1. Maxine

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Voilà, c'est une nouvelle année qui commence à Baker Hall Academy. Si d'habitude, j'ai hâte de reprendre les cours et de revoir mes amis, aujourd'hui je n'ai pas le cœur à m'amuser.

Je préfèrerais être chez moi, en Idaho, à tenir compagnie à ma mère plutôt qu'à courir après les clés de mon dortoir.

— Max ! m'interpelle Isabella, à l'autre bout du couloir.

Je me retourne, lui ouvrant grand les bras afin qu'elle me serre fort contre elle.

Même si je souhaiterai me trouver à des kilomètres d'ici, j'apprécie le contact de ma meilleure amie. J'aime le réconfort que sa présence m'apporte.

Isabella est comme un pansement. Elle ne répare pas mon cœur en vrac, mais l'apaise au moins un peu par son rire et son affection.

— Toutes mes condoléances, chuchote-t-elle en se détachant de moi.

Je lui offre un de ces sourires qui se veulent rassurants alors qu'au fond, je sens bien que ça ne va pas.

— Tu me l'as déjà dit, Bella.

Elle hoche doucement la tête, une lueur triste traverse ses jolis yeux bleus.

— Je sais, mais...

Je baisse le regard, incapable de la fixer plus longtemps.

— Et sinon, tes vacances, c'était comment ? tenté-je de détourner l'attention.

Malheureusement, ça ne fonctionne pas.

— Tu peux pleurer sur mon épaule, d'accord ? N'importe quand et à n'importe quelle heure, ok ? On peut même se la mettre minable, si t'en as besoin !

Elle me saisit la main, la secouant légèrement, cherchant une réaction de ma part.

C'est vrai que j'aimerai oublier, seulement trainer dans les bars ne nous ressemble pas, surtout que ni Isabella ni moi n'avons l'âge légal pour commander de l'alcool. Aussi con que ça puisse paraître, on n'a pas pensé à s'acheter des fausses cartes d'identité. En même temps, on s'amuse en se levant tôt afin de s'épuiser dans des randonnées interminables alors, jusqu'ici on n'en avait pas vraiment l'utilité...

— Je viens de passer deux mois à chialer non-stop, je crois que j'ai écoulé mon stock de larmes, rétorqué-je sur le ton de l'humour.

Pourtant, à l'intérieur de moi, c'est douloureux parce que j'ai encore envie de me laisser submerger par les sanglots.

Consciente que je mens, Isabella insiste :

— Tu ne reverras plus ton père, c'est normal que le chagrin te dévore. Sache que tu n'es pas seule. Au moindre de tes coups de fil, j'arrive, ok ?

J'acquiesce, à la fois soulagée qu'elle soit enfin près de moi et pressée de me calfeutrer dans ma chambre. En ce moment, j'apprécie difficilement la compagnie.

Dans un souffle, je la remercie.

Depuis que le cancer a enlevé mon père, j'ai l'impression de flotter sans jamais toucher terre. Il y a cette vague qui m'emporte dès que son parfum m'envahit les narines ou qu'inconsciemment je contemple une de nos nombreuses photos ensemble.

Dès qu'on prononce son prénom, je me retiens de hurler à l'injustice.

Je ne comprends pas pourquoi cette foutue maladie l'a choisi lui. Pourquoi elle n'a pas préféré ronger un meurtrier plutôt que cet homme aux sages conseils et à l'âme noble. Pourquoi je n'ai plus le droit de partager mes petits-déjeuners avec lui...

La vie me l'a arraché. D'abord à l'annonce du cancer, puis pendant sa chimio, et pour terminer, au début de l'été quand ses paupières se sont fermées pour ne plus jamais se rouvrir.

Baker Hall AcademyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant