Le Crépuscule des Anges - T.1 [Terminée]

Chapitre 4 : Sous la surface

Les jours qui suivirent l'arrivée des Morningstar s'écoulèrent dans une routine étrange, à la fois familière et teintée d'une nouvelle dimension de mystère. Chaque matin, je me réveillais avec l'impression d'être au bord de quelque chose d'immense, une révélation qui me frôlait sans jamais se dévoiler complètement.

Le lycée était devenu un théâtre d'ombres et de chuchotements. Gabriel et Lucifer Morningstar semblaient omniprésents et pourtant insaisissables. Je les apercevais dans les couloirs, leurs silhouettes gracieuses se déplaçant avec une fluidité presque surnaturelle. Parfois, j'avais l'impression qu'ils flottaient plutôt que de marcher, leurs pieds effleurant à peine le sol. Mais dès que je clignais des yeux, l'illusion disparaissait, me laissant douter de mes propres perceptions.

En cours de littérature, Gabriel continuait de nous éblouir par sa connaissance encyclopédique et sa compréhension profonde des textes. Sa voix mélodieuse captivait l'auditoire, et même M. Hawkins semblait sous le charme. Pourtant, malgré sa présence magnétique, Gabriel restait distant, comme s'il existait dans une dimension légèrement décalée de la nôtre.

Lucifer, quant à lui, était une flamme vivante dans le cours de chimie. Ses yeux verts pétillaient de malice chaque fois qu'il croisait mon regard, et ses doigts dansaient sur les instruments de laboratoire avec une dextérité fascinante. Mais nos interactions restaient étrangement limitées, comme si une force invisible nous maintenait à distance.

Après les cours, je me précipitais à la librairie "Pages & Mystères". Le travail était un répit bienvenu, une ancre dans la réalité alors que le reste de ma vie semblait de plus en plus irréel. M. Thompson, avec sa barbe grisonnante et ses lunettes constamment de travers, était une figure rassurante dans ce monde en mutation.

"Ah, Olivia," m'accueillit-il ce jour-là avec son sourire chaleureux. "J'ai une nouvelle cargaison de livres anciens à cataloguer. Ça te dit de t'en occuper ?"

J'acquiesçai avec enthousiasme. Il y avait quelque chose de réconfortant dans le fait de manipuler ces vieux volumes, de sentir le cuir usé sous mes doigts et de déchiffrer les titres estompés. C'était comme plonger dans un monde ancien, loin des mystères troublants qui envahissaient ma vie.

Alors que je travaillais, mon esprit vagabondait vers les événements étranges qui semblaient graviter autour des Morningstar. La veille, pendant le cours d'éducation physique, Jessica avait trébuché et failli tomber lourdement sur le sol en béton. Mais Gabriel, qui se trouvait à l'autre bout du gymnase, était soudainement apparu à ses côtés, la rattrapant avec une grâce impossible. Tout s'était passé si vite que personne ne semblait avoir remarqué l'étrangeté de la situation. Sauf moi.

Et puis il y avait eu cet incident en mathématiques. M. Peterson, connu pour ses tests surprise sadiques, avait annoncé un contrôle pour lequel personne n'était préparé. Mais au moment de distribuer les copies, il s'était soudainement ravisé, déclarant qu'il ne se sentait pas bien et annulant le cours. J'aurais juré avoir vu Lucifer sourire d'un air satisfait, comme s'il avait orchestré toute la scène.

Ces petits incidents s'accumulaient, formant un motif que je n'arrivais pas tout à fait à discerner. C'était comme si les Morningstar influençaient subtilement le monde autour d'eux, pliant la réalité à leur volonté.

Le soir venu, je rentrais à la maison, l'esprit bourdonnant de questions sans réponses. Ethan m'attendait généralement, plongé dans ses devoirs ou absorbé par un jeu vidéo. Je m'assurais qu'il avait mangé, l'aidais avec ses exercices de maths quand il en avait besoin, essayant de maintenir un semblant de normalité dans notre vie.

Mais ce soir-là, quand j'entrai dans la cuisine, je trouvai Grand-mère Eleanor assise à la table, les mains crispées autour d'une tasse de thé. Son visage habituellement serein était marqué par une inquiétude que je ne lui avais jamais vue.