus fort. Putain. C'est encore meilleur que d'entendre crier mon nom à travers la bouche d'une salope. Je roule déjà trop vite, bien au-dessus de la réglementation de vitesse imposée par l'état. Je n'ai pas encore quitté la ville, et bien que le soleil ne soit pas encore levé et que je ne risque pas de croiser un chat à cette heure-ci dans les rues, je ne peux pas me permettre de rencontrer de nouveaux problèmes.
La dernière fois, c'est à dire hier, j'ai bien failli me faire coincer par ces foutus flics, et quand bien même ils m'auraient laissé repartir grâce à un seul petit coup de fil, ne gardant sur leur visage que l'air débile d'un bon toutou bien sage se voyant privé d'une friandise, je me serais fait taper méchamment sur les doigts comme une vilaine écolière qui aurait fait une bêtise.
Je dois attendre de sortir de la ville pour pouvoir soulager ma main qui tremble d'impatience, et faire exploser ce pic d'adrénaline qui bouillonne dans mes veines. Il fait doux pour la saison, et c'est la température idéale pour faire un tour sur ma Ninja H2R.
Ils me l'ont offerte en guise de... dédommagement ? De remerciements pour le nombre incalculable de fois où je leur ai sauvé la mise ? Ou peut-être un peu des deux.
Ce modèle de moto a déjà atteint les 400 kilomètres heure, et je compte bien atteindre ce record un jour, mais pour l'instant, je me contente d'une vitesse raisonnable (selon moi) pour ne pas me foutre dans le pétrin. J'ai passé la nuit à travailler derrière mes nombreux écrans, à graver dans mon esprit le plus de renseignements possible sur Charlie Kelton et son industrie colossale. J'ai épié toutes les caméras de surveillance de son bureau, de chez lui, jusqu'à écouter ses conversations téléphoniques dans sa putain de grosse bagnole.
Je me suis bien marré quand je l'ai vu sortir sa petite bite pour baiser sa secrétaire en plein sur son bureau le mois dernier, et je ne suis pas sûre que cette dernière en avait très envie, vu qu'elle a fini par quitter l'entreprise le lendemain, avec un beau chèque de plusieurs milliers de dollars pour acheter son silence. Ce crevard est l'un des plus gros fils de pute qu'il m'ait été donné de surveiller. J'ai une nouvelle entrevue avec lui aujourd'hui, et toutes ces observations que j'effectue sur lui depuis plusieurs mois vont me permettre d'être sûr de moi, et ne pas montrer la moindre faille, au risque de tout, absolument tout foutre en l'air.
Si c'est le cas, je crois que ça serait retour au pays, suivi d'une balle dans la tête.
Malgré son penchant pour les relations sexuelles non consenties, parfois avec de très jeunes femmes, la drogue et la violence, Charlie Kelton est un atout majeur qui ne doit surtout pas nous filer entre les doigts. C'est toujours les pires connards qui doivent rester vivants le plus longtemps. Ma plus grande hâte depuis que cette mission m'a été confiée, c'est de recevoir l'ordre de le tuer de la manière qui m'inspirera le plus, et je lui prévois une mort lente et douloureuse. Mais pour l'instant, je dois le séduire encore plus et en faire mon petit pantin.
Enfin, j'arrive aux abords de la ville. Ici, il n'y a plus de lampadaires pour éclairer les routes, et si le jour ne commençait pas à se lever, j'aurais été complètement invisible dans la nuit noire, le seul signe de ma présence étant le grondement menaçant du monstre que je chevauche.
Je dois probablement réveiller les gens en sursaut, ce qui me fait esquisser un petit sourire en coin. À l'instant où je dépasse le panneau indiquant que je sors de la ville, je donne enfin satisfaction à ma main droite et fait brusquement tourner la poignée d'accélération vers le bas. Je passe les vitesses, et très vite l'adrénaline se libère enfin dans mon système, me donnant cette impression de toute puissance et de liberté, alors que j'atteins les deux cent dix kilomètres heure. La fine brume qui flotte dans l'air me trempe de la tête au pieds en l'espace de quelques secondes, déclenchant un léger frisson le long de mon échine.
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Prélude (dark romance)
RomanceOlessia : je peux déjà sentir le délicieux goût aigre-doux de la vengeance sur le bout de ma langue. Depuis tout ce temps, j'ai appris à être parfaite, j'ai appris à être docile, à devenir la petite chose fragile à qui ils aiment s'attaquer. Le mome...