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Gabriel n'a pas dormir cette nuit-là. Alice n'avait pas menti sur l'intensité de l'orage, ni sur les bruits assourdissants du tonnerre qui faisait écho dans la vallée. Les cinq heures de sommeil au bord de la rivière avaient été réparateur. Gabriel n'arrivait pas à croire qu'il aurait pu dormir si longtemps.

Aujourd'hui, dernière randonnée avant de démarrer la construction de la piscine naturelle. Lors de sa marche, Gabriel essayait de prendre le temps de regarder le paysage. Il prit plusieurs moments, lors de son parcours, pour faire une pause et observer la nature qui l'entourait. Il ne se rendit pas compte du temps qui passait. C'est la faim qui le fait sortir de sa rêverie. Et il constata qu'il était plus de quinze heures. Sur le chemin du retour, il prit un passage dans un champs d'oliviers. Le paysage était différent, plus rocailleux. Puis il bifurqua dans une forêt. Il y avait une pente raide et instable. Lors d'un moment d'inattention, Gabriel glissa sur un petit rocher, resté humide à l'ombre d'un arbre. Dans sa chute, il se coupa l'intérieur de la main gauche. Il prévoyait toujours une trousse de secours dans son sac. Il se fit un bandage quelque peu grossier. "Ça fera l'affaire."

Une fois sa randonnée terminée, il descendit au village pour aller à la pharmacie. Il devait racheter des bandes et des compresses pour les remplacer dans sa trousse de secours. C'est une femme qui l'accueillit. Élégante, les cheveux raides, bien ordonnée et une frange à la finition parfaite. Chaque personne que Gabriel avait rencontré depuis son arrivé, avait une personnalité propre. Mais la pharmacienne ne se fondait pas dans le décor du village, comme pouvait le faire les autres. Distinguée, à l'apparence chic. Elle devait venir de "la ville".

Gabriel venait de payer ses courses, lorsqu'il aperçu une affiche indiquant un concert sur la place du marché ce weekend.
La pharmacienne remarqua son coup d'œil sur l'événement à venir et lui dit :

- Il n'y a pas grand chose à faire ici. Ce genre de soirée, les habitants adorent. Vous êtes nouveau ?
- Non, enfin si. Je suis en vacances.
- Ah, je vois. Vous ne regrettez pas d'être venu dans un coin paumé comme celui-là ? Il n'y a pas l'effervescence que l'on peut retrouver dans une ville. Enfin, l'avantage c'est qu'il y a la mer pas loin.

Gabriel fut étonné d'entendre ce discours. Qui dirait ce genre de chose à un touriste ?

- On m'a offert trois semaines dans un gîte. J'avais besoin de calme.
- Oh et vous logez où ?
- À la ferme, en haut du village.
- C'est une fille d'ici qui s'en occupe, il me semble. Je ne suis pas du coin. Je viens de finir mes études. Mes parents habitent à quarante cinq minutes du village. Une maison au bord de la mer. J'ai trouvé ce poste récemment. C'est un remplacement de congé maternité. Heureusement, je ne resterai pas ici bien longtemps. Et vous venez d'où ?
- De la capitale...
- J'adore !

La jeune femme ne cachait pas son soudain intérêt pour Gabriel, sachant qu'il venait d'une grande ville.

- Mon prénom c'est Julia !

Elle était devenu souriante et beaucoup plus agréable. Elle commença à lui parler. Et elle se montrait plutôt entreprenante.

- Moi c'est Gabriel. Dit-il enfin
- Enchantée Gabriel !


Dans la conversation, il du lui dire qu'il était militaire. Mais il pensa qu'il aurait été préférable d'inventer un autre métier. Car Julia était encore plus intéressé par la chose.

En marchant jusqu'à son gîte, Gabriel repensait à Julia. Ce n'était pas du tout un village pour elle. Ou plutôt, elle n'était pas faite pour vivre dans ce village. Ce qui le fait sourire. Lui, se sentait bien ici.

Il n'avait pas remarqué que son pansement à la main était rempli de sang. C'est seulement en voyant la tête de Maryse, qu'il réalisa que sa blessure était peut-être un peu sérieuse qu'il ne le pensait.

- Viens la mon grand ! Installe toi ici. Je vais chercher Alice !

Il n'eut pas le temps de protester, qu'il se retrouvait sur une chaise, à la table de la cuisine d'Alice. Il y avait tout un tas d'odeur très agréable. Il ne connaissait pas un quart des noms de plantes qui avaient élues domicile dans la maison, ni même ce que pouvait contenir les petits bocaux alignés sur une étagère, sûrement des plantes aromatiques séchées. La cuisine était lumineuse. Les meubles étaient anciens, mais rafraîchit au goût du jour. Tout y est à sa place. Rangé, ordonné, mais à la fois plein de vie. Gabriel entendait son ventre gargouiller. Il avait faim et il avait sauté le déjeuner.

Alice entra dans la pièce, suivi de près par Patate et Carotte. Son visage était toujours aussi impassible. Tout comme sa salopette était toujours aussi grande. Elle avait enlevé son chapeau et noué ses cheveux en un chignon. Elle sortit d'un tiroir une boîte en plastique. Gabriel n'avait pas vu un seul bout de plastique dans la maison d'Alice. Cette boîte faisait un peu tâche au milieu du reste. Comme si elle n'avait pas sa place ici. Un peu comme Julia, perdue au milieu du village si authentique. Alice se lava les mains et se mit devant Gabriel. Elle resta debout et enleva le bandage rempli de sang. Son visage était toujours aussi dénué d'expression. La seule différence, c'est qu'elle était concentrée. Gabriel l'observa avec intérêt. Sans vraiment sans rendre compte, il détailla son visage, ses petites tâches de rousseur, ses longs cils, le gris de ses yeux, la forme de ses oreilles, de son nez et de sa bouche. Elle a une belle bouche. Un joli nez aussi. "Oui, il est joli son nez." Pensa Gabriel. Alice le regarda dans les yeux un court instant. Il se sentit déstabilisé. Mais il remarqua un petit rictus au coin de la bouche de la jeune femme. Un mouvement quasi imperceptible sur le côté gauche, entre ses lèvres et son nez. Un signe que Gabriel avait déjà vu à plusieurs reprises. Un signe d'une émotion qui a traversé l'esprit d'Alice. "Elle se cache." Se dit-il. "Derrière sa salopette et son chapeau  trop grands." Gabriel sortit de ses pensées lorsqu'Alice lui dit :

- Il te faut des points.
- Ce n'est rien. Un nouveau pansement fera l'affaire. J'ai l'habitude de se genre de blessure.
- Non. Il te faut des points de sutures.

Elle venait de sortir tout le matériel nécessaire de sa boîte en plastique. Un véritable attirail. Gabriel connaissait bien les soins donnés au coin d'une tente sur un terrain militaire. Ça ne l'effraie pas. Mais est-elle bien sûre de ce qu'elle fait ?

- Tu as déjà réalisé des points de sutures ? Je peux aller voir le médecin s'il faut.

Gabriel était surpris et peu rassuré tout à coup.

- Je peux t'y déposer si tu préfères.
- Je ne vais pas te déranger, je vais y aller à pieds.
- Ce n'est pas une bonne idée. Ton teint est pâle et ta plaie saigne beaucoup.

Gabriel pris un instant pour réfléchir à ce que venait de lui dire Alice. Elle avait raison. Il avait beaucoup marché et n'avait rien mangé depuis ce matin. Il se sentait un peu patraque. Carotte venait de poser sa tête sur ses genoux.

- Alors, je t'emmène chez le médecin ?

Il en avait oublié la proposition d'Alice. Il la regarda dans les yeux et il su quoi répondre :

- Non, je te fais confiance.


Into My LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant