Lonely boy (Minsung)

3.Fever

C'était bien Lee Know face à lui.

Jisung resta paralysé face au garçon dont le regard noir de colère le scotcha sur place. Le journaliste ne savait pas s'il devait s'enfuir (par où ?) ou être soulagé. Au fond de lui, il devait avouer ressentir une légère satisfaction.

- Vous êtes qui ? Et qu'est-ce que vous fouttez chez moi ? Vous êtes un voleur ou un fan hystérique ? Un mec, c'est une première, tiens !

Jisung ravala sa salive et en profita pour observer le propriétaire de la maison. Il était exactement comme sur les images qu'ils avaient vues sur le net. C'était un beau garçon. Même quand il était fou de rage, il était beau. Pas étonnant qu'il ait des milliers de fans.

- De toute façon, j'appelle la police, trancha le chanteur.

- Non ! Dit Jisung en faisant un pas.

Le garçon devant lui fit un pas en arrière, encore plus méfiant.

- Je suis désolé, commença Jisung. Je m'appelle Han Jisung, je suis journaliste.

- Un journaliste ? S'étrangla son interlocuteur. Encore mieux. J'en ai rien à faire des journalistes. Sérieux, tu n'as que ça à faire ? Tu n'as pas plus intéressant à couvrir comme sujet ? Chais pas moi, y a des guerres partout dans le monde et, toi, tout ce qui t'intéresse, c'est de t'introduire chez moi ? T'es pathétique un peu.

Piquée au vif, Jisung fit la moue. Le ton du garçon était cinglant. Le journaliste ne s'attendait pas à une telle agressivité. A quoi s'attendait-il aprés tout ? Il était entré par effraction chez ce garçon. Bien sûr qu'il ne serait pas reçu comme un roi.

- Euh, écoutez, Monsieur... Euh... Lee Know.

Le regard du chanteur le scruta attentivement. Il sembla encore plus en colère et dit d'une voix claire.

- Lee Know n'existe plus.

Ebahi, Jisung cligna des yeux puis bafouilla:

- Euh... Minho, alors. C'est votre prénom, il me semble.

- Et moi, il me semble qu'avoir un inconnu dans mon jardin n'est pas normal. Alors, maintenant, tu dégages !

Gêné, Jisung haussa les épaules pour signifier qu'il voudrait bien dégager mais qu'il ne savait pas comment.

Agacé, Minho leva les yeux au ciel et grogna.

- Tu as réussi à entrer, tu devrais bien réussir à repartir. Je te laisse dix minutes. Si tu es encore là dans dix minutes, j'appelle la police.

Le propriétaire tourna les talons et Jisung fit quelques pas pour le suivre. Il dit:

- Ecoutez, je suis terriblement désolé. Je sais que je n'aurai pas dû faire ça... Je l'ai fait parce que-

Le chanteur se retourna vivement et foudroya de nouveau le journaliste du regard. Il interrompit Jisung.

- Je m'en contrefiche de ta raison. Je veux juste qu'on me foutte la paix, tu comprends ?

Cette fois, sa voix s'était légèrement cassée en prononçant ses mots. De plus en plus étonné, Jisung scruta attentivement le jeune chanteur. Ce dernier dut s'en rendre compte car il tourna le dos au journaliste.

- Je vais t'ouvrir pour que tu partes. Je ne veux plus jamais te revoir ici. C'est clair ?

Jisung hocha la tête. Minho avait l'air perturbé. Soupirant, ce dernier fit signe au journaliste de le suivre à l'intérieur. Jisung scruta la décoration, les meubles, tout ce qui appartenait au jeune chanteur. Tout semblait être un peu en désordre. Son oeil avisé de journaliste analysa chaque détail en quelques secondes. Il repéra des tonnes de romans dans une bibliothèque ainsi que des vinyles rangés n'importe comment. Trois chats faisaient la sieste dans la pièce. Des plantes désséchées depuis des semaines trônaient sur le plan de travail de la cuisine. Il y avait de la vaisselle sale dans l'évier. Et surtout, sur le côté de l'évier, Jisung repéra des plaquettes de médicaments. Minho l'amena devant la porte puis se tourna vers Jisung. Les deux garçons se scrutèrent quelques secondes. Tout se bouscula dans la tête de Jisung. Qu'est-ce qui avait poussé Minho à arrêter sa carrière ?