Le Crépuscule des Anges - T.1 [Terminée]

Chapitre 8 : Confrontations

La nuit était tombée sur Silvergrove, enveloppant la petite ville dans un manteau d'obscurité. Je marchais d'un pas rapide le long des rues désertes, maudissant intérieurement la panne de ma vieille voiture qui m'obligeait à rentrer à pied après mon service à la librairie. L'air était frais, chargé de l'odeur humide des feuilles mortes qui jonchaient les trottoirs.

Mes pensées tourbillonnaient, revenant sans cesse aux événements étranges des dernières semaines. Les Morningstar, le symbole mystérieux, les photos disparues... Tout cela semblait si irréel, et pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'y penser constamment.

C'est alors que je les entendis. Des rires gras, des voix fortes et pâteuses. Un groupe de jeunes, visiblement éméchés, venait de tourner au coin de la rue derrière moi. Mon cœur s'accéléra. Je pressai le pas, espérant les distancer.

"Eh, ma jolie !" lança l'un d'eux. "Où tu vas comme ça ?"

Je ne répondis pas, continuant à marcher aussi vite que possible sans pour autant me mettre à courir. Les rires se rapprochaient. La panique commençait à monter en moi.

Je tournai brusquement dans une rue adjacente, puis une autre, essayant de les semer. Mais dans ma précipitation, je perdis mon sens de l'orientation. Les rues devenaient de plus en plus étroites, de moins en moins familières. Je réalisai avec horreur que je m'étais perdue.

Les voix se rapprochaient toujours. Je me retrouvai dans une impasse, une ruelle sombre bordée de vieux entrepôts abandonnés. Mon cœur battait si fort que je pouvais l'entendre résonner dans mes oreilles.

"Fin de la route, ma belle," ricana une voix derrière moi.

Je me retournai lentement. Ils étaient là, cinq ou six jeunes hommes, leurs yeux brillant d'un éclat malsain dans la pénombre. L'odeur âcre de l'alcool flottait autour d'eux.

"Écoutez," dis-je, essayant de garder une voix ferme malgré la terreur qui me nouait l'estomac. "Je ne veux pas d'ennuis. Laissez-moi juste partir."

Leurs rires résonnèrent dans la ruelle, me glaçant le sang. L'un d'eux s'avança, tendant une main vers moi. Son haleine chargée d'alcool me fit reculer instinctivement.

"Allons, ma jolie," dit-il d'une voix doucereuse qui contrastait avec la lueur prédatrice dans ses yeux. "Nous non plus, on ne veut pas d'ennuis. On veut juste... faire connaissance."

Ses amis ricanèrent à cette remarque, échangeant des regards entendus qui me firent frissonner.

"Ouais," renchérit un autre, s'approchant à son tour. "On est des gars sympas, tu vas voir. On veut juste s'amuser un peu."

Je sentis mon dos heurter le mur derrière moi. J'étais piégée. La panique monta en moi, menaçant de me submerger. Je cherchais désespérément une issue, mais ils m'encerclaient, se rapprochant inexorablement.

"Écoutez," dis-je, ma voix tremblant malgré mes efforts pour rester calme. "Je... je dois rentrer. Ma famille m'attend. Ils vont s'inquiéter si je ne rentre pas bientôt."

Le premier gars, celui qui semblait être le leader, eut un sourire qui n'avait rien de rassurant. "T'inquiète pas pour ça, ma belle. On te ramènera... peut-être."

Son rire fut repris par les autres, un son qui me glaça jusqu'aux os. Je savais que j'étais en danger, un danger bien réel et immédiat. Mon cœur battait si fort que je pouvais l'entendre résonner dans mes oreilles.

Soudain, le rugissement d'un moteur déchira la nuit. Des phares aveuglants illuminèrent la ruelle, nous faisant tous sursauter. Une voiture de sport noire fonçait droit sur nous à une vitesse folle.