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Ses mèches de cheveux devaient lui chatouiller son cou. Mais elle n'eut aucune réaction. Toujours concentré sur la main de Gabriel. Alice s'était assise en face de lui. Gabriel avait une autre vue sur la jeune femme. Beaucoup moins catholique. Mais tout aussi intéressante. Sous sa salopette trop grande, Alice portait un t-shirt laissant apparaitre une jolie vue sur un décolleté fort charmant, pensa Gabriel. Puis son regard se détourna sur les mains d'Alice. Malgré les travaux qu'elle réalisaient à la ferme, elles étaient délicates et extrêmement douces. Il se demanda alors quel âge elle pouvait avoir ? Comparé à Julia, la pharmacienne rencontrée le matin même, il était difficile de se faire une idée. Elle avait fini ses études quelques mois plus tôt. Elle était maquillée et apprêtée, ce qui devait la vieillir. Tandis qu'Alice est toujours au naturelle.

- À quoi tu penses ?

Gabriel fut sortit de ses pensées.

- Quoi ? Oh euh... J'essaie de deviner ton âge.
- Et alors, tu crois avoir trouvé ? Lui demande-t-elle tout simplement
- J'en sais rien, je ne suis pas très doué.
- Dis toujours.
- Non... Je vais dire une bêtise.
- Je suis sûr que tu vas être assez proche.
- Je dirais, entre vingt-cinq et trente ans. Dit-il timidement, de peur de faire une boulette
- C'est un bon début.

Il remarqua un petit rictus au coin gauche de sa lèvre. Il parvenait à lui procurer des émotions, imperceptibles, mais des émotions quand même. Il se disait qu'il avait une drôle de conversation avec une personne qu'il ne connaissait que depuis une semaine. Mais ça n'avait pas l'air de déranger Alice.

- Vingt-huit ans...
- Presque.
- Tu as moins c'est ça ? Je suis désolé, je n'aurai pas dû me lancer là-dedans ! Dit-il précipitamment, sur un ton d'excuse
- Je vais avoir trente ans cet automne.
- Oh... Je me suis trompé dans le bon sens.
- Oui, tu t'en sors bien.

Gabriel commençait à différencier les différentes phrases d'Alice. Elles étaient souvent le plus neutre possible. Mais il savait que certaines étaient prononcées de façon espiègle. Il n'avait rien à y gagner, mais il prenait plaisir à déchiffrer la personnalité d'Alice.

- Tu veux faire un goûter avec moi ?

Gabriel sortit une nouvelle fois de sa rêverie. Décidément, il n'était pas concentré depuis qu'il était arrivé dans ce village. Il ne s'était pas aperçu qu'Alice avait soigné sa blessure. Elle était toujours assise devant lui.

- Tu as déjà fait les points de sutures ? Mais, je n'ai rien senti !

Il avait un bandage neuf. Il était tellement concentré sur la jeune femme, qu'il n'avait même pas senti l'aiguille traversée sa chaire.

- Alors, tu veux manger un morceau avec moi ? Reprit-elle en attendant la réponse de Gabriel
- Oui, je veux bien, je meurs de faim !
- As-tu des intolérances alimentaires ?
- Non, pas que je sache.

Tout en concoctant un encas, Alice lui dit :

- Il faudra changer ton pansement deux fois par jour. D'ici huit à dix jours, on pourra enlever les points. Ne force pas avec ta main, sinon ça mettra plus longtemps à guérir.
- Très bien.

Gabriel regarda sa main. Alice était-elle infirmière ? D'ailleurs, quel métier faisait-elle avant ?

- Tu es encore dans tes pensées ?
- Oh... J'ai bien l'impression que l'air de la région me retourne le cerveau.

Ils regardèrent le couple de canadien passer à côté de la fenêtre de la cuisine. Il rentraient dans leur gîte après une randonnée.

- Tu n'as jamais peur, lorsque tu reçois des personnes qui viennent t'aider pour les travaux ? Tu ne les connais pas et tu vie seule ici.

Into My LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant