Roze était assise chez elle sur le sol, sa vieille épée rouillée à la main essayant de lui refaire une santé. Elle laissa échapper un long soupir, consciente qu'elle ne pouvait plus grand-chose pour elle. Après tous ces combats menés, les batailles et le temps avaient eu raison d'elle.
La jeune femme de dix-neuf ans était conservatrice, il lui était difficile de jeter certains objets auxquels elle accordait une valeur sentimentale, comme ses vieilles bottes marron si confortables, sa sacoche bien usée mais tellement pratique et d'autres choses dont elle pourrait se débarrasser.
Attirée par du bruit dehors, elle posa la lame usée et se releva pour aller voir de quoi il s'agissait. Pieds nus, elle traversa le salon, cette pièce si chaleureuse au plancher de bois grinçant, qui abritait toute sorte de babioles que la demoiselle avait ramenées de ses aventures.
Elle passa sa tête par la porte d'entrée pour constater que des enfants chahutaient devant sa maison.
« Si vous n'êtes pas sages, le dragon Volcy viendra vous manger ! » Leur cria leur mère pour les calmer.
Encore cette vieille histoire ? Se demanda l'aventurière qui avait déjà entendu cette légende locale plusieurs fois. Elle la connaissait par les bruits de couloir, mais ne s'y était jamais intéressée.
La jeune aventurière avait envie d'une pause pour reposer ses poignets.
Elle se rendit dans sa chambre afin de changer de tenue. En effet, elle ne se voyait pas sortir avec ces vieux vêtements sales et tachés de peinture pour aller à la bibliothèque, un de ses endroits préférés pour se détendre.
Elle enjamba pinceaux, autres tubes et palettes pour atteindre sa commode afin d'enfiler sa tenue préférée : une robe bleu marine qui descendait jusqu'aux genoux, des collants rayés confortables ainsi que ses grosses boots marrons rafistolées un bon nombre de fois.
Elle en profita également pour détacher ses longs cheveux châtains qu'elle avait noués pour travailler sans gêne.
Une fois habillée, elle s'empressa de quitter son domicile pour rejoindre la bibliothèque de Golden Road, ce joli village calme au bord de la mer qu'elle habitait depuis ses douze ans environ. La rue était calme, la température était agréable à l'ombre des maisons en briques et des arbres qui rafraîchissaient le chemin, même si l'air marin s'en chargeait déjà bien. Les fenêtres des habitations étaient presque toutes décorées de fleurs suspendues.
Bien que son nom ressemblait à celui d'une fleur célèbre, Roze n'a jamais réussi à maintenir l'une d'entre elles en vie bien longtemps, à tel point qu'elle avait abandonné et laissé cette tâche à dame nature.
Et pourquoi ne pas les peindre en rouge ? pensa l'aventurière en passant devant le rosier blanc d'un jardin.
Une fois arrivée devant le bâtiment, elle poussa la grande porte en bois grinçant de ce lieu empli d'étagères s'élevant jusqu'au plafond.
Il n'y avait pas grand monde, si ce n'était quelques personnes qui lisaient tranquillement dans un coin.
Roze arpenta toutes les allées à la recherche d'un livre qui parlerait d'un dragon appelé Volcy. Comme à son habitude, elle se perdit au milieu des livres, feuilletant ouvrage par ouvrage, se disant qu'elle aimerait les emprunter plus tard. Elle lut quelques pages d'un livre sur la botanique, même si elle n'avait aucun projet auquel cela pourrait correspondre. Elle trouva également des choses intéressantes sur la vie des lapins dans un autre, et elle fut amusée d'apprendre comment ils construisent leurs terriers la tête la première.
Ils sont nocturnes et passent leur vie sous la terre, je ne pourrai pas moi, quelle angoisse... Se dit-elle.
Finalement, après environ deux heures, un livre attira son attention, la tranche était dorée et le reste était vert feuille avec quelques motifs en reliefs. Sur la couverture on pouvait lire :
« La légende du dragon maudit »
Au dos elle aperçut le nom qu'elle cherchait : « Volcy ».
Un sentiment d'accomplissement l'envahit et elle s'empressa d'aller l'emprunter pour le lire depuis chez elle.
Une fois de retour dans sa maison, l'aventurière s'installa à la table de sa cuisine pour commencer sa lecture. Elle s'attendait à un roman détaillé ou bien une documentation fiable à propos de cette créature dont on parle comme si elle existait, mais il ne s'agissait en fait que d'un conte, probablement destiné à un public plus jeune.
Feuilletant les pages à mesure que son intérêt la quittait, elle trouva un passage qui retint son attention :
« ...l'histoire d'un dragon malheureux crachant sa haine, cherchant son âme.
Est-ce qu'un jour quelqu'un se dressera pour l'affronter ? Est-ce qu'un jour quelqu'un se lèvera pour le sauver ? »
Ces phrases l'intriguaient, elle les répéta dans sa tête et cela raisonnait différemment.
Le dragon du conte passait du méchant à la victime en l'espace de quelques vers.
En tournant encore quelques pages, elle apprit au travers des lignes que la bête se trouvait possiblement dans les montagnes au nord de Golden Road, avant le village de Pénombra.
Roze décida de fermer le bouquin et le poussa sur le côté, un peu déçue. Elle abandonna ses recherches et se mit à mettre un peu d'ordre dans sa maison.
Alors qu'elle rangeait ses pinceaux et sa peinture, elle se mit à observer la dernière toile qu'elle avait réalisée.
Elle avait imaginé une forêt habitée par des êtres champignons de toutes tailles, qui bondiraient ci et là sur leur unique pied.
Puis son regard se tourna à nouveau vers le livre. Au fond elle se disait que ce n'était qu'un conte pour enfants, mais cet ouvrage dégageait quelque chose d'intriguant, le livre était beau, mais semblait traduire la tristesse d'un être ailé.
Elle essayait de comprendre entre les lignes, elle y voyait un message. Elle s'en approcha lentement et le prit dans ses mains.
Peut-être pourrai-je en parler à Chris ? Se demanda-t-elle.
***
Rendez-vous vendredi prochain pour le chapitre 2 : le livre et l'épée !
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Le chemin de Roze, tome 1 : la légende du dragon
AventuraUn rêve la hante, toujours le même. Le cri de ses parents et cet autre monde qui l'appelle. Tout ce qu'elle pouvait faire pour l'instant, c'est se lancer des quêtes farfelues pour oublier, mais c'est précisément ce qui l'amènera sur la route de son...