The Shadows Of The Phoenix ; Tome 2: Complications

Chapitre 3 : HUNTER

Une semaine...

Une semaine que son cœur s'est arrêté et que le mien est mort.

Deux semaines sans elle. Comment vivre ? Comment arriver à gérer un club de motards quand notre raison de vivre n'est plus près de vous ?

Trois semaines et je meurs chaque jour un peu plus. Je ne mange plus, je ne dors plus et je n'ai pas réussi à remonter sur ma moto. Je suis en colère ! Contre Piétra, contre Joe qui s'est mise entre cette balle et moi. Contre moi, de ne pas avoir su la protéger. Le club est silencieux, comme à l'arrêt. Tout le monde est sous le choc. Joe a su se faire aimer de tous, même si elle n'en avait pas conscience. Le local est presque fini. Le cabinet médical que l'on a fait pour elle...

Je roule depuis deux heures. Je suis remonté sur ma bécane aujourd'hui, Vicious et Death avec moi. Ils ne voulaient pas me laisser seul. Je crois qu'ils ont peur que je fasse une connerie. J'avais besoin de prendre l'air, de ne plus voir les autres qui me dévisagent entre tristesse et pitié. Les enfants ne jouent plus comme avant, comme si cette expérience leur avait fait prendre conscience que la vie est une chienne. Camille et Ellie ne font que pleurer, imitées par les plus jeunes. Ma nièce, Anaïs, est tout le temps en train de venir me faire des câlins et me poser des questions. Mais comment lui expliquer la méchanceté gratuite des hommes. Tout ça parce qu'il voulait la posséder...

Je prends un virage en épingle, quand je vois un truc sur la route. J'essaie de l'éviter, mais je suis déjà penché et ma moto glisse sur le bord. Je me retrouve au sol en moins de cinq secondes. Je n'ai pas mal, mais je me relève en grognant et en donnant un coup de pied sur ma moto, qui a pris cher.

– Putain de bordel de merde !

Je suis à bout, je redresse ma bécane, quand les autres font demi-tour et reviennent vers moi. Je me laisse tomber sur le bas-côté, quand je sens que l'on me lèche la main. La cause de ma chute n'est autre qu'un chiot tout petit. Il est sale et en piteux état. Il est apeuré en me regardant, tremble légèrement en pleurnichant. Il grimpe sur mes cuisses, quand le téléphone de Vicious sonne, il décroche.

– Oui... OK... On arrive !

Il raccroche, se tourne vers moi.

– On doit rentrer ! Maintenant !

Je sens l'urgence dans sa voix. Je me relève d'un coup, la boule de poils noire et blanche se tapit au sol, puis sautille devant moi en chouinant. Je ne peux pas la laisser là. Elle va se faire écraser. C'est un bébé, il doit avoir moins de deux mois. Je le soulève dans mes bras en grimpant sur ma bécane.

– Hunt ! Tu fais quoi ? S'étonne mon VP, en haussant les sourcils.

– On ne peut pas le laisser là, j'ai failli le tuer.

Il hoche la tête en haussant les sourcils, sceptique. Je glisse la boule de poils dans mon blouson, la tête vers le haut, puis je démarre. J'espère qu'il ne va pas bouger, ou me pisser dessus. On fonce en direction du club, en faisant attention au chiot qui s'est couché dans mon blouson, après avoir cherché une position confortable. Lorsque nous rentrons dans la cour du club, War fait les cent pas. Je descends de ma bécane, qui heureusement n'a rien, à part quelques égratignures.

– Topher a remarqué des changements, il t'attend dans ta chambre.

Je grimpe les marches trois à trois, suivi de Vicious. Quand je rentre dans la pièce, l'odeur d'antiseptique est forte, un lit médicalisé est placé contre le mien. Dessus, dans des draps blancs, Joe est dans le coma depuis presque un mois. Elle avait des blessures importantes de son agression et la balle qu'elle a prise à ma place a fait de gros dégâts. Topher s'est battu bec et ongles pour la garder en vie. Quand son cœur s'est arrêté ce jour-là, j'ai cru mourir avec elle. Mais le pire a été de penser que j'allais lui survivre, que plus jamais je ne la verrai, ne sentirai l'odeur de sa peau, ne verrai son expression renfrognée, quand elle m'affronte. C'est comme si je le revivais sans cesse ce jour-là, je revois ses yeux se ternir, le son que faisait sa poitrine, lorsque Topher lui a fait un massage cardiaque, je ressens dans mon corps, le froid qui m'a traversé quand elle est morte.