In bocca al lupo

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Pour entamer cette fic, on y va en douceur... je vous propose des musiques pour avoir le mood du chapitre : 

A Rush of Blood to the Head ~ Coldplay

Everglow ~ Coldplay

 ⁠End of Beginning ~ DECIDE

 Dear Reader ~ Taylor Swift

Closer  ~ Kings of Leon

Je vous conseille de les écouter dans l'ordre mais après chacun est libre 😇

J'espère que ça vous plaira, bonne lecture 🫶🏻


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Lundi 08 juillet 2024, 11h - L'Elysée

Gabriel scrutait le bord du tapis pourpre qui garnissait le sol de l'Elysée. Il méritait un coup de propre, peut-être même un rafistolage, car les franges dorées commençaient à s'effilocher.

S'effilocher ?

C'était l'adjectif parfait pour décrire aussi bien cet ornement devenu obsolète que les cinq derniers mois de sa vie. Il se sentait aussi effiloché que ces pauvres dorures en laine fine.

- Gabriel ?

Le premier ministre releva brusquement la tête vers la voix puissante de son Président. Emmanuel l'attendait devant le seuil de son bureau, les traits tirés, presque autant que son costume autour de ses épaules.

Le temps était venu de prendre ses responsabilités et de présenter sa démission. Les français avaient été très clairs. Ils ne voulaient plus de lui et, bien que cela le peine, il devait se rendre à l'évidence. Il avait perdu.

Tant d'années à travailler, toujours plus dur pour faire valoir ses idées, pour promouvoir sa vision, pour aider son pays... pour ce poste si convoité. Tout cet investissement parti en fumée en seulement quelques mois.

Alors qu'il se levait du banc au bout du couloir de l'Elysée, le vingt-sixième Premier Ministre de la Vème République française prenait conscience de la versatilité du poste qui l'honorait. Il prit une grande inspiration et s'avança d'un pas solennel vers son Président, prêt à faire ce qu'il fallait pour son pays. La lettre dans ses doigts pesait plus lourd que tous les papiers qu'il avait pu tenir.

Lorsqu'il perçu la gravité du regard d'Emmanuel, son esprit le ramena à cet instant inoubliable de sa vie, quand ce même homme lui avait offert sa confiance pour mener à bien leur projet, tant sur le plan national qu'européen.

L'échec était cuisant sur les deux tableaux.

Le film se rejouait sens cesse dans sa tête, qu'il dorme ou qu'il veille, expliquant peut-être son visage abimé par la fatigue. Les élections européennes, une campagne longue et fastidieuse, l'annonce de la dissolution, une nouvelle campagne à mener, plus courte, trop courte, des débats infinis et enfin des résultats plus qu'éclectiques. Absolument rien ne s'était déroulé comme dans ses plans.

Qu'avait-il manqué ? Qu'aurait-il dû changer ?

La poignée de main avec son Président l'empêcha d'approfondir ses incessantes remises en question. Il fallait rester digne, accepter la défaite, et faire face à ce qui allait suivre. Depuis qu'il était premier ministre, ce n'était pas la première qu'il essuyait et pourtant, c'était toujours aussi douloureux de reconnaitre qu'il n'était finalement peut-être pas fait pour le job.

Victoire des cœurs (Bardattal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant