Chapitre 1

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Il était presque 15 heures, mais je ne recevais toujours pas cet appel, m'aurait-on oubliée ? me demandai-je en passant ma main dans mes cheveux. Je ne pouvais pas me permettre de ne pas être engagée, j'avais besoin de cet emploi afin de pouvoir enfin être en paix. J'avais besoin de quitter ces lieux et pouvoir subvenir à mes besoins sans inquiétude. J'entendis la porte de l'appartement claquer violemment et rapidement, je fermai mon ordinateur, me levai et m'empressai de mettre dans ma poche arrière mon cellulaire. Oui, c'était urgent que je quitte cet endroit.

Après m'être assurée que sur mon bureau, tout était bien en ordre, que rien ne laissait paraître ce que je faisais quelques minutes plus tôt, je marchais le plus lentement possible vers la porte de la chambre que je partageais avec mon mari. Aussi rapide qu'une tortue, je traversai le couloir beaucoup trop court à mon goût, en me préparant mentalement à une autre dispute. Ces derniers temps, il était particulièrement sur les nerfs. Il m'en voulait, probablement.

-            J'ai les documents du divorce, l'avocat est venu me l'apporter, me dit Curtis, ne se préoccupant même pas de me saluer, lorsque j'arrivai dans le salon.

Au moins, une chose sera réglée aujourd'hui, me réjouis-je intérieurement.

-            Tu es certaine que tu veux vraiment ça ?

Et pourquoi diable je ne voudrais pas divorcer d'un adultère ? Dans quel monde devrais-je rester alors que tu avais déjà une famille en dehors de notre mariage ?

-            Donne-moi les papiers.

-            Tu n'as aucun emploi. Comment vas-tu t'en sortir ?

Je préfèrerais retourner chez ma mère en la suppliant ou aller rester quelques jours chez une amie que de rester encore mariée à ce type.

Lorsque je l'ai rencontré, cinq ans plus tôt, il avait été si charmant. Il était attentionné avec moi, considérant, drôle, mais surtout, gentil. Il m'avait rencontrée alors que terminais mon baccalauréat, lorsque j'étais impatiente de goûter à la vie d'adulte, de quitter chez mes parents et m'a vendu du rêve. Il m'a promis que nous allions voyager ensemble, visiter autant de pays que l'on voulait, qu'ensemble, nous allions rendre jaloux ces gens qui me méprisaient pour ma timidité, que nous allions former une famille. Il m'avait fait tant de promesses présidentielles. Je les appelais promesses présidentielles parce que nous savions très bien que les promesses faites lors d'élections n'étaient presque jamais pas respectées.

La première année de notre relation avait été magique, je n'allais pas mentir. Moi qui n'avais jamais été dans une relation parce que je voulais me concentrer sur mes études avais été époustouflée. Il pouvait venir me récupérer de mon stage à moto, me promenait un peu avant de m'apporter au restaurant, me couvrir de compliments, me racontait des blagues, me caressait la main d'une telle tendresse et son regard... oh ! Ses orbes gris me disaient tellement qu'ils ne voyaient que moi ! Mais une fois le mariage arrivé, tout avait changé. Tout avait changé lorsqu'il a commencé à vouloir m'isoler. Premièrement, il a pris la décision de déménager et n'a pas voulu entendre mon avis. Résultat, je vivais à cinq heures de ma ville natale, de mes amis, ma famille. J'avais donc dû abandonner mon emploi pour suivre mon mari. Son argument était qu'il avait trouvé un emploi amplement suffisant pour s'occuper de nous, de nous offrir un bel appartement à Toronto et nous permettre de voyager sans problème. Toutefois, mon désir de travailler était là, alors, en arrivant à Toronto, je lui ai dis vouloir trouver un emploi. Il n'avait pas voulu au début, mais avait fini par acquiescer. 

Étrangement, malgré l'immensité de cette ville, malgré toutes les annonces de recherches d'emploi, jamais je n'avais pu être engagée, même un an après. Donc à 22 ans, après un an de recherche d'emploi, j'avais fini par accepter ce qu'il voulait au début, c'est-à-dire, rester à la maison et être femme au foyer.

Telle une rose sous la tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant