Sur la route

67 8 7
                                    

Après encore plusieurs heures de route, je décida de m'arrêter dans un petit village pour la nuit. J'avais emmené avec moi une couette et un oreiller, ainsi que ce qu'il fallait pour cacher les vitres côté intérieur. Je ne voulais pas passer la nuit dans un hôtel, mais dans ma voiture. Au calme, seule.
Je voulais prendre le temps de lire la lettre de Ty. Je m'étais arrêtée à la sortie du village au bord d'un magnifique lac, quelques cochonneries à grignoter, et une bouteille de soda. Avant d'aller dormir, je décida de m'installer à l'air libre un moment.
J'avais mis un bas de survêtement, mon sweet noir à capuche, et je m'étais créé un lit de fortune sur la remorque arrière du pickup. Affalée à l'arrière avec mon oreiller et ma couette, je décidais d'ouvrir la lettre :

« Mya, je sais qu'à mon réveil tu seras déjà partie. Je te connais depuis assez longtemps pour savoir que tu détestes les au revoir.. et encore plus les adieux.
Je ne te retiendrai pas, j'ai compris que si tu restais, tu t'enfoncerais encore plus profondément dans cette dépression, et il est hors de question de te voir continuer à dépérir... parce que oui, c'est le mot.
Je sais qu'il y a 12 ans, la mort de Mel t'as beaucoup affectée. Ensuite il y a quelques temps, tu découvres ton père pour le perdre tragiquement.. Je ne peux pas me mettre à ta place. Et je ne peux pas t'en vouloir non plus.
Je ne peux pas te promettre de t'attendre éternellement... Mais pour l'instant, je suis là. Et tu pourras compter sur moi à jamais. Tu resteras pour toujours mon grand amour. Je te souhaite de guérir de tes blessures. Je te souhaite de reprendre ta vie en main, et d'être à nouveau cette personne rayonnante, cette personne forte qui n'a peur de rien.
Mya, je t'aime. N'en doute jamais. Et s'il te plaît, reviens moi. Prends le temps qu'il te faut. Mais reviens, car ta place est à mes côtés. Je veux faire de toi ma femme.
Ne me laisse pas sans nouvelles, je te promets de ne pas insister, mais envoie moi juste quelques messagese pour me dire que tu vas bien.
À jamais
Tyler»

Les larmes coulaient sur mes joues. J'ai cru ne plus jamais pouvoir m'arrêter.. Le quitter me brisait le cœur, mais rester aurait détruit le sien.

Je n'étais pas prête à entraîner qui que ce soit dans ma chute, et Ty encore moins.
Il me restait encore une chose à faire ce soir... appeler ma mère. Je l'aurais bien affronter de face, mais ça aurait voulu dire revenir sur mes pas et il en était hors de question. J'avais trop peur de changer d'avis et de rentrer...

J'ai tenté de l'appeler deux fois, sans succès.
Je décida d'envoyer un message à Ty, je ne voulais pas qu'il s'inquiète d'avantage.

«Coucou, j'ai lu ta lettre. Je ne sais pas quoi te répondre. De ton côté tu as du lire la mienne... comme je te l'ai dit, ne m'attends pas. Je suis à la sortie d'un petit village au bord d'un lac dans l'Hérault. Ne t'inquiète pas pour moi. J'espère que tu remonteras vite la pente.

Tendrement Mya»

On dit qu'on a le cœur brisé. La vérité, c'est que le cœur est un muscle, il ne peut pas se briser. Pour autant, est ce qu'il peut subir assez de dégâts pour ne plus jamais pouvoir aimer ?
Et si Ty ne s'en remettait jamais ? Si à cause de moi il n'étais plus jamais capable d'aimer.. je sentais la fatigue me gagnait, et je récupérais ma couette et mon oreiller, et me glissa dans le pick up. Le lendemain, j'avais prévu de traîner un peu, de visiter le village puis de ne reprendre la route qu'en fin de journée, rouler environ 2h puis m'arrêter à nouveau.

La sonnerie incessante de mon téléphone me sortit du sommeil. Je regardais l'écran. «Maman»

Je soufflais, et reposa le téléphone je la rappellerai une fois bien réveillée.

Une sonnerie, deux sonneries...
«Ma chérie ! Je suis désolée d'avoir louper ton appel hier ! Comment tu vas ? "
Elle avait un ton enjoué comme à son habitude... mais je n'avais pas le cœur à avoir une conversation légère...
"Ça va. Et toi ?
-Très bien ! Quand est ce que tu passes à la maison ?
-Maman, j'ai quitté la région pour une durée indéterminée.
-Ah bon mais tu ne m'a pas prévenue, et l'appartement ?
-J'ai également quitté Ty. J'avais besoin de prendre du recul. De prendre l'air.
-Mais enfin ! Tu ne peux pas tout quitter comme ça ! Ton travail, ta vie, tout ça sur un coup de tête ! Je te pensais plus réfléchie que ça !
-Maman ! Je ne vais pas bien ! Depuis la perte de papa je ne remonte pas la pente je chute de plus en plus sans réussir à me rattraper.
-Écoute, j'entends que sa soit compliqué, mais ça fais six mois. Tu dois tourner la page.
-Dis moi la vérité. Est ce que tu m'as tout dit concernant papa ? Est ce qu'il y a encore des choses que je ne sais pas ? "
Je voulais que ça vienne d'elle, je lui laissais une dernière chance de tout me dire.

"Comment ça ? Oui je pense que tu sais tout. C'était il y a longtemps, j'ai peut être oublié des petites choses mais rien d'important.
-Tu es sûre ?
-Tu ne me poses pas cette question pour rien. Ce qui veux dire que tu es déjà au courant. La question c'est, comment ?"
Mon cœur déjà fragile rata un battement.. La crise d'angoisse me guettait et là j'étais seule pour l'affronter et je ne m'en sentais pas capable.. Alors je raccrochais. La tête commençait à tourner, et je décida de sortir de la voiture pour prendre l'air...
Inspire, expire, inspi... La sonnerie de mon téléphone retentit. Je pensais que c'était ma mère, je regardais l'écran, et le prénom de Jaxon étais affiché.
Perplexe je répondis tout de suite.

« -Salut désolé de te déranger. Kélya voulait à tout prix te parler.
Allo ? Tu m'entends ?"

La crise d'angoisse étais incontrôlable... Je n'arrivais pas à parler, et à l'autre bout du fil il ne devait qu'entendre ma respiration saccadée...
"Mya est ce que ça va ?! C'est encore une crise d'angoisse ? Concentre toi sur ma voix, tu vas respirer en même temps que moi et compter dans ta tête entre chaque inspiration. Aller ça va aller. Inspire, 1 expire, inspire 2 expire... "
On a compter jusqu'à 30.. Mais il a réussi à m'aider à reprendre mon souffle. J'ai pas eu le temps de réagir que sa colère a éclatée dans le téléphone.
"Mais c'est quoi ce bordel ! Tu passes ta vie à faire des crises d'angoisse mais tu pars seule à l'aventure ! Tu es irresponsable et irréfléchie !
Il va peut être falloir penser à réfléchir avant d'agir !»
Il avait hurlé sa dernière phrase avant de me raccrocher au nez.
Je restais là, complètement paumée après ce qu'il venait de se passer.
Il n'y avait absolument rien de logique dans son comportement. Son passe temps favori ? Souffler le chaud et le froid d'une seconde à l'autre.
Cela dit, avait-il vraiment tord ?

10 jours s'étaient écoulés depuis mon départ du sud, et j'arrivais enfin en Bretagne.

J'avais prévenu Fab de mon arrivée et il ne serait là que le lendemain. J'allais faire la connaissance de sa femme et de sa fille. Pas très à l'aise de débarquer comme ça, mais bon, il m'a certifié qu'on m'attendait avec impatience.

Je sonnais à l'énorme porte en bois de la petite maison. Le terrain qui entourait la maison est immense, de la forêt à perte de vue. Quel bonheur, je savais que j'allais pouvoir aller courir et me promener souvent.

Une petite femme menue d'une cinquantaine d'années, blonde aux cheveux bouclés, venait d'ouvrir la porte.

"Bonjour tu dois être Mya ! Je suis Christine. Enchantée. Entre, Alexia ne va pas tarder à arriver.
-Bonjour. Merci c'est gentil. Mya enchantée. "
Je pénétrais dans la maison. Elle était sombre et vieillotte. Un genre de maison de bûcheron.
"Viens, je vais te montrer ta chambre. Prends le temps de t'installer, on fera connaissance plus tard si tu veux.

Elle paraissait plutôt froide et fermée. D'un autre côté, j'étais là pour travailler et me concentrer sur ma santé mentale qui partait de plus en plus dans tous les sens...

La chambre était petite, très petite. Un lit une place, un bureau, et une commode. Rien de plus. Je posais mes premiers sacs et descendais à la voiture chercher ma valise, la couette, et mon oreiller qui ne serais pas de trop afin de rendre la chambre un peu plus douillette.
Je commençais à me demander où j'avais mis les pieds... Pas que je sois superficielle, loin de la, mais un minimum de confort.

J'installais mes affaires dans la commode, et quelques petites choses par ci par là, histoire de me sentir chez moi. La chaleur était lourde dans la pièce, je décidais alors d'ouvrir la fenêtre. Elle donnait sur le jardin à l'avant de la maison.
Une BMW était en trains de se garer. C'était une classe A 45AMG qui faisait plutôt tâche dans le décor. Une grande blonde élancée perchée sur des talons hauts, était en train d'en sortir. Par pitié. Dites moi qu'il ne s'agissait pas d'Alexia...

Until the very endOù les histoires vivent. Découvrez maintenant