XIX

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APRIL

La semaine avait très mal commencé. Après l'incident j'avais rassuré mes amis, refusant que toute l'attention soit sur moi. Pourtant, je ne pouvais plus rien avaler. Tout me dégoûtait, y compris moi-même. J'enviais tellement Gaia et Maud. Elles étaient tellement belles, pourquoi n'étais-je pas comme elle ? Gaia avait une peau bronzée et Maud claire. C'était si beau. À côté d'elles je n'étais rien, ma peau couleur océan était horrible. Je m'étais endormie très tard, les pensées plutôt sombres. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait en ce moment, mes insomnies faisaient leur retour. J'étais à bout.

***

Si on ne compte pas lundi, les autres jours s'étaient plutôt bien déroulés. Lorsque j'étais avec mes amis, tout disparaissait, c'était comme si tout allait bien. Comme si la mauvaise période que je traversais n'était que le fruit de mon imagination et qu'elle n'existait pas. Le bal avait lieu samedi, c'était l'événement qui animait tout le bahut. Ils attendaient tous impatiemment cette journée. Les filles étaient toutes en hésitation sur leur robe, leur bijoux. Les garçons faisaient leur demande. De mon côté, je me préoccupais plus du déroulement de la soirée. Je n'avais pas très envie de venir, mais passer une soirée avec Jack non merci. Je préférais m'ennuyer à ce bal plutôt que rester avec Jack et ma mère à la maison. De ce que dit Gaia, nous nous préparerons chez Maud et dormirons tous là-bas.
Dès que la sonnerie retentit, je m'empressai de sortir de l'établissement afin de rejoindre le bureau de madame Delaware. La nuit était déjà tombée lorsque j'arrivais à son bureau. Nous eûmes seulement 30 minutes de rendez-vous, ce qui m'arrangeait, puisque je devais aider les autres au gymnase avec la décoration. Durant ces longues minutes, elle me questionnait et obtenait les mêmes réponses que d'habitude. Je ne savais pas quoi lui répondre. Je voulais lui parler de tout, de Jack, de mon état d'esprit, de comment je me sentais. Mais comment ? C'était prendre beaucoup trop de risque. Ma mère m'en voudrait toute sa vie. J'appréciais les efforts de Delaware, mais malheureusement je ne réussirais jamais à lui parler. Alors que je triturais ma peau autour des ongles, le cliquetis du stylo me perturbait. C'était si agaçant, stressant. Après un long moment, je fus enfin libérée. Du moins, je le pensais. Delaware attrapa mon poignet, pas trop fort, et le relâcha lorsque je fis face à elle.

"April, je voulais juste t'avertir que la semaine prochaine nous aurons un invité.
-Qui ça ?
-Un autre médecin.
-Pourquoi ?
-Ne t'en fais pas, c'est rien de grave. Tu en sauras plus au prochain rendez-vous. Bonne soirée.
-Au revoir."

Un autre médecin ? Pourquoi faire ? Suis-je à ce point là un cas désespéré ?
Milles questions trottaient dans ma tête alors que je me dirigeai à nouveau vers le bahut. Plus précisément vers le gymnase dont les lumières étaient encore allumés. Pas loin du gymnase, juste avant se trouvait une sorte d'entrepôt, d'après ce que j'avais compris cet entrepôt contenait certaines décorations dont on pourrait se servir. J'y croisai Kate.

"Bah tient, t'es là toi ? T'étais où ?
-Euh..je. J'étais occupée.
-Ouais ouais, ramène le carton de guirlande lumineuse au cas où on en aurait besoin au gymnase."

Alors que je cherchais désespérément ce carton, la porte se verrouilla. Qui était-ce ? Je pensais que ce n'était qu'une mauvaise blague et continuais à chercher, mais toujours rien. Où était ce foutu carton ? J'appelais à l'aide. Aucune réponse. Encore et toujours rien. Je passai les quinze minutes suivante assise contre le mûr, me demandant si ce carton existait vraiment. Je détestais être seule dans ce genre d'endroit. C'était...étrange ?
Je patientais, mes bras autour de mes jambes, comme renfermée sur moi même lorsque la porte s'ouvrit. La silhouette de Dume se tenait dans l'embrasure de la porte, paraissant plus imposante qu'elle ne l'est habituellement.

In Four Seasons Où les histoires vivent. Découvrez maintenant