Manolo Cervantes était un colosse. Il culminait à un peu moins de deux mètres et passait de nombreuses heures à la salle de musculation. Avec le temps, il avait fait de très mauvais choix et s'était retrouvé en prison, à plusieurs reprises. C'est là, après un drame personnel, qu'il s'était fait tatouer ce masque de crâne sur le visage. D'autres tatouages avaient pris place, jusqu'à recouvrir son corps entier. Certains l'appelaient El Titàn. Sa seule vue faisait paniquer les plus endurcis. Il s'était très vite fait remarquer par Eduardo Vidal, qui à l'époque était le patron des Machetes. Il était devenu le bras droit du Jefe, le chef du gang.
Puis Vidal s'était fait arrêter et les membres d'un gang adverse s'étaient chargés de son compte en prison. Il avait été retrouvé mort dans sa cellule, poignardé de 17 coups de couteau. Son fils, Alejandro, avait alors repris "l'entreprise familiale". Il n'avait alors que 18 ans. Son surnom, El Niño, soulignait le fait qu'il avait accédé aux commandes du gang très jeune, mais aussi que son corps était immaculé, sans aucun tatouage, comme un enfant innocent. Mais Alejandro Vidal était tout sauf innocent. Ça, Manolo pouvait l'affirmer. Il avait été témoin de ce dont son jeune patron était capable...
Lors de la mort de son père, des membres du gang commencèrent à vouloir rejeter l'autorité de ce jeune blanc-bec, qui n'avait, selon eux, certainement pas les cojones d'assumer les affaires de la famille Vidal. Ce fut le cas de Gustavo Lopez et ses cinq fils. Ils manquaient ouvertement de respect envers Alejandro. Alors un jour, El Niño les avait invité à un dîner, "pour trouver un arrangement". Les cinq fils arrivèrent donc, au jour et à l'heure convenues, à la demeure des Vidal, où le rendez-vous avait été donné. On les fit s'installer autour d'une grande table, chaque assiette ornée d'un paquet cadeau. Manolo se rappelait très bien de ce jour-là. Les fils Lopez avaient demandé où était leur père. Alejandro, un sourire énigmatique aux lèvres, leur avait répondu qu'il était déjà là. Ne comprenant pas, ils s'étaient impatientés et avaient commencé à réclamer leur père avec plus d'insistance. "Ouvrez d'abord vos cadeaux", avait répondu Vidal, d'une voix douce, en souriant. Ils ont ouvert leurs paquets... et ont poussé des cris d'effroi. Gustavo Lopez se trouvait bel et bien avec eux, inutile de vous faire un dessin. Depuis ce jour, plus personne n'osa manquer de respect à Alejandro. Trois des fils Lopez ont continué à travailler pour Los Machetes. Les deux autres ont voulu quitter le gang. On ne les a jamais retrouvés.
Manolo approuvait-il les méthodes de son nouveau chef ? Non, absolument pas. Même si lui aussi était loin d'être un enfant de cœur, il trouvait qu'Alejandro était un barbare psychopathe. Mais par respect pour la mémoire d'Eduardo, Manolo restait loyal, même si cette fidélité pesait de plus en plus lourd sur sa conscience. Et puis, il avait plus de chance de limiter les dégâts en restant proche de l'héritier du cartel. Le géant était, certes, responsable de beaucoup de choses horribles, mais il avait des principes auxquels il ne dérogeait pas. Il regardait cette femme, attachée sur une chaise et baillonnée, qu'ils venaient d'enlever. Depuis quand Los Machetes s'attaquait à des personnes innocentes ? Qu'il doive s'en prendre à d'autres membres de gangs ou même à des mecs qui leur devaient de l'argent ne lui posait aucun problème. Mais là, Vidal lui avait ordonné de surveiller cette fille, sans autre détail. El Niño commençait à dépasser les bornes. Il risquait de salir la mémoire de son père. Dans ce cas, Manolo devrait intervenir. Quoiqu'il advienne.
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Venimeuse
Misterio / SuspensoA Los Angeles, vous pouvez tout faire : du surf, profiter du soleil, visiter des lieux incroyable. Jake et sa sœur, Liv, vont aussi en profiter pour tenter de se reconstruire après le décès d'une personne qui leur était chère. Mais c'était sans comp...